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Menacé, le train de l’Aubrac échappe à la fermeture


12 août 2024 à 09h56
Mis à jour le 13 août 2024 à 18h00

Durée de lecture : 4 minutes

Plus personne n’y croyait. Pourtant, la ligne des Causses, ou ligne de l’Aubrac, va pouvoir être sauvée. Depuis mars, le tronçon de 26 km le plus vétuste de la ligne, entre Neussargues (Cantal) et Saint-Chély-d’Apcher (Lozère), suit une cure de jouvence. La voie, âgée par endroits de presque un siècle, va être totalement renouvelée. Un chantier de 43 millions d’euros, financé à 91,5 % par l’État et 8,5 % par SNCF Réseau.

Pour l’instant, l’Intercités Aubrac est l’unique train de voyageurs à circuler sur ce segment essentiel de la ligne de Clermont-Ferrand à Béziers. C’est aussi le seul à parcourir la ligne de bout en bout. S’agissant d’un train d’équilibre du territoire (TET), « l’État doit plus participer sur l’Aubrac que sur les autres lignes », estimait en 2021 auprès de Reporterre Jean-Luc Gibelin, le vice-président aux transports de la région Occitanie. C’est donc chose faite. « Si ce tronçon n’avait pas été rénové, il aurait fermé, et le TET Aubrac aurait été supprimé », explique-t-il aujourd’hui.

La ligne de l’Aubrac.
© Gaëlle Sutton / Reporterre

Côté fret, un train approvisionne l’usine ArcelorMittal de Saint-Chély-d’Apcher en bobines d’acier, les coils, quatre fois par semaine. Le train est vital pour l’usine, poumon économique de la Lozère. La fermeture définitive de ce tronçon de ligne aurait condamné l’usine. L’approvisionnement par camions n’est pas viable à long terme.

Pourtant, rien n’était gagné. En mai 2023, le ministre des Transports, Clément Beaune, s’était montré « très pessimiste », explique Patricia Rochès, maire de Coren et présidente de l’association Les Amis du viaduc de Garabit (Amiga). « Il m’avait dit qu’il fallait que nos régions financent, dit-elle. Mais il connaissait le dossier, on sentait que c’était un sujet tendu. Impossible de mettre en péril 250 ouvriers et un TET pour 26 kilomètres de voie non entretenus. »

La présence d’ArcelorMittal a donc été décisive… mais pas que. En 2021, plus de 200 collectivités faisaient pression sur le ministère en délibérant pour le maintien de la ligne. « Si le ministre était aussi au point sur le sujet, c’est que notre travail n’a pas servi à rien », estime Patricia Rochès.

« Nous sommes très satisfaits, se réjouit désormais Jean-Luc Gibelin, c’est un vrai bol d’air pour la ligne. » Le vice-président aux transports d’Occitanie l’assure : le chantier en cours « confirme la fin des travaux d’urgence sur la ligne ». Même « s’il reste du travail » sur d’autres tronçons, admet-il.

Lignes de TER rallongées ?

Les travaux en cours permettront de relever la vitesse des trains. « Ils ouvrent une nouvelle page pour la ligne de l’Aubrac », se félicite Patricia Rochès. Outre la remise en peinture du viaduc de Garabit, point d’orgue de la ligne, réalisé par Gustave Eiffel et qui fêtera ses 140 ans le 21 septembre, il est surtout question de la desserte.

Les rares TER de la région Occitanie stoppent à Saint-Chély. Seront-ils prolongés jusqu’à Neussargues, gare de correspondances vers Aurillac, Brive-la-Gaillarde et Clermont-Ferrand ? Jean-Luc Gibelin botte en touche. « C’est d’abord à la région Auvergne-Rhône-Alpes d’indiquer ce qu’elle décide comme offre », tempère-t-il.

L’Intercités Aubrac arrivant à Neussargues, en novembre 2019.
© Élie Ducos / Reporterre

La section de Saint-Chély à Neussargues est située majoritairement en Auvergne-Rhône-Alpes, qui a la main sur la desserte de TER — aujourd’hui inexistante. « Il faut que Saint-Flour soit raccordée au réseau de TER », appuie Stéphane Sautarel, sénateur LR du Cantal et président de la commission transports à la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Il plaide aussi pour le prolongement de l’Intercités de nuit Paris-Aurillac jusqu’à Saint-Flour, voire Saint-Chély-d’Apcher. « Il y a une ouverture du côté de la SNCF qui trouve cela pertinent, mais le ministère n’a encore rien validé », précise-t-il. La région Occitanie planche toujours sur un train de nuit tri-tranches pour Aurillac, Millau (via la ligne des Causses) et Alès.

Les travaux seront terminés le 31 octobre. Les associations d’usagers prévoient une journée de festivités à l’occasion de la réouverture de la ligne. Reste à savoir si les régions y feront rouler des trains.

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