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« Krazy Kat » et Ku Klux Klan, par Philippe Pataud Célérier (Le Monde diplomatique, octobre 2024)

ByVeritatis

Oct 2, 2024


Dès l’âge de 12 ans, Philip Guston (1913-1980) dessine de manière obsessionnelle. Deux ans plus tôt, il avait découvert son père pendu — il avait fui les pogroms en Ukraine et ne supportait plus l’exil. « La vie et l’art ont un contenu et une nécessité mutuelle l’un envers l’autre. » Alors, « que peindre sinon l’énigme ? ». Cette phrase empruntée au peintre italien Giorgio De Chirico, Guston l’a faite sienne tout au long des questionnements qui traversent ses œuvres et dont témoignent ses multiples écrits et dialogues avec des historiens de l’art (David Sylvester), le compositeur Morton Feldman (1)… Autodidacte surdoué, lecteur insatiable (Franz Kafka, Søren Kierkegaard…), influencé aussi bien par Piero della Francesca que par les comic books, Guston déroute jusqu’à ses amis les plus avant-gardistes, comme John Cage. En une cinquantaine d’années, il passe d’une peinture réaliste et sociale sous l’influence des muralistes mexicains (Diego Rivera, David Siqueiros…) à l’expressionnisme abstrait de l’école de New York, pour en venir à une figuration comme enfantine, inspirée par le strip Krazy Kat, de George Herriman, et donner à ses célèbres « Cagoules », caricatures burlesques du Ku Klux Klan, les traits innocents — et d’autant plus maléfiques — de la banalité du mal. « Peignez ce qui vous dégoûte. (…) Peignez la vérité. »



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