Profession, censeur pro-israélien, par Sam Biddle (Le Monde diplomatique, décembre 2024)


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Serigne Ibrahima Dieye. – « De l’incompétence médiatique », 2020

© ADAGP, Paris, 2024 – Galerie Cécile Fakhoury, Abidjan, Dakar, Paris

Depuis 2016, la directrice des politiques pour Israël et la diaspora juive chez Meta, propriétaire de Facebook et d’Instagram, est une ancienne haute responsable du gouvernement israélien. Avant d’intégrer l’entreprise de M. Mark Zuckerberg, Mme Jordana Cutler travaillait à l’ambassade d’Israël à Washington comme chargée des relations publiques et directrice de cabinet ; elle a participé à la campagne du Likoud en 2009, puis conseillé le premier ministre Benyamin Netanyahou durant quatre ans.

Des échanges internes auxquels The Intercept a eu accès révèlent que Mme Cutler a utilisé les procédures de remontée hiérarchique pour faire censurer des comptes Instagram appartenant à Students for Justice in Palestine (« Étudiants pour la justice en Palestine », SJP), une organisation impliquée dans la mobilisation des campus américains contre la guerre menée par Israël à Gaza. Mme Cutler aurait ainsi signalé aux équipes de modération au moins quatre publications de SJP et divers autres contenus critiquant la politique extérieure menée par le gouvernement de M. Netanyahou. Pour ce faire, elle aurait invoqué la directive de Meta relative aux « organisations et personnes dangereuses », qui repose sur une liste secrète de plusieurs milliers d’entités dont la plate-forme interdit la « glorification », tout en permettant théoriquement qu’elles soient mentionnées « dans le cadre d’un discours social et politique » ou de « discussions neutres ».

D’autres services assurent la modération. On ne sait ce qu’il est finalement advenu des posts en question — une information que Meta refuse de divulguer. Mais qu’une cadre de la compagnie représentant les intérêts d’un État puisse réclamer la suppression de contenus qui vont à leur encontre ne laisse pas d’inquiéter. « Ça sent le parti pris à plein nez, déclare Mme Marwa Fatafta, d’Access Now, une organisation internationale de défense des droits numériques. Pas besoin d’être devin pour comprendre ce que cette personne a en tête. » Ni (…)

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