Elevador de Santa Justa, Lisbonne, 1935. L’histoire commence par la fin. Par la mort de l’écrivain. Nécrologie par flash-back. Un écrivain identifié comme étant Fernando Pessoa, dissimulé sous des dizaines de noms, qui se cache comme un enfant apeuré, trop souvent touché par la mort de ses proches (1).
Perspectives de Lisbonne, parfois sans texte, qui s’offrent au regard : Nicolas Barral impose son dessin si fidèle aux architectures du passé. Marie Barral y met de la couleur. Des couleurs chaudes pour la pluie. Les mêmes que Sur un air de fado, son précédent album « portugais ». Ici, c’est Pessoa (1888-1935) qui est l’objet d’une enquête en fragments. Un fils de bonne famille, alcoolique intranquille au « flagrant délitre », qui voit dans l’armée une solution radicale pour son pays malade, une rédemption. Un petit homme discret, absent de sa propre vie. Créant des histoires pour d’autres personnages. Je est un autre. Pessoa est les autres. Entouré des papillons de l’alcool, il s’investit dans des mouvements poétiques éthérés, l’orphisme, le futurisme. Pessoa s’est encore dédoublé. Il crée des hétéronymes qui signent ses textes.
La pluie, le café, le restaurant dans un automne sans fin, le tramway et l’ascenseur, la ville est un beau décor autour du poète. Reste un ballon qu’on a jeté à la mer pour punir un enfant.