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La guerre d’Ukraine déstabilise l’Arctique, par Didier Ortolland (Le Monde diplomatique, septembre 2024)

ByVeritatis

Sep 16, 2024


Au pôle Nord, les fractures géopolitiques gèlent la coopération

Les activités économiques et les échanges commerciaux mondiaux affectent l’Arctique. Cette région à l’environnement très fragile subit également l’onde de choc des crises internationales, dont l’épicentre se situe pourtant à des milliers de kilomètres. Comme la guerre d’Ukraine, dont les effets se font sentir jusqu’au pôle Nord.

La région arctique figure parmi les victimes collatérales du conflit déclenché par Moscou le 24 février 2022. Moins du fait de sa militarisation croissante que de la paralysie de sa gouvernance depuis maintenant deux ans. Cette remise en cause affecte la stabilité politique d’un espace très sensible, mais aussi la recherche scientifique indispensable à la compréhension des phénomènes climatiques et à la préservation de cette région. La guerre a également inversé les flux maritimes d’hydrocarbures et consolidé l’usage de la route maritime du Nord (RMN), qui traverse un environnement très vulnérable. Conséquence imprévue, les États-Unis ont modifié leurs plans portant sur la revendication de 500 000 kilomètres carrés de plateau continental dans les mers des Tchouktches et de Beaufort.

La fin de la guerre froide avait permis de mettre en place une gouvernance singulière. Depuis 1996, le Conseil de l’Arctique regroupe les huit États de la zone arctique (Canada, Danemark au titre du Groenland, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Russie, Suède), des représentants des six organisations de peuples autochtones de la région ainsi que treize États observateurs, dont la France, qui participent aux groupes de travail. Ce forum intergouvernemental travaille en coopération sur des thématiques communes, notamment la protection de l’environnement. Seuls les États de la zone participent aux décisions et exercent à tour de rôle la présidence pendant deux années. La Fédération de Russie l’avait prise en 2021 et devait l’exercer jusqu’en 2023.

À la suite de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les sept autres membres ont décidé de suspendre leur coopération avec Moscou et de ne poursuivre le travail que pour les projets n’impliquant pas une participation de la Russie. Il n’a jamais été question de l’exclure définitivement, car elle représente à elle seule la moitié des côtes concernées et des populations vivant au-delà du cercle polaire. Moscou ne souhaitait pas non plus se retirer du Conseil, soulignant ainsi le prix attaché à la (…)

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