• mar. Oct 8th, 2024

En Israël, l’arbre est aussi un outil colonial, par Aïda Delpuech (Le Monde diplomatique, octobre 2024)

ByVeritatis

Oct 8, 2024


En ce matin de janvier 2022, le vent du désert du Néguev, dans le sud d’Israël, s’est levé, accompagnant la petite centaine de Bédouins rassemblés pour clamer leur colère. Depuis des décennies, cette minorité parmi les plus marginalisées du pays dénonce l’accaparement violent de ses terres ancestrales par l’État israélien. Aux racines de ce soulèvement, un projet — aujourd’hui avorté — de plantation d’arbres, mené par le Fonds national juif (FNJ), organisme privé qui gère la majeure partie des forêts en Israël. « Ils sont arrivés un matin au village de Sa’wa, et ont commencé à planter des arbres au milieu des habitations, pour y établir une forêt. C’était insensé », se souvient M. Khalil Al-Amour, avocat et militant pour les droits des villages bédouins du Néguev. M. Itamar Ben Gvir, aujourd’hui ministre de la sécurité nationale d’extrême droite, s’était rendu sur place en personne pour soutenir l’initiative et planter des arbres aux abords du village.

« Ce projet de boisement est un cancer qu’ils veulent injecter dans nos corps », s’était écrié M. Attia Al-Asam, président du Conseil régional des villages non reconnus du Néguev (RCUV). Violemment réprimées par la police israélienne, ces manifestations s’inscrivent dans la lignée d’une longue lutte contre la politique d’éviction des populations bédouines palestiniennes et d’accaparement de leurs terres, que l’État israélien justifie au nom de la lutte contre la désertification. « À chaque fois qu’une famille bédouine est expulsée de ses terres, ils viennent planter des arbres dès le lendemain », précise M. Al-Amour.

À quelques kilomètres de Sa’wa, le village bédouin « non reconnu » par Israël Umm Al-Hiran est lui aussi menacé de démantèlement depuis 2003, date à laquelle le Conseil national de la planification et de la construction israélien a approuvé la création d’une colonie juive à ce même endroit. Aux abords de cette localité d’à peine sept cents habitants s’étendent les coteaux de Yatir, la plus grande forêt plantée d’Israël, nommée d’après « une ville (…)

Taille de l’article complet : 2 501 mots.

Cet article est réservé aux abonnés

Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises,
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.



Source link

Laisser un commentaire