« Pétage de plombs en direct », « foutage de gueule », « caca nerveux » ou « nouvelle manifestation incontrôlée de la colère psychédélique qui l’habite d’être dûment profondément haï par le peuple », appelez ça comme vous voulez. Mais, avec seulement 3 % qui pensent qu’il mène le pays dans la bonne direction, il y a de quoi être en « colère ». Colère, en Macronistan, s’écrit « jouissance » dans la capture du vocabulaire et de l’inversion de leur sens qui y règne. D’ailleurs le titre aurait dû être « Macron Joyeux » afin de m’attirer les grâces du méprisant de la République, et ainsi correspondre aux critères de recrutement qui consacrent le mensonge au rang de vérité et la méchanceté à celui de plaisir dans la démonstration de la maltraitance institutionnalisée opérée envers nos concitoyens.
Ce à quoi nous avons assisté le 17 octobre 2024 est une énième utilisation de « sa botte secrète » : l’inversion accusatoire opérée, pour tous les maux publics dont il se plaint. Entre la victime qu’il prétend être d’un problème à l’origine qu’il a lui-même créé, et les personnes qu’il accuse ensuite fallacieusement d’être responsables d’une situation qui lui porte préjudice, à lui, dans l’exercice de ses fonctions de garant du bon fonctionnement des institutions, de la cohésion sociale et de la sérénité des débats publics. Et, ceci, qui plus est, pour pouvoir ainsi, en outre, enrober frauduleusement le tout dans la pleurniche insupportable à laquelle il recourt pareillement de manière systématique. Insupportable, car absolument indigne d’un chef d’État. À plus forte raison de la part de celui qui a déclaré, en 2017, le soir de son élection, qu’il allait redonner à la fonction de président de la République, la solennité qu’elle avait perdue. Combien sont d’ailleurs tombés dans le piège et ont cru le Majax de la politique française qui est plus prompt à faire disparaitre les milliards d’euros qu’à créer les conditions de la confiance.
Voici ce à quoi on a assisté lors de la conférence de presse qu’Emmanuel Macron a donnée, à Bruxelles, jeudi 17 octobre 2024, après la réunion du Conseil européen à laquelle il a participé : l’engueulade que « Môôssieuh » a passée aux journalistes, « grincheux » qu’il est, parce que ceux-ci ont relayé des propos que (comme à son habitude ?), il avait délibérément « fait fuiter » dans la presse. À savoir, d’une part pour pouvoir ramener sur lui l’attention médiatique nationale et internationale, d’autre part pour, par ce biais, mettre sous le tapis les mesures d’austérité que son Premier Ministre veut imposer aux Français (mais pas à lui-même) pour remédier à une situation économique catastrophique de la France, dont il est le principal responsable, et, enfin, pour pouvoir ainsi éluder du débat politique, les problèmes (rattachés à cette situation économique catastrophique et autres) qui préoccupent véritablement les Français, et dont il est également le principal responsable.
Oui. À cette occasion, c’est en ces mots qu’Emmanuel est revenu sur la polémique autour des propos sur la création de l’État d’Israël (« Monsieur Netenyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU. ») qui lui ont été attribués dans la presse. Des propos qu’il affirme n’avoir « pas tenus », mais qui, dit-il, « avaient vocation à demeurer privés », et ajoute qu’ils ont été « sortis de leur contexte », puis abondamment commentés à la télévision et à la radio (ça, c’est vrai) :
« Je voudrais me permettre, en commençant cette conférence de presse, de rappeler quelques règles. Il y a chaque semaine des conseils des ministres. Les conseils des ministres sont rapportés à la presse par la porte-parole du gouvernement et par un communiqué. Pour le reste, il appartient à chacun des participants à ce conseil, de se montrer respectueux des règles et de ses fonctions, par éthique, par discipline personnelle, pour ne pas faire circuler des informations fausses, tronquées ou sorties de leur contexte. Et il appartient aussi aux journalistes et aux commentateurs, de traiter les rumeurs et les propos rapportés, avec les précautions qui s’imposent. (…) Je ne vais pas me mettre à faire des démentis sur des propos qui sont sortis de leur contexte et qui n’avaient pas vocation à être rendus publics. Et je ne pense pas deux choses différentes. Ce que je pense, la position de la France, c’est ce que je vous ai dit. Et là où c’est grave, c’est de sortir des propos de leur contexte, de les déformer, et après vouloir qu’il y ait une réaction. Le travail de mes équipes n’est pas de faire des démentis sur des propos que j’aurais tenus dans telle ou telle réunion. Parce que ce ne sont pas des propos qui ont vocation à être des propos publics. Sinon je ne fais plus de propos publics. Et jamais ! C’est ça la déontologie collective. C’est la déontologie des ministres et c’est aussi la vôtre. Et donc je veux bien que vous recoupiez. Mais vous ne recoupez pas ce qu’il y a avant, ce qu’il y a après et la précision avec laquelle je m’exprime, comme je l’ai fait aujourd’hui devant vous. Et sinon on rentre dans un système qui est impossible, où je passe ma vie à faire des démentis sur ce que vous écrivez. Et regardez aussi la pratique qui est la vôtre ces dernières années, qui consiste à mettre entre guillemets des propos après un conditionnel. Si ça c’est du journalisme, on ne fait plus de conférences de presse, on ne fait plus de questions/réponses. Parce qu’à ce moment-là il suffit que des gens vous répètent ce que je pense, et vous demandez si je confirme ou pas. Entre nous ? Donc honnêtement ça ne peut pas marcher. Je suis suffisamment disponible, et je réponds suffisamment aux questions, pour qu’on ait des règles claires, et qui soient saines pour le débat public. Et après, quand je vois des gens faire des surréactions dans tous les sens, sur des propos sortis de leur contexte, et après en citant même des mots que je n’ai jamais prononcés. Franchement, c’est une pollution, et une espèce de dégradation du débat public. Voilà. Mais je ne vais pas rentrer dans un jeu « Je démens, je confirme. » Ça n’existe pas si ce n’est pas un propos que je tiens, de telle sorte à ce qu’il soit écrit ou dit devant vous. »
Mince ! Comme Alexandre Astier (« Le Roi Arthur » dans la série télévisée « Kaamelott »), le dit dans son spectacle « L’Exoconférence » : « Faut quand même avoir une sacrée paire de breloques pour la sortir celle-là, sans trembler du menton. »
Parce que c’est malgré tout cet individu qui s’est fendu des tirades qui ont le plus substantiellement participé à la dégradation du débat public :
« J’ai très envie d’emmerder les non-vaccinés. »
« Les gens qui ne sont rien. »
« S’ils cherchent un responsable, il est là devant vous : qu’ils viennent me chercher. »
« Alexandre Benalla n’a jamais été mon amant. »
« ça m’en touche une sans bouger l’autre. » (etc.)
C’est aussi lui qui a le plus intensément participé sept ans durant à la pollution de l’information dont monsieur se plaint aujourd’hui. Tant en abreuvant les médias de fake-news et de rumeurs tests, qu’en cachant la vérité aux Français. Notamment en maquillant les chiffres de sa politique économique qu’il a donnés au moment des élections européennes et législatives de cette année, faussant par là aussi l’authenticité du scrutin. 54 % des Français pensent que les comptes de la Nation ne sont pas sincères et qu’ils ont été maquillés par le gouvernement Macron.
Ce à quoi il faut ajouter les postures et attitudes indignes et insanes qu’il a eues en mondiovision, lors des événements sportifs où il s’est invité (coupe du monde de football 2022 et Jeux olympiques 2024), et la récupération politique incessante à laquelle il s’est livré à ces occasions.
C’est la raison pour laquelle, en plus de cet édito, je me suis fendu, moi, hier, d’un tweet dans lequel je renvoie l’arroseur arrosé devant le miroir, le reflet des saillies odieuses auxquelles il s’est livré. Un tweet en réponse aux commentaires de Louis Hausalter, journaliste, qui s’éveillait enfin : « Face à la presse jeudi, Emmanuel Macron a développé une conception du journalisme frôlant le soviétisme : « Si ce n’est pas dans le communiqué ou le compte rendu du porte-parole, ça n’existe pas. » Il faut dire qu’il est de bon ton de retourner casaque après avoir dument ignoré les nombreuses fausses vérités du président Macron comme celle de ces assertions scientifiques, toutes erronées, prononcées le 12 juillet 2021.
Et tout cela car bien des journalistes se sont couchés depuis des lustres, préférant la gamelle que le devoir d’informer. Ne soyez donc pas surpris comme je l’avais écrit “après @france_soir à qui le tour ?”
Avoir trahi les français en faisant des compromis à géométrie variable… https://t.co/ZC2CyljKnm
— Xavier Azalbert FreeSpeech 🇧🇷 🇫🇷 (@xazalbert) October 20, 2024
Rappelez-vous, « Sinon je ne fais plus de propos publics », nous a-t-il menacés, ce jeudi 17 octobre, nous les journalistes.
Excellente résolution, si, une fois n’est pas coutume, vous faites ce que vous avez promis de faire, « Honnêtement », ça nous arrangerait.
Voilà.
Et, Michel Audiard étant à l’excellence des dialogues à la française, l’équivalent de ce qu’Emmanuel Macron, lui, est dans le travestissement de la vérité, je termine cet édito sur cette tirade de son cru, livrée magistralement dans « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! » (film écrit et réalisé par le maître), par l’un des meilleurs « diseurs » d’Audiard, Bernard Blier :
« J’ai déjà vu des faux-culs, mais vous êtes une synthèse. »