Vladimir Poutine : Eux-mêmes ils vont bientôt crever là-bas


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À l’issue du sommet de l’UEE à Minsk, Vladimir Poutine a répondu aux questions des journalistes russiens.

27 juin 2025, 17 h 45, Minsk

Question : Antone Vernitsky, Chaîne de télévision «Première».

Vladimir Vladimirovitch, pourriez-vous résumer la journée d’aujourd’hui ? Que s’est-il passé à huis clos, en particulier lors de la réunion restreinte avec vos collègues de l’UEE ? Quelles réunions bilatérales avez-vous eues, peut-être celles dont nous ne sommes pas encore informés ? Le mot «sanctions» a été prononcé à plusieurs reprises lors des discours. Dans quelle mesure les sanctions influencent-elles les activités de l’Union économique eurasienne ? Merci.

V. Poutine : En ce qui concerne les réunions bilatérales, une réunion vient de se terminer, elle s’est déroulée sans la presse, c’était une réunion de travail avec le président de l’Ouzbékistan [Chavkate Mirziïoïev]. Nous avons discuté de nos affaires courantes, des perspectives pour l’avenir proche, et nous avons synchronisé nos agendas concernant d’éventuels grands projets d’investissement communs. À mon avis, et selon Chavkate Mirziïoïev, tout cela est tout à fait réalisable. Il s’agit notamment de l’énergie, y compris éventuellement du domaine de l’énergie nucléaire, des projets d’infrastructure et de l’industrie métallurgique. En résumé, il s’agit de projets importants qui font l’objet de discussions entre nos gouvernements depuis un certain temps déjà, et nous nous rapprochons progressivement de leur mise en œuvre.

La deuxième rencontre a eu lieu avec le prince héritier des Émirats arabes unis. Nous avons également discuté de nos relations bilatérales actuelles et nous attendons avec impatience la visite du président des Émirats arabes unis en Russie.

Bien sûr, dans les deux cas, nous avons également discuté de la situation en Ukraine et au Moyen-Orient.

En ce qui concerne les résultats de notre réunion d’aujourd’hui, le sommet de l’UEE, nous sommes satisfaits des résultats et avons tiré certaines conclusions.

Le président de la Biélorussie l’a déjà dit, notre stratégie de développement, qui était prévue jusqu’à cette année, touche à sa fin. Nous réfléchissons à la manière d’organiser notre travail commun à l’avenir. Mais dans l’ensemble, nous ne pouvons qu’être satisfaits des résultats de notre travail. Ils nous satisfont tous. Pourquoi ? Parce que le principal indicateur intégral de l’efficacité des économies est le taux de croissance économique.

Chez nous, dans l’UEE, il est supérieur au taux mondial moyen. La croissance mondiale est de 3,3%, comme on le sait. En UEE, elle est supérieure à 4%, bien supérieure. Et dans certains pays, elle est nettement supérieure. Il y a des taux de 5%, voire presque 6%, à mon avis, certains s’en approchent. C’est donc en partie, et non des moindres, le résultat de notre travail commun, car son objectif est de supprimer les barrières commerciales et autres obstacles économiques à la coopération. Cela multiplie, sans exagération, les possibilités de croissance économique.

Et l’indicateur social du développement économique, c’est bien sûr le taux de chômage, le niveau de croissance des salaires réels, et c’est à peu près la même chose dans d’autres pays. Je vais parler de la Russie, où le taux de chômage est de 2,3%. C’est quand même l’un des indicateurs clés de ce qui se passe dans l’économie mondiale, et c’est à peu près la même chose dans nos autres pays.

Le deuxième indicateur très important est le niveau des investissements, qui est en augmentation chez nous. Et en Russie, malgré toutes nos difficultés bien connues, ce processus se poursuit.

Bien sûr, nous ne pouvons qu’être satisfaits de ce travail, mais il y a toujours, toujours des questions qui nécessitent une attention particulière. Nous avons discuté en petit comité des questions liées à la suppression des barrières dans le domaine des services. Eh bien, il y a ici des questions qui nécessitent une étude plus approfondie.

Il y a des choses liées à la signature électronique, c’est un domaine très important. Ce n’est pas une question formelle qui, si elle était introduite au niveau international, créerait également de bonnes conditions pour le développement de la coopération. Il y a également des questions que nous avons abordées aujourd’hui de manière générale, liées à la confirmation de la fiabilité, à la manière dont nous allons réglementer les sanctions en cas d’infractions, etc., afin que les acteurs économiques ne passent pas d’une juridiction à l’autre, mais agissent dans le cadre d’un espace économique uni.

Il n’y a là rien qui présente une quelconque difficulté d’ordre politique. Nous pensons tous qu’il faut suivre cette voie. Il s’agit avant tout d’une question juridique et technique. Il faut régler et finaliser ces questions au niveau des gouvernements. Nous avons convenu de nous y atteler dans les mois à venir.

La prochaine réunion sera de nature informelle, comme d’habitude, mais elle sera tout de même liée à des questions commerciales. La prochaine réunion se tiendra, comme le veut la tradition, à l’approche du Nouvel An à Saint-Pétersbourg.

Et les sanctions ? Oui. Honnêtement, nous en évoquons déjà de pure forme quelque chose, mais personne ne s’est vraiment penché sur la question.

Question : Bonjour, RIA Novosti. Si vous le permettez, j’ai une question sur un autre sujet, mais qui est aussi très important. Vous avez déjà mentionné que la question ukrainienne avait été abordée lors des derniers contacts bilatéraux.

Pourriez-vous nous dire où en est le processus de règlement de la question ukrainienne ? Plus précisément, quand aura lieu le troisième cycle de négociations entre la Russie et l’Ukraine ? Deux cycles ont déjà eu lieu à Istanbul. On sait également que les parties ont échangé leurs projets de mémorandum sur le règlement. Que pensez-vous du projet de la partie ukrainienne, du projet de Kiev ? Comment l’évaluez-vous ? Y a-t-il eu une réaction de Kiev au projet de mémorandum russien ?

V. Poutine : En ce qui concerne les mémorandums, comme prévu, il n’y a eu aucune surprise. Je n’ai rien d’inattendu à vous dire. Ce sont deux mémorandums diamétralement opposés, mais les négociations sont organisées et menées justement dans le but de trouver des points de convergence. Quant au fait qu’ils soient diamétralement opposés, cela ne me semble pas surprenant non plus. Je ne voudrais pas entrer dans les détails, car je considère qu’il n’est pas opportun, voire nuisible, de préjuger des négociations elles-mêmes.

Quant à ce qui a été fait à la suite des négociations, je pense que vous le voyez vous-mêmes. Aujourd’hui, je crois, un nouvel échange a eu lieu, hier ou aujourd’hui, je crois, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est important. Cette composante humanitaire a son importance, car elle crée les conditions, comme disent les diplomates, pour une discussion substantielle sur le fond du problème. Nous avons convenu de poursuivre les contacts après la fin des échanges et après l’action humanitaire que nous avons proposée, à savoir la remise des corps des militaires décédés. Nous avons déjà remis plus de 6000 corps et sommes prêts à en remettre près de 3000 autres, mais c’est à la partie ukrainienne d’accepter les corps de ses soldats décédés.

Nous avons convenu qu’une fois cette étape terminée, nous tiendrions un troisième cycle de négociations. Dans l’ensemble, nous y sommes prêts. Il faut convenir du lieu et de la date. Je compte sur le président de la République turque, Erdogan, pour maintenir sa position en faveur de ce processus. Nous lui en sommes très reconnaissants. Nous sommes prêts à organiser une telle réunion à Istanbul. Quant à la date précise, ce sont les chefs des groupes de négociation des deux parties – qui, soit dit en passant, sont en contact permanent, en contact opérationnel les uns avec les autres, s’appellent constamment, ce qui, à mon avis, est déjà une bonne chose – qui sont en train de se mettre d’accord sur la date de la prochaine réunion. Et quel en sera le sujet ? À mon avis, le sujet devrait être la discussion des mémorandums des deux parties.

Je vous en prie.

Question : Bonjour ! Pavel Zaroubine, chaîne de télévision «Russie».

Vous et vos collègues venez d’achever le sommet de l’Union eurasienne. Et les anciens partenaires viennent d’achever le sommet de l’OTAN, où il a été décidé d’augmenter les dépenses de défense à 5% du PIB. D’une manière générale, l’Europe est le théâtre d’une vague de voix appelant à la militarisation, et cette position si agressive de l’Europe est tout à fait nouvelle dans l’histoire contemporaine. Comment évaluez-vous ce qui se passe ?

V. Poutine : Tout d’abord, la soi-disant communauté occidentale, l’Occident collectif, si l’on peut encore en général traiter ceci de collectif aujourd’hui, mais néanmoins, tout est bouleversé. Pourquoi ? Parce que la croissance des dépenses militaires et la fièvre militariste dont vous venez de parler reposent toutes deux sur une seule thèse : l’agressivité de la Russie. Or, c’est exactement le contraire.

En effet, toutes ces réflexions trouvent leur point de départ en 2022, avec le début de l’opération militaire spéciale. Et comment nous sommes-nous approchés, comment nous nous sommes tous approchés de cette opération militaire spéciale, personne n’en dit mot. Et par quoi tout a-t-il commencé ? Par le fait qu’on nous a trompés, grossièrement trompés, comme on dit chez nous, «jobardés» simplement au sujet de la non-expansion de l’OTAN vers l’est. Pourtant tout le monde sait que la Russie avait reçu la promesse que l’OTAN ne s’étendrait pas d’un pouce vers l’est. Et ensuite, il y a eu des vagues d’élargissement, l’une après l’autre.

De quoi avons-nous parlé tout ce temps ? Que la sécurité d’un pays ou d’un groupe de pays ne peut être assurée au détriment de la sécurité d’un autre, comme le stipulent les documents internationaux qui ont été approuvés par tous. Que s’est-il passé dans la pratique ? Une vague d’élargissement après l’autre. Et on nous a toujours dit : «Vous ne devez rien craindre, cela ne vous menace pas».

Et quand nous avons répondu que nous pensions que cela nous menaçait, que nous a-t-on répondu ? Mais rien du tout. On nous a simplement rembarrés avec notre opinion, et personne n’en a tenu compte ni n’a voulu en tenir compte.

Mais nous savons mieux que quiconque ce qui nous menace et ce qui ne nous menace pas. C’est notre droit de déterminer notre degré de sécurité et le niveau des menaces qui peuvent nous approcher d’un côté ou de l’autre. Mais personne ne nous écoutait, et tout le monde allait dans cette direction.

N’est-ce pas là un comportement agressif ? C’est bien un comportement agressif, auquel l’Occident ne veut pas prêter attention.

La même chose s’est produite dans notre pays, lorsque l’Occident dans son ensemble a soutenu le séparatisme dans notre pays comme le terrorisme en tant que moyen de lutte contre la Russie. Personne ne voulait prêter attention à un certain Daech, s’il opérait en Russie, aux explosions à Moscou et à tout ce qui se passe ces derniers temps. Et personne ne veut y prêter attention. Tout est acquiescé tant que c’est contre la Russie. Est-ce que nous n’avons pas vu cela ?

Et là-bas, ils voient et comprennent très bien tout cela, mais ils parlent d’autre chose, ils parlent de notre agressivité. Regardez-vous vous-mêmes. Nous avons un bon dicton : on voit la paille dans l’œil de son voisin, mais on ne veut pas voir la poutre dans le sien. Et que se passe-t-il ? Sur fond de cette rhétorique sur la prétendue agressivité de la Russie, on commence à parler de la nécessité de s’armer. Et bien, qu’ils s’arment.

Examinons la structure de ces dépenses, la structure de ces armements. Comme je l’ai dit dans la première partie, nous considérons que la référence à l’agressivité de la Russie est absolument infondée. Ce n’est pas nous qui sommes agressifs, mais ce soi-disant Occident collectif.

La même chose se d’ailleurs produisait en Ukraine. Et alors ? Comment qualifier ce qui s’est passé à la suite du coup d’État soutenu par l’Occident collectif ?

Ils sont d’abord venus, ont signé des garanties entre le président, le pouvoir présidentiel et l’opposition, puis, quelques jours plus tard, ils ont organisé un coup d’État, l’ont soutenu, ont payé pour cela et l’ont publiquement avoué. Et ensuite, ils ont commencé à dire que la Russie se comportait de manière agressive. Qu’est-ce que cela signifie ? Sont-ils eux-mêmes idiots ou nous prennent-ils pour des imbéciles ?

Ensuite, nous savons tous ce qui s’est passé dans le Donbass pendant huit ans. Huit ans d’une guerre sanglante contre une population civile, en fait. Et pendant huit ans, nous avons essayé de trouver un accord pour résoudre cette question de manière pacifique.

On nous a trompés, et on l’a avoué publiquement une fois de plus. L’ancien chancelier allemand et l’ancien président français ont déclaré publiquement qu’ils n’avaient pas l’intention de respecter les accords de Minsk, et qu’ils les avaient signés uniquement pour armer le régime ukrainien. Et ils ont mené cette guerre non déclarée pendant huit ans. Et pour mettre fin à cette guerre, nous avons finalement été contraints de recourir aux forces armées, en reconnaissant l’indépendance des deux républiques en stricte conformité avec la charte des Nations unies. Personne n’y prête attention. Tout commence à partir de ce moment-là : pourquoi, que s’est-il passé, comment cela s’est-il produit, en quoi sont-ils coupables ? Comme s’ils étaient des bébés qui venaient de naître hier. Cela ne marchera pas.

Ce jeu à sens unique est terminé. S’ils veulent augmenter leurs dépenses militaires, qu’ils le fassent. Mais cela témoigne également de leur agressivité. Je vais vous expliquer pourquoi.

Oui, nos dépenses à nous sont aujourd’hui considérables. Elles représentent 6,3% du PIB. Est-ce beaucoup ou peu ? Je pense que c’est beaucoup. C’est bien sûr l’un des problèmes, notamment pour le budget, que nous devons résoudre, et nous le faisons dignement.

Soit dit en passant, je ne veux pas faire de comparaisons politiques, car les causes du conflit sont complètement différentes. Mais d’un point de vue purement financier et économique, disons que pendant la guerre de Corée menée par les États-Unis, ceux-ci y ont consacré 14% de leur budget. Et pendant la guerre du Vietnam, 10%. Ces problèmes ont été résolus, il est vrai, principalement en augmentant l’imposition des personnes à revenus élevés. Dans le premier cas, on n’a pas prêté attention à la macroéconomie, dans le second, on a déjà abordé la question de manière plus rationnelle. Mais nous luttons pour une macroéconomie saine.

Maintenant, parlons des dépenses elles-mêmes. 6,3%, est-ce beaucoup ou peu ? 6,3% du PIB russien consacré à la défense, cela représente 13,5 billions de roubles. Et notre PIB total est de 223 billions de roubles. 13,5 sur 223, est-ce beaucoup ou peu ? C’est beaucoup. Nous avons payé cela par l’inflation. Mais nous luttons actuellement contre cette inflation. Oui, nous nous efforçons délibérément de parvenir à un «atterrissage en douceur» de l’économie dans certains domaines. Mais nous restons néanmoins très lucides à ce sujet.

Soit dit en passant, j’en ai déjà parlé, le niveau des salaires augmente dans tous les pays de l’UEE et en Russie. L’année dernière, il a augmenté de 9,7%, et au cours des quatre ou cinq premiers mois de cette année, il a augmenté de 4% en termes réels. C’est d’ailleurs un indicateur satisfaisant, pour le moins.

Que se passe-t-il dans les pays de l’Occident ? Ils nous enterrent tout le temps. Eux-mêmes ils vont bientôt crever là-bas. Et cependant ils nous enterrent constamment, sans arrêt.

Notre économie a connu une croissance de 4,3% l’année dernière, contre 4,1% l’année précédente. Cette année, elle sera beaucoup plus modeste afin de lutter contre l’inflation. Mais nous le faisons de manière ciblée. Dans la zone euro, la croissance est de 0,9%. Dans les principales économies, les centres industriels de développement en Europe, en Allemagne et en France, en général tout le monde est au bord de la récession.

En ce qui concerne les Forces armées, on ne cesse de dire que nous avons des problèmes quelconques et qu’on arrivera bientôt à la défaite stratégique de la Russie. Cette rhétorique continue encore aujourd’hui. Et en même temps, on diffuse l’idée que nous allons attaquer les pays de l’OTAN. Où est donc la logique ? Si tout s’effondre chez nous, pourquoi attaquerions-nous l’OTAN ? Ce sont des absurdités, ils n’y croient pas eux-mêmes, mais ils essaient d’en convaincre leur population afin de lui soutirer davantage d’argent et de la convaincre d’accepter de supporter le lourd fardeau des dépenses sociales.

Au fait, à quoi dépensons-nous ces billions ? Au maintien de notre industrie de défense, à nous-mêmes, à nos proches et à nos familles. Et eux, à quoi vont-ils dépenser leurs 5% ? À des achats aux États-Unis et au soutien de leur complexe militaro-industriel. Ce n’est pas notre problème, c’est le leur. S’ils veulent agir de la sorte, qu’ils le fassent.

Mais maintenant, le plus important. Nous, nous prévoyons de réduire les dépenses de défense, l’année prochaine comme dans deux ans, et pour les trois prochaines années. Il n’y a pas encore d’accord définitif entre le ministère de la Défense, le ministère des Finances et le ministère du Développement économique, mais dans l’ensemble, tout le monde pense dans ce sens. Et l’Europe réfléchit à la manière d’augmenter ses dépenses de défense. Alors, qui se prépare à des actions agressives, nous ou eux ?

Oui, nous voulons achever l’opération militaire spéciale avec le résultat que nous souhaitons. Bien sûr. C’est ce à quoi nous nous attendons, et non pas aux plans agressifs à l’égard de l’Europe et des pays de l’OTAN. Et nous prévoyons de réduire les dépenses, tandis qu’eux, ils prévoient de les augmenter. Alors, qui se comporte de manière agressive ? C’est là le fondement même de la politique en matière de défense et de sécurité.

C’est pourquoi tous leurs discours sur ce qu’ils comptent augmenter, qu’ils les augmentent. Mais cela n’améliorera pas la situation pour eux dans le domaine de la sécurité, et cela ne fera qu’empirer la situation dans les domaines économique et social.

Question : Agence Interfax, Ksenia Tchernïaeva.

Vladimir Vladimirovitch, le président français a récemment déclaré qu’il était nécessaire d’imposer une nouvelle série de sanctions à la Russie et, d’après les déclarations des responsables européens, ces sanctions pourraient inclure des mesures telles que la réduction du prix plafond du pétrole russien à 45 dollars et des sanctions secondaires pour ses acheteurs.

Que pensez-vous de ces mesures, de la rhétorique du président français et quelles pourraient être les conséquences de telles décisions ?

V. Poutine : J’ai déjà en partie répondu à cette question. Plus il y a de sanctions, plus cela nuit à ceux qui les imposent. Cela vaut pour la France, mais aussi pour l’économie européenne dans son ensemble. En effet, si l’on regarde les statistiques, le volume de gaz acheté a augmenté grâce au GNL : l’Europe en achète davantage.

Aujourd’hui, combien cela représente-t-il, plus de 400 euros pour mille mètres cubes ? Actuellement, le prix du pétrole a légèrement baissé, mais pas qu’un peu, il est passé de 75 à 65 ou 66, quel que soit son niveau actuel, il fluctue tout le temps.

Et si quelque chose d’autre se produit au Moyen-Orient, que se passera-t-il ? Notre pétrole sera «bloqué», au moins d’une manière ou d’une autre. Mais ils n’y parviendront pas, c’est tout simplement impossible à l’heure actuelle.

La consommation mondiale de pétrole et de produits pétroliers augmente en raison de la croissance de l’économie elle-même, on ne peut rien y faire, les volumes augmentent, mais la production n’augmente que dans les limites que nous avons convenues dans le cadre de l’OPEP plus, et elle est calculée pour répondre à une demande croissante, en particulier en été. Vous comprenez, je ne vois rien ici qui puisse profiter à l’économie européenne.

Y aura-t-il un préjudice pour nous ? Nous verrons en fonction des réalités qui se présenteront. Mais je ne pense pas que cela aura un impact significatif sur nous, étant donné que des centaines, voire des milliers de sanctions ont déjà été imposées et que nous en sommes là où nous en sommes, comme je l’ai déjà dit. L’année dernière, notre croissance économique a été de 4,3%, contre 0,9 à 0,8% dans la zone euro.

S’il vous plaît, Andreï.

Question : Bonjour !

Andreï Kolesnikov, journal «Kommersant».

Vladimir Vladimirovitch, n’avez-vous pas l’impression qu’il est temps pour vous de rencontrer Donald Trump en personne ? On a l’impression que vous vous éloignez l’un de l’autre. Le téléphone, c’est le téléphone, mais les yeux dans les yeux, comme on dit, c’est les yeux dans les yeux. Qu’en pensez-vous ?

V. Poutine : J’ai beaucoup de respect pour l’actuel président des États-Unis. Il a parcouru un chemin très difficile, complexe et dangereux pour revenir au pouvoir et à la Maison-Blanche, nous le savons tous, jusqu’à subir plusieurs tentatives d’assassinat. C’est un homme courageux, cela ne fait aucun doute.

Ce qu’il fait à l’intérieur du pays, ce qu’il fait dans le domaine, disons, de la situation au Moyen-Orient, et ses efforts pour régler la crise ukrainienne, nous apprécions bien sûr tout cela à sa juste valeur. J’en ai déjà parlé, mais je tiens à le dire publiquement maintenant : je pense que le président Trump cherche sincèrement à régler la question ukrainienne.

Récemment, il a déclaré, je crois, que cela s’avérait plus difficile qu’il ne le pensait. C’est vrai. Et là encore, il n’y a rien d’extraordinaire. C’est une chose de regarder de l’extérieur, c’en est une autre de se plonger dans le problème. Je pense qu’il en va de même au Moyen-Orient. Même s’il avait peut-être une grande expérience dans ce domaine et était davantage impliqué dans les événements au Moyen-Orient, là aussi, tout est compliqué. La vie réelle est toujours plus compliquée que l’idée que l’on s’en fait.

Je suis toujours ouvert aux contacts, aux rencontres. Je sais que Trump a également évoqué la possibilité d’une rencontre. Tout comme lui, je pense que de telles rencontres doivent être préparées et que leurs résultats doivent nous permettre d’atteindre de nouveaux horizons de coopération. Dans l’ensemble, grâce au président Trump, les relations entre la Russie et les États-Unis commencent à s’améliorer, du moins dans certains domaines. Tout n’est pas encore réglé dans le domaine des relations diplomatiques, mais les premiers pas ont été faits et nous continuons d’avancer.

Nous avons établi des contacts de travail entre les principaux ministères et entre le département d’État, le ministère des Affaires étrangères et les services spéciaux, ce qui est également très important. En effet, un aspect tel que la lutte contre le terrorisme est important pour nous dans toutes les situations, ainsi que pour certains autres services.

Nous avons de très bonnes perspectives dans le domaine de la coopération économique. Et nous savons que les entreprises américaines manifestent leur volonté, leur désir et nous envoient des signaux indiquant qu’elles souhaitent revenir sur notre marché. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Tout cela doit être préparé de manière cohérente. Mais dans l’ensemble, cette rencontre est tout à fait possible, et nous nous ferons un plaisir de la préparer.

Merci beaucoup. Bonne journée.

source : Kremlin

Traduit par Valerik Orlov via l’Amicale des russophiles francophones
https://russophile.boris-vian.net



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