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Alger préfère Moscou, par Akram Belkaïd (Le Monde diplomatique, juillet 2023)

ByVeritatis

Août 26, 2024


Le 24 mars dernier, l’Algérie et la France tournaient officiellement la page de leur dernière querelle diplomatique en date. Lors d’un entretien téléphonique, les présidents algérien et français affirmaient avoir levé les « incompréhensions » provoquées par la fuite en Tunisie — le 3 février — puis par son rapatriement en France — le 6 du même mois — de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui. L’affaire avait provoqué le rappel pour consultation de l’ambassadeur algérien à Paris (1). Au printemps, elle était donc close et les deux capitales préparaient officiellement une visite officielle de M. Abdelmadjid Tebboune à Paris qui aurait symbolisé la bonne entente avec son homologue français. Promis, juré, assuraient les diplomates des deux camps, de nouveaux projets économiques communs ne manqueraient pas d’être annoncés. Trois mois plus tard, rien de tout cela ne s’est concrétisé et aucune date n’est avancée pour la visite du président algérien. Ce dernier s’est plutôt rendu à Moscou, où il a été reçu en grande pompe par M. Vladimir Poutine, avec à la clé la signature de plusieurs accords renouvelant le partenariat stratégique algéro-russe conclu en 2001. Avec ce déplacement, M. Tebboune adresse un message clair à l’Occident : son pays, comme tant d’autres du Sud, ne s’alignera pas sur la position de l’Europe et des États-Unis pour ce qui est du conflit en Ukraine (2). Autre message diplomatique implicite : l’Algérie endosse le rôle d’intermédiaire potentiel entre la Russie et ses contempteurs. C’est donc avec cet habit que M. Tebboune finira peut-être par se rendre en France. À moins que Paris ne provoque une nouvelle crise en se décidant à condamner la répression qui sévit contre toute voix critique en Algérie. Le 18 juin, la cour d’appel d’Alger aggravait ainsi la condamnation de M. Ihsane El Kadi, figure des médias indépendants, à sept ans de prison, dont cinq ans ferme, pour « financement étranger de son entreprise » de presse (cinq ans de prison, dont deux avec sursis, en première instance).



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