• lun. Sep 23rd, 2024

Toutes les catastrophes naturelles réunies dans une seule carte


19 septembre 2024 à 09h01
Mis à jour le 20 septembre 2024 à 18h05

Durée de lecture : 4 minutes

Plus une semaine ne se passe sans que l’actualité charrie son terrible lot de catastrophes naturelles. Les incendies qui ont éclaté dimanche 15 septembre au Portugal, tuant sept personnes et en blessant plus de quarante, continuent à ravager le centre et le nord du pays. Samedi 14 septembre, au centre du Mexique, quinze personnes perdaient la vie dans un glissement de terrain et des inondations consécutives à des pluies intenses. Le même jour, le typhon Bebinca frappait l’est de Shanghai en Chine, déclenchant l’alerte rouge et le déplacement de 414 000 personnes et tuant au moins huit personnes, dont quatre enfants.

Depuis 2001, le site catnat.net recense les catastrophes naturelles sur une carte et dans une base de données. Il a depuis été intégré à Ubyrisk Consultants, une structure spécialisée dans l’expertise et le conseil en risques naturel. Yorik Baunay, géographe de formation, en est le créateur et le directeur actuel.



Reporterre — Pourquoi avoir créé un observatoire mondial des catastrophes naturelles ?

Yorik Baunay — À l’origine, c’était un projet personnel. Je suis géographe de formation, spécialisé dans les catastrophes naturelles et la prévention des risques naturels. Quand je travaillais en entreprise, je cherchais des sources sur les événements en cours chaque jour dans le monde entier. Il n’y avait alors aucun outil qui synthétisait ces données.

J’ai donc commencé à recenser tous les événements climatiques, météorologiques et géologiques entraînant des dommages humains (évacuations, décès) et matériels (destruction d’habitats ou d’infrastructures). Aujourd’hui, le site est géré par trois personnes et mis à jour plusieurs fois chaque jour, grâce à de multiples sources : articles de presse, ONG, instituts, services de l’État et, de plus en plus, réseaux sociaux.

Nous ne nous prononçons pas sur un lien éventuel entre ces catastrophes naturelles et le changement climatique, pas plus que nous ne pointons les fautes dans la gestion politique de ces événements. Nous restons très factuels. L’objectif est de créer une base de données la plus complète possible, qui puisse servir à faire de la cartographie et des statistiques, pour mettre en évidence l’évolution des différents risques. Nous sommes d’ailleurs sollicités par des entreprises privées du domaine de l’assurance ou de la réassurance, par des collectivités territoriales et par des institutions de recherche en quête de données pour leurs modélisations. Enfin, ce site permet de garder la mémoire de ces événements.

Le nombre et l’intensité des catastrophes ont-ils évolué depuis 23 ans, en lien avec le changement climatique ?

On recense en moyenne entre 950 et 1 050 événements par an dans le monde. Cette moyenne est stable depuis une dizaine d’années. En revanche, les catastrophes climatiques et météorologiques — orages, cyclones, tornades, inondations, mais aussi sécheresses et incendies — ont vu leur intensité augmenter et sont en nette augmentation. Avec un risque de biais : les informations disponibles sont en constante augmentation depuis quinze ans, notamment pour certaines zones comme l’Afrique, et nous avons amélioré notre système de recensement.

Il est difficile de distinguer une tendance dans l’évolution du nombre de victimes. Certaines années, des catastrophes géologiques majeures telles que des séismes peuvent causer plusieurs dizaines de milliers de morts. Si l’on exclut ces événements, le nombre de victimes stagne, notamment grâce aux progrès en matière de prévention et d’alerte.

Les conséquences économiques des catastrophes naturelles sont beaucoup plus importantes, tous risques confondus et dans toutes les zones du monde. Ce n’est pas étonnant, dans la mesure où la richesse mondiale globale a augmenté depuis vingt-trois ans.

Ce site peut-il être un outil pour sensibiliser le grand public aux conséquences du changement climatique ?

Oui, tout à fait. Avec ce site, nous voulons rappeler que de tels événements extrêmes surviennent tous les jours. Nous habitons tous dans des régions du monde exposées à des phénomènes naturels qui peuvent être dangereux et dommageables.

D’ailleurs, la fréquentation du site augmente. Mais cet intérêt est aussi très conjoncturel. Nous avons eu un pic de fréquentation lors de la tempête Boris et des grandes inondations en Europe centrale la semaine dernière. Il existe aussi un fort prisme national. L’audience augmente chaque fois qu’un événement grave frappe la France. C’est moins le cas pour les incendies de forêt au Portugal.

Aujourd’hui, on ne parle quasiment plus que de changement climatique. Il ne se passe quasiment plus une journée sans que la presse nationale ne fasse allusion à une catastrophe naturelle. Il y a une forme de lassitude de l’opinion publique. Les conséquences les plus graves du changement climatique ne sont pas attendues avant plusieurs années, voire plusieurs décennies. Les gens ont du mal à se projeter à de telles échéances. C’est aussi assez anxiogène.

legende



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *