Le car que M. Macron ne prendra jamais, par Guilherme Ringuenet (Le Monde diplomatique, août 2025)


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Martin Steir. – « Roter Bus » (Bus rouge), 2023

© Martin Steir – martinstreit.net

«No signal ». L’écran d’informations n’en donne plus. Quelques dizaines de personnes encerclent le seul agent présent. Dans son gilet jaune, avec son scan, il enchaîne les codes-barres. Non loin de là, Veerle profite d’un rayon de soleil. Partie tôt ce matin de La Souterraine, cette native de la Flandre a fait escale à Limoges ; la voilà à Paris ; elle doit encore rejoindre Bruxelles. Sa sœur vient de décéder. « J’ai pris le transport le moins cher. » La brise fait frémir les branches, la chômeuse pointe la gare de son mégot. « C’est sombre, je n’ai aucune envie d’attendre là-dedans. » Coincée entre l’Accor Arena, la Cinémathèque française et la voie express, la gare routière cache bien son charme. Pour la trouver, on a suivi les valises à roulettes à travers le parc de Bercy, jusqu’à des ouvertures en arc ; à l’intérieur, quatre-vingts places en épi, presque toutes occupées, et des moteurs qui tournent. Quai n° 64, le BlaBlaCar Bus s’apprête à partir vers Tours. Ses passagers finissent de déposer leurs bagages en soute. L’habitacle vibre, on aperçoit un puits de lumière. Puis au feu vert, juste en face, le ministère de l’économie.

C’est dans un bureau de cet imposant bâtiment que M. Emmanuel Macron l’a décidé : en France, depuis 2015, des autocars privés assurent les liaisons inter-urbaines. Au congrès de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), en octobre de la même année, le jeune ministre vantait « un choc de mobilité pour l’économie tout entière ». Aujourd’hui, les « cars Macron » desservent 197 villes, selon l’Autorité de régulation des transports (ART). « Nous avons porté cette réforme et c’est un succès », se félicite Mme Ingrid Mareschal, la directrice générale de la FNTV. L’an passé, 11 millions de passagers ont emprunté ces liaisons intérieures, une fréquentation supérieure à celle observée avant le Covid-19. « Nous avons permis à des gens qui ne pouvaient pas voyager de le faire », soutient Mme Mareschal à partir d’une étude un peu ancienne : (…)

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