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les doutes et les espoirs des associations écologistes


6 septembre 2024 à 09h48
Mis à jour le 7 septembre 2024 à 11h28

Durée de lecture : 5 minutes

Certes, le nouveau Premier ministre a été ministre de l’Environnement. Oui, son bilan est reconnu par les associations écologistes. Mais non, elles ne sont pas ravies de la nomination de Michel Barnier à Matignon. La plupart s’accordent même à dénoncer, avant toute chose, un déni démocratique.

Emmanuel Macron a en effet nommé Michel Barnier, un adhérent du parti de droite Les Républicains — une formation arrivée en quatrième position aux élections législatives du 7 juillet — plutôt qu’un représentant du Nouveau Front populaire. La coalition de partis de gauche a pourtant obtenu le plus de députés. Pire, le président de la République semble avoir pris sa décision en prenant en compte l’opinion du Rassemblement national, alors qu’un « front républicain » s’était élevé pour empêcher le parti d’extrême droite d’accéder au pouvoir.

Greenpeace France, entre autres, critique cette nomination « qui semble avoir été négociée pour satisfaire les exigences des chefs de partis de droite et d’extrême droite ». « Ce choix ne reflète pas le résultat des élections de juillet dernier », a déploré Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, dans un communiqué.

« Emmanuel Macron confirme son mépris pour les aspirations démocratiques des Français, écrit aussi Fanny Petitbon, responsable du mouvement 350.org France. Il ignore délibérément les millions de voix qui réclamaient un changement profond de politique et tourne le dos à la mobilisation historique en faveur d’une société plus juste et écologique. »

Des doutes sur sa capacité à agir

Si les associations reconnaissent l’intérêt sincère de Michel Barnier pour les enjeux écologiques (ce qui n’était pas toujours le cas de ses prédécesseurs à Matignon) et un bilan concret sur ces sujets (comme Reporterre vous le racontait ici), elles doutent de sa capacité à pouvoir mettre en place des mesures ambitieuses pour répondre à l’urgence climatique.

Pendant l’été, le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal — qui était pourtant censé ne s’occuper que des « affaires courantes » — a prévu des coupes budgétaires dans le projet de budget 2025, notamment pour le ministère de l’Écologie. Comme l’a révélé le média indépendant Contexte, des économies sont envisagées dans quatre grands domaines : la rénovation énergétique des logements, l’électrification des véhicules, les financements pour la biodiversité et le « Fonds vert ». Au total, cela représenterait une baisse de crédit de paiement de 1,3 milliard d’euros par rapport à 2024 sur le poste « écologie ».

« Une politique de droite, austère, ne peut pas être une politique écologique »

« Nous demandons à ce que le nouveau Premier ministre prenne la mesure de l’urgence climatique. Pour cela, il doit supprimer les coupes budgétaires incohérentes sur les budgets écologiques proposées par l’ancien gouvernement démissionnaire », affirme Morgane Créach, directrice générale du Réseau Action Climat, dans un communiqué. En clair, Michel Barnier devra rompre avec toutes les politiques décidées jusque-là.

Morgane Créach liste les chantiers qui devront se mettre en place dans la foulée : confirmer les moyens alloués au Secrétariat général à planification écologique, publier les textes légaux attendus depuis des mois, comme la programmation pluriannuelle de l’énergie et la stratégie nationale bas carbone…

Le gouvernement de M. Attal a été marqué par un « affaiblissement » des mesures écologistes, comme celles encadrant les pesticides.
© AFP / Philippe Huguen

Interrogée sur LCI la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a également exprimé ses « doutes » sur la politique que pourrait mener Michel Barnier. « Que Michel Barnier soit “sensible” à l’écologie n’est pas mon sujet, a-t-elle déclaré. Mettre en place des politiques environnementales, c’est changer l’état d’esprit des politiques qui sont menées, c’est infuser tout le gouvernement avec cet état d’esprit, c’est montrer que la justice sociale et la justice environnementale sont liées. Une politique de droite, dure, austère, ne peut pas être une politique écologique. »

Appel à un changement de cap

L’association Générations futures se veut plus optimiste. Pour elle, cette nomination doit être l’occasion de « tourner la page des errements du gouvernement Attal, marqué par un affaiblissement des engagements en matière d’environnement et de santé publique ». Elle appelle à « un changement radical de cap », notamment à un « réexamen » des décisions de Gabriel Attal en matière de santé environnementale. Lors de la crise agricole, son gouvernement avait notamment changé l’indicateur de calcul d’utilisation des pesticides en France, provoquant la colère des associations environnementales.

« Nous devons refuser l’idée d’une impasse politique et rejeter la notion que nous serions condamnés à l’indécision, et que notre pays serait ingouvernable, affirme aussi Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, dans un communiqué. Le Premier ministre a le pouvoir de changer les choses, notamment en plaçant l’écologie au cœur de l’action gouvernementale pour protéger les Français, créer des emplois et soutenir une activité économique et une agriculture résilientes. Nous restons pleinement mobilisés pour un projet de loi de finances apte à financer la transition écologique juste et désirable au service des Français, notamment les plus défavorisés. »

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