• mar. Oct 8th, 2024

François Mitterrand, ce faux « décolonisateur », par Thomas Deltombe (Le Monde diplomatique, octobre 2024)

ByVeritatis

Oct 8, 2024


On reste stupéfait, en consultant les archives, de l’habileté avec laquelle François Mitterrand a toute sa vie su maquiller son passé. Il a fallu des années, voire des décennies, pour faire la lumière sur ce qu’il a tenté de dissimuler, depuis sa jeunesse nationaliste dans les années 1930 jusqu’à sa responsabilité dans le génocide des Tutsis du Rwanda dans les années 1990, en passant par sa double vie familiale, sa fille cachée ou son cancer.

Il reste néanmoins dans le parcours de l’ancien président de la République une étape étrangement occultée qu’une foule de documents encore inexplorés permettent aujourd’hui de mieux cerner : sa carrière politique sous la IVe République.

Certes, les grandes lignes de cette carrière sont connues. Les biographes ont souligné l’ambition dévorante du jeune député de la Nièvre, membre de pas moins de onze gouvernements entre 1947 et 1957. Et les historiens ont étudié son attitude pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), comme ministre de l’intérieur de Pierre Mendès France (1954-1955), puis garde des sceaux de Guy Mollet (1956-1957). Nul n’ignore sans doute sa fameuse réplique : « L’Algérie, c’est la France ! »

Cette carrière demeure cependant mal connue car Mitterrand est parvenu, avec un incroyable succès, à camoufler la nature profonde de sa politique au cours de cette période cruciale, marquée par la poussée des revendications politiques et sociales des peuples colonisés. Cherchant dans les décennies suivantes à se donner une image d’authentique homme de gauche, l’ancien ministre, devenu opposant antigaulliste, s’est fabriqué une légende rétrospective : celle d’un opiniâtre « décolonisateur ».

Le cœur de cette mystification repose sur le récit trompeur que l’ancien président a donné de son passage au ministère de la France d’outre-mer en 1950-1951. Ainsi va la légende : dès son arrivée rue Oudinot, épicentre de la politique africaine de la France, le jeune ministre aurait réussi un remarquable coup politique en convainquant Félix Houphouët-Boigny, alors (…)

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