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Le Puy du Fou s’apprête à acheter 400 hectares de terres agricoles


17 septembre 2024 à 08h50
Mis à jour le 17 septembre 2024 à 14h40

Durée de lecture : 4 minutes

Fondé en 1989 au pied des ruines d’un château, le parc du Puy du Fou en Vendée s’étale aujourd’hui sur 150 hectares et en possède 400 au total. Une somme qui pourrait encore doubler d’ici quelques mois, à la faveur de la vente de terres agricoles. Le Puy du Fou est intéressé par la proposition d’un propriétaire terrien voisin, Olivier de Suyrot, 85 ans, qui veut lui vendre l’ensemble de ses 400 hectares, a révélé Ouest-France la semaine dernière. Aujourd’hui, il les loue à sept agriculteurs.

Cette annonce suscite de l’émoi. Car le Puy du Fou a déjà artificialisé de nombreuses terres agricoles — parfois remplacées par des parkings ou des hôtels — et dispose aussi d’une réserve de 341 hectares à urbaniser grâce aux révisions des plans locaux d’urbanisme. « Depuis de très nombreuses années, la Safer, les élus, la Chambre d’agriculture, [le syndicat agricole majoritaire] la FDSEA laissent faire l’extension du Puy du Fou », dénonce Pascal Sachot, porte-parole de la Confédération paysanne de Vendée. Il rappelle les ambitions de longue date d’ouvrir un deuxième parc sur place et craint que les plans d’urbanisme puissent être encore être révisés.

« Objet de convoitises »

Des inquiétudes infondées, tente de convaincre Nicolas de Villiers, président de Puy du Fou France et fils du souverainiste et fondateur du parc Philippe de Villiers : « Nous avons déjà des parcelles constructibles propriétés du Puy du Fou. Nous avons les moyens de nous étendre sur notre propre site. » Mais alors, pourquoi le Puy du Fou aurait-il besoin de ces nouvelles terres ? Il répète à l’envi que le parc souhaite conserver leur destination agricole. Pour lui, ces 400 hectares faisaient « l’objet de convoitises » de la part de promoteurs immobiliers ou du fils de M. de Suyrot lui-même.

Le Puy du Fou, poursuit-il, « a considéré qu’il était de son devoir de préserver cet espace naturel pour l’agriculture ». Celui qui déclame avoir « grandi dans les champs » et avoir l’agriculture dans son « ADN », préfère « voir de l’agriculture aux abords du site et des routes qui mènent au Puy au Fou, plutôt que des projets immobiliers ». C’est vrai que c’est plus bucolique pour les touristes.

« Je tiens à ce que tout appartienne au Puy du Fou »

« On connaît parfaitement le sujet. Ça commence par un premier projet, puis ça s’enchaîne par un phénomène de grignotage des terres cultivées », ajoute-t-il, sans que l’on puisse y déceler la moindre ironie. Il affirme auprès de Reporterre qu’il pourra proposer des « baux de plus de neuf ans » afin que les agriculteurs puissent voir à plus long terme. Il insiste en disant que c’est le propriétaire qui est venu le voir pour lui proposer cette vente « et non l’inverse ».

« Des agriculteurs m’appellent pour me dire qu’ils voulaient racheter, mais je tiens à ce que tout appartienne au Puy du Fou, qui gérera cela ensuite », a déclaré Olivier de Suyrot à Ouest-France. Mais celui-ci a oublié un léger détail avant de proposer ses terres au Puy du Fou : le Code rural accorde aux agriculteurs ayant exercé au moins pendant trois ans sur des parcelles un droit de préemption leur permettant de les acquérir en priorité.

Plus de 3 000 € l’hectare

Ce droit leur a finalement été rappelé en septembre. Le montant réclamé s’élève entre 3 200 et 3 800 euros l’hectare, alors que les données de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) des Pays de la Loire indiquent un prix entre 2 300 et 2 900 euros l’hectare sur cette zone. Une bagatelle pour la société Le Puy du Fou France, qui gère le parc d’attractions et dont le chiffre d’affaires s’est élevé à 146 millions d’euros en 2022. Moins pour les agriculteurs locataires, à qui il reste moins de deux mois pour exercer ce droit.

En feront-ils usage ? Les conversations téléphoniques se coupent lorsqu’on cherche à joindre certains d’entre eux. L’emprise du Puy du Fou sur le bocage vendéen est énorme. Surtout que le parc sait se montrer convaincant : « Nous souhaitons faire en sorte que le monde agricole à proximité bénéfice de notre activité économique. » Le Puy du Fou a déjà des partenariats avec des agriculteurs locaux pour intégrer leur production dans sa restauration à « circuits courts ». Une réunion est prévue début octobre entre la Safer et la direction du Puy du Fou pour mieux cerner la nature de son projet sur ces terres.

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