La Serbie, la Hongrie et la Russie se mettent d’accord pour la construction d’un oléoduc 


Face au refus de Bruxelles de faire valoir leurs préoccupations au sein de l’Union européenne concernant leur approvisionnement énergétique, Un État membre et un candidat à une adhésion aux 27 se tournent ouvertement vers la Russie, malgré le plan de l’UE de se passer entièrement du pétrole et du gaz russe. Budapest, Belgrade et Moscou ont annoncé leur accord pour la construction d’un oléoduc devant transporter du pétrole aux deux pays, quelques jours après l’adoption d’un 18e paquet de sanctions visant, notamment, la flotte transportant les hydrocarbures russes. 

L’Union européenne a engagé un vaste plan pour mettre fin à sa dépendance au pétrole et au gaz russes, inscrivant cet objectif dans le cadre du programme REPowerEU. Ce plan vise à éliminer progressivement les importations de pétrole, de gaz et de matières nucléaires venant de Russie d’ici la fin de 2027, tout en s’assurant que la transition ne menace pas la stabilité énergétique du continent. La stratégie prévoit la préparation de plans nationaux par chaque État membre pour organiser la sortie des énergies russes et “renforcer la diversification des approvisionnements énergétiques au sein de l’UE”.

Bratislava satisfaite, Budapest et Belgrade ne peuvent pas en dire autant 

Cependant, cette ambition de rupture a rencontré la vive opposition de certains pays particulièrement dépendants de l’énergie russe, notamment la Hongrie et la Slovaquie. Budapest et Bratislava ont régulièrement protesté contre de nouvelles sanctions énergétiques, craignant une flambée des prix et un risque sérieux pour la sécurité de leurs approvisionnements. Ils ont également critiqué la tentative de supprimer les exemptions spéciales dont ils bénéficiaient jusque-là pour continuer à importer du pétrole russe, estimant que cela était contraire aussi bien à la sécurité de leur pays qu’aux accords précédemment conclus au sein du Conseil européen.

Ces préoccupations se sont non seulement exprimées par les déclarations officielles des deux pays mais également par le blocage, à travers leurs vétos, de nombreuses initiatives européennes. La plus récente est l’adoption du 18e paquet de sanctions contre la Russie : la Slovaquie a bloqué à plusieurs reprises son adoption, exigeant des garanties claires pour éviter tout risque de pénurie de pétrole et de gaz. 

Ce refus a retardé l’adoption du nouveau train de sanctions jusqu’à ce que la Commission européenne fournisse à Bratislava des assurances sur la stabilité de ses approvisionnements, la protection contre la volatilité des prix et un soutien en cas de conflit avec les fournisseurs russes. “À ce stade, il serait contre-productif de continuer à bloquer le 18e paquet de sanctions”, avait déclaré Fico, affirmant avoir obtenu “le maximum de garanties possibles à ce stage”. 

Candidate à une adhésion à l’UE depuis 2011, année de la validation de sa candidature par la Commission européenne (CE), la Serbie a exprimé son désaccord sans pouvoir opposer le moindre véto, n’étant pas membre de l’UE. Mais depuis l’annonce du plan REPowerEU, Belgrade a multiplié les démarches pour exprimer son désaccord : elle a publiquement demandé des reports successifs de sanctions qui visent sa raffinerie contrôlée par la Russie, plaidant la nécessité de préserver sa sécurité énergétique. Le gouvernement serbe a intensifié ses négociations avec Washington et Bruxelles pour obtenir des dérogations, soulignant que toute rupture d’approvisionnement mettrait en péril l’économie et la stabilité du pays.

La Hongrie très critique envers Bruxelles, la Serbie veut “diversifier”

N’obtenant que des reports successifs des sanctions mais jamais leur levée, Belgrade se tourne alors, comme Budapest, vers la Russie. Les trois pays ont convenu de la construction d’un oléoduc pour transporter le pétrole russe de la Hongrie à la Serbie. Péter Szijjártó, le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, dit “encourager, avec des partenaires serbes et russes, la construction d’un nouvel oléoduc entre la Hongrie et la Serbie. Alors que Bruxelles interdit l’énergie russe, coupe les liens et bloque les voies de transit, nous avons besoin de plus de sources d’énergie, de plus de voies de transit. La Hongrie ne sera pas victime de ces décisions désastreuses », a-t-il écrit dans un post X.

Il a accusé, sur Facebook, l’UE de prendre des décisions “erronées” en voulant “rompre brutalement les liens énergétiques”. « Une série de décisions erronées prises à Bruxelles ont placé l’Europe dans une position très difficile sur le marché international de l’énergie. Aujourd’hui, les prix de l’énergie en Europe sont plusieurs fois plus élevés que dans le reste du monde. Ce n’est pas surprenant, étant donné la brutalité avec laquelle Bruxelles rompt les liens énergétiques, interdit les livraisons d’énergie russe et bloque les voies d’approvisionnement”, a-t-il dénoncé, reprochant à Bruxelles sa volonté de voir “les coûts des familles hongroises multipliés par deux ou quatre après s’être détournée du pétrole et du gaz naturel russes. Nous ne le permettrons pas”, a-t-il affirmé. 

Belgrade adopte un ton plus neutre, disant vouloir  “diversifier” pour être “indépendant” grâce à ce projet “important pour la Serbie”. “Une route alternative pour l’approvisionnement en pétrole brut » signifie « une plus grande sécurité énergétique, moins de dépendance et une position plus forte de la Serbie dans la région et en Europe », a déclaré la ministre serbe de l’énergie, Dubravka Đedović Handanović.

Selon l’exécutif hongrois, l’oléoduc pourrait être opérationnel d’ici 2027. Sa capacité serait de 5 millions de tonnes par an. Selon le plan, la Hongrie construira 180 kilomètres de l’oléoduc. Les trois pays n’ont pas donné plus de détails sur le tracé de l’oléoduc.





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