Politique en goguette, par Stanislas de Fournoux, Aurélien Merle, Clémence Monnier & Valentin Vander (Le Monde diplomatique, août 2025)


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Solange Gautier. – « Alors on danse », 2024

© Solange Gautier Collages

Nous sommes en 2025 après Jésus-Christ (soit en 96 après Jean Amadou). Toute la France écoute Jul et Taylor Swift… Toute ? Non ! Un petit spectacle de chansonniers continue inexplicablement de remplir les salles et de cumuler les vues sur YouTube… Inexplicablement, vraiment ?

Penchons-nous un instant sur la question et profitons-en pour jeter un coup d’œil rétrospectif. Depuis une dizaine d’années, notre spectacle tourne joyeusement un peu partout en France, nous en sommes encore les premiers surpris. Ce succès ne repose pourtant pas sur un concept novateur : nous parodions des chansons connues dont nous détournons les paroles pour parler de l’actualité. Mais il semble que cette idée ait été désertée depuis des années et que nous soyons venus occuper un créneau délaissé, voire ringardisé. Signe d’une renaissance de ce genre ou son chant du cygne ? L’avenir le dira.

Ce qui est sûr, c’est que pour notre génération (nous avons entre 34 et 54 ans) la goguette n’était pas vraiment une pratique dont on aurait pu se réclamer. En revanche, elle parle aux plus âgés. Bien souvent, après une représentation, des gens du public font le lien avec une émission de radio qu’ils écoutaient jadis : « Le grenier de Montmartre ». Lancée en 1946 sur la Radiodiffusion française (RDF), puis diffusée jusqu’en 1974 sur Paris Inter (devenue France Inter) le dimanche à une heure de grande écoute, l’émission semble avoir marqué toute une génération, notamment avec le susnommé Jean Amadou. Les chansonniers qui s’y produisaient officiaient alors également dans plusieurs établissements parisiens, Le Caveau de la République, Les Trois Baudets… France Inter a continué d’entretenir la flamme avec « L’oreille en coin » de 1968 à 1990 — et on y retrouvait Jean Amadou —, puis « Rien à cirer », de Laurent Ruquier (1991-1996) ; à la télévision ce furent Jacques Martin (« Ainsi font font font ») ou « Le bébête show », de Stéphane Collaro. Mais au mitan des années 1990, c’est un esprit qui a quasiment disparu des grands médias.

Les « (…)

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Stanislas de Fournoux,

Aurélien Merle,

Clémence Monnier &

Valentin Vander

Membres du groupe Les Goguettes en trio, mais à quatre.



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