• ven. Sep 20th, 2024

Tortues, serpents… En Grèce, ils sauvent les animaux des incendies


Varnavas (Grèce), reportage

Sous les pierres, dans les trous de terre, à l’intérieur des troncs d’arbres calcinés… Toutes les potentielles cachettes sont minutieusement scrutées par les 342 bénévoles ayant répondu à l’appel de deux associations environnementales, le 14 août à Varnavas, localité de la région athénienne. Objectif de la mission : retrouver les animaux ayant survécu aux incendies qui ont ravagé, dès le 11 août, au moins 10 000 hectares du nord-ouest de l’Attique.

Yannis et Despina, un jeune couple d’Athéniens, ne sont pas déçus de leur trouvaille : un tout jeune serpent platyceps esseulé, qui s’était désespérément entortillé sur la branche d’un arbre calciné. « Hier soir, chez nous, on était tellement tristes et impuissants devant ce qui se passait… On avait besoin de faire quelque chose, explique le couple. On s’est dit : “Si on arrive à sauver ne serait-ce qu’une seule âme dans cette forêt, on se sentira un tout petit peu mieux”. »

Mission accomplie pour le couple, car ce serpent de moins de 1 an n’aurait pas survécu dans ce bout de forêt réduit en cendres, sans eau ni nourriture. Comme tous les animaux retrouvés ce jour-là, le reptile sera récupéré par l’association Anima, qui veillera à le réhydrater, le nourrir puis le relâcher dans une zone non brulée, une fois les feux totalement maîtrisés.

Des tortues secourues par l’ONG Anima pendant les incendies.
Facebook/Anima

Au même moment se tient au-dessus des nombreux volontaires présents un ballet d’hélicoptères et de canadairs quadrillant toujours la région, en alerte autour des quelques foyers de feux dispersés restants.

« Le spectacle de ce paysage noirci me fend le cœur, raconte Nopi, qui a retrouvé aux côtés de sa fille de 17 ans une tortue réfugiée au fond d’un amas de pierres. Venir ici me semblait la moindre des choses. Cette action redonne de l’espoir. Voir tous ces gens, en particulier des jeunes, qui se soucient de ce qui se passe… On sent que les consciences s’éveillent génération après génération. »

23 tortues, 10 lézards…

Mises en place à l’initiative des associations grecques Anima et Save Your Hood, ces actions très organisées ont lieu ponctuellement après les nombreux feux de forêt qui frappent le pays chaque année. « Le but n’est pas uniquement de sauver des animaux. Il s’agit aussi de responsabiliser, conscientiser et permettre aux citoyens d’être actifs », souligne Vassilis Sfakianopoulos, fondateur de Save Your Hood.

L’association met aussi en place toute l’année des missions de ramassage de déchets en forêt et compte aujourd’hui plus de 50 000 adhérents. « Voir autant de personnes mobilisées cet après-midi, et même de nombreux sourires, donne de la force. Notre objectif est aussi de faire changer le regard des gens sur ce qu’ils peuvent faire, et qu’ils ne baissent jamais les bras. C’est une semence pour la suite, vers d’autres initiatives citoyennes. »

L’optimisme du trentenaire ne faiblit pas ce jour-là, même s’il a retrouvé dans la matinée un renard décédé, calciné par les flammes. « Vous imaginez la vitesse et la puissance du feu, si un animal aussi rapide n’a pas eu le temps de s’enfuir ? » Celui-ci sera inscrit, comme tous les animaux morts observés sur place, sur un registre central.

Ces lézards ont pu être sauvés des flammes.
Facebook/Anima

L’autre grand objectif de ces missions est en effet d’établir, grâce à la collaboration des nombreux volontaires, un registre de la faune disparue ou affectée. « Cela permet d’établir en termes de données quelle était la biodiversité existante dans cette zone et celle qui reste. C’est une chose que malheureusement les autorités ne font pas », regrette le fondateur de Save Your Hood.

L’ensemble des animaux sauvages secourus lors des grands incendies en Grèce sont aujourd’hui recueillis chez Anima, un des principaux centres d’accueil d’animaux sauvages lors d’incendies en Grèce. L’importance des travaux de l’organisation est telle que d’autres, comme le WWF Grèce, collaborent étroitement avec elle.

« Pendant longtemps, en Grèce, on s’est très peu soucié des animaux sauvages lors des incendies, alors qu’au moins plusieurs dizaines de milliers d’entre eux y meurent à chaque fois. Les choses évoluent grâce au travail de la société civile », explique Vassilis Sfakianopoulos.

Bilan de cette journée : 23 tortues, 4 platyceps, 10 lézards et 2 vipères secourues. De nombreux points d’eau et de nourriture ont par ailleurs été mis en place par les bénévoles dans les zones forestières. Plusieurs autres actions, organisées les prochains jours, permettront probablement de sauver plus d’une centaine d’animaux.

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