Avant de plonger dans l’analyse de la théorie des incitations, une vérité historique s’impose, forgée par deux mille ans de guerres et de luttes de pouvoir : « tout outil donné aux puissants devient une arme pour soumettre les masses ». Multinationales, géants financiers, industrie pharmaceutique ou États modernes, le constat est universel. Remontez aux empereurs d’autrefois ou aux émirs d’aujourd’hui, marionnettes des lobbies pétroliers occidentaux pour contrôler les réserves énergétiques : donnez aux élites un levier de pouvoir, et elles l’exploiteront sans vergogne.
Ainsi, même un outil intellectuel, aussi noble soit-il en apparence, devient un instrument d’oppression dès qu’il est public et amplifie leur emprise. Des milliards sont investis chaque année, sous couvert de recherche, pour affiner ces mécanismes de contrôle – pensez à la DARPA aux États-Unis, dont les budgets colossaux servent bien plus la domination que le progrès.
La théorie des incitations, qui décrypte les mécanismes psychologiques et sociaux poussant les individus à agir, n’échappe pas à cette règle. Conçue pour comprendre et orienter les comportements, elle est devenue, entre les mains des puissants, une arme redoutable. Rendre publique une telle connaissance, c’est potentiellement armer un prédateur. Les élites – politiques, économiques, technocratiques – s’en sont saisies pour manipuler les foules, avec des conséquences dramatiques pour les libertés.
Voici comment cette théorie, à l’origine un outil d’analyse, s’est muée en instrument de contrôle.
*** analyse ***
La théorie des incitations, pilier fondamental de la microéconomie moderne, explore comment influencer les comportements des agents économiques (individus, entreprises, institutions) en modifiant les coûts et bénéfices associés à leurs choix. Développée dans les années 1970, elle repose sur l’idée que les asymétries d’information – lorsque certains acteurs détiennent des informations que d’autres ignorent – engendrent des inefficacités qu’il convient de corriger par des mécanismes incitatifs. Jean-Jacques Laffont, économiste français de renom et fondateur de la Toulouse School of Economics, a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de cette théorie qui a révolutionné la régulation économique et ses applications pratiques. Cet article examine en profondeur la théorie des incitations, les contributions de Laffont, ses expérimentations, ses résultats, ainsi que ses applications positives et négatives dans le cadre de la vaccination contre le Covid-19. Il aborde également les risques de collusion entre régulateurs et autorités illustrés par la gestion opaque des contrats vaccinaux et la crise de la dette française, où les décideurs imposent des efforts aux citoyens, tout en échappant à la responsabilité de leurs choix.
La théorie des incitations : une révolution microéconomique
La théorie des incitations part d’un constat simple que Laffont a parfaitement résumé en ces mots : « les agents économiques agissent de manière stratégique, souvent en dissimulant des informations, pour maximiser leurs propres intérêts. »
Par exemple, un employé peut exagérer son effort pour obtenir une prime, une entreprise peut gonfler ses coûts pour sécuriser un contrat public, et un patient peut cacher des informations sur son état de santé pour réduire sa prime d’assurance. Ces asymétries d’information compliquent la coordination et créent des inefficacités qu’on peut qualifier moralement d’inacceptables (comme des prix trop élevés imposés aux consommateurs par des monopoles, ou des contrats publics mal alloués) et qui, tant par nature que par destination, peuvent constituer un délit, voire un crime. .
L’objectif de la théorie est de concevoir des mécanismes – contrats, régulations, incitations financières ou sociales – qui incitent les agents à révéler leurs informations privées ou à adopter des comportements alignés avec l’intérêt collectif. Contrairement à la théorie classique de l’équilibre général, qui supposait des marchés parfaitement concurrentiels et des agents pleinement informés, la théorie des incitations reconnaît que l’information est imparfaite, et que les agents agissent de manière opportuniste. Le modèle principal-agent, au cœur de cette théorie, illustre ce principe : un « principal » (par exemple, un gouvernement ou une entreprise) conçoit des incitations pour influencer un « agent » (un individu ou une firme) malgré l’asymétrie d’information, et surtout en usant de cette asymétrie d’une manière plus ou moins répréhensible ; à savoir selon le degré d’officialité qu’il y a dans le pays concerné, s’agissant du caractère de « système au service des puissants », qu’a, manifestement, le cadre juridique que lui ont donné ses dirigeants.
Les contributions révélatrices de Jean-Jacques Laffont
Jean-Jacques Laffont (1947-2004), professeur à l’Université de Toulouse et cofondateur de l’Institut d’Économie Industrielle (IDEI), est une figure centrale de la théorie des incitations. Ses travaux, souvent menés avec Jean Tirole (prix Nobel d’économie 2014 qu’il fit venir à Toulouse à cet effet), ont jeté les bases de la régulation moderne des marchés.
Parmi ses ouvrages phares, il y a « Une théorie des incitations dans l’approvisionnement et la réglementation » (1993, avec Tirole), et « La théorie des incitations : le modèle principal-agent » (2002, avec David Martimort). Ils ont formalisé des outils pour gérer les asymétries d’information dans des secteurs comme les télécommunications, l’énergie, ou les transports.

Laffont a introduit des concepts clés :
- Le modèle principal-agent : Laffont a montré comment un contrat peut être conçu pour inciter un agent à révéler ses informations privées ou à maximiser l’effort, tout en minimisant les coûts pour le principal. Par exemple, un régulateur peut offrir une subvention à une entreprise pour qu’elle réduise ses émissions polluantes, mais seulement si elle prouve ses efforts via des rapports vérifiables.
- La collusion : Laffont a analysé les risques de collusion entre régulateurs et agents, où un régulateur peut être « capturé » par une entreprise via des pots-de-vin ou des promesses de carrière (phénomène du « pantouflage » en France). Pour contrer cela, il propose des incitations monétaires pour les régulateurs (salaires liés à la performance) ou des structures de gouvernance réduisant les rentes informationnelles.
- Les enchères et la régulation : Laffont a appliqué ses théories aux enchères (par exemple, pour le spectre télécom) et à la régulation des monopoles, montrant comment concevoir des mécanismes pour maximiser l’efficacité tout en limitant les abus.
Laffont a combiné théorie et économétrie pour tester ses modèles. Par exemple, dans une étude sur le duopole Coca-Cola/Pepsi, il a utilisé des données de marché pour détecter des comportements collusifs en matière de prix et de publicité, démontrant comment des incitations mal alignées favorisent les ententes anticoncurrentielles.
Dans le domaine des enchères, ses travaux sur les ventes de spectre télécom (comme les licences 3G en Europe) ont permis de concevoir des mécanismes maximisant les revenus publics, tout en assurant une allocation efficace des ressources. Ses recherches sur l’économie du développement, notamment sur les contrats agricoles dans les pays en développement, ont montré comment des incitations bien conçues peuvent réduire la pauvreté, en alignant les intérêts des agriculteurs et des gouvernements.
La vaccination Covid comme cas d’étude
Dans le cadre de la pandémie de Covid-19, la théorie des incitations a été largement utilisée pour encourager la vaccination, face à l’hésitation vaccinale. Cette dernière fut souvent liée à des asymétries d’information (manque de confiance dans les vaccins, incertitude sur les effets secondaires), ou à des divergences entre intérêts individuels et collectifs (perception du risque personnel versus bénéfice sociétal).

Voici des exemples concrets :
- Incitations financières – aux États-Unis, des États comme l’Ohio ont organisé des loteries avec des prix en argent (jusqu’à 1 million de dollars) pour les vaccinés, augmentant les taux de vaccination de 10 à 15 % dans certaines régions. En Inde, des incitations matérielles comme des sacs de riz ou des réductions sur les factures d’électricité ont été offertes dans des zones rurales.
- Le passe sanitaire en France : introduit en juillet 2021, le passe sanitaire a conditionné l’accès à des lieux publics (restaurants, cinémas, transports, etc.) à la vaccination ou à un test négatif. Ce mécanisme a aligné l’intérêt individuel (liberté de mouvement) avec l’intérêt collectif (réduction de la transmission). Résultat : le taux de vaccination a bondi, atteignant 78 % de la population adulte avec deux doses fin 2021.
- Campagnes d’information: pour réduire l’asymétrie d’information, des gouvernements ont publié des données sur l’efficacité des vaccins (par exemple, 90% de réduction des hospitalisations pour Pfizer) et les effets secondaires. Au Royaume-Uni, des campagnes ciblées auprès des communautés sceptiques (comme les minorités ethniques) ont combiné information et incitations sociales, comme des ambassadeurs communautaires.
Ces approches, inspirées des principes de Laffont, ont permis de limiter la propagation du virus et de réduire la pression sur les systèmes de santé, démontrant l’efficacité des incitations bien calibrées.
Usages négatifs : manipulation et perte de confiance
Cependant, la théorie des incitations peut être détournée pour manipuler les populations, surtout lorsque les autorités agissent de manière opaque, ou en collusion avec des intérêts privés. Dans le contexte de la vaccination Covid, plusieurs dérives illustrent ces risques :
- Coercition déguisée : le passe sanitaire voit son efficacité largement remise en question par des épidémiologistes (Loanidis ou Lataster notamment), et comme ayant des bénéfices bien inférieurs à ceux initialement promus. À l’époque, il a été perçu par certains comme une obligation déguisée, qui a marginalisé les non-vaccinés et qui a créé une fracture sociale. Et l’allocution d’Emmanuel Macron du 12 juillet 2021 était fondée sur des assertions scientifiques erronées. Cela montre que les asymétries d’information peuvent avoir des conséquences dramatiques. En France, des manifestations massives (jusqu’à 200 000 personnes en août 2021) ont dénoncé une atteinte aux libertés. Cette approche, en forçant le choix, a parfois sapé la confiance plutôt que de la renforcer.
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Communication alarmiste : certaines campagnes ont exagéré les risques du virus pour pousser à la vaccination, alimentant la méfiance. Par exemple, des messages insistant sur des risques mortels pour les jeunes, alors que les données montraient un faible risque pour cette tranche d’âge, ont été perçus comme manipulateurs. Ces campagnes, souvent basées sur des données approximatives, ont contribué à la désinformation du public. Tel fut le cas de l’article sur le neuromarketing qui expliquait que l’asymétrie d’information entrainait une espérance de gain supérieur à la loterie vaccinale en cas d’effets indésirables qu’à la loterie nationale.

vaccination et loto, un jeu qui se vaut ? - Conflits d’intérêt : les liens entre régulateurs, gouvernements et laboratoires pharmaceutiques ont soulevé des questions. Par exemple, l’Union européenne a signé des contrats opaques avec Pfizer, et dont les détails (prix, clauses de responsabilité) n’ont été que partiellement révélés, et révélés uniquement sous la pression d’eurodéputés comme Michèle Rivasi, et des plaintes qui ont été déposées par Frédéric Baldan et l’association BonSens.org. Aux États-Unis, des responsables de la FDA ont rejoint des laboratoires après leur mandat, illustrant là le risque de « capture » dénoncé par Laffont.
Opacité des contrats vaccinaux et asymétrie d’information
L’opacité des contrats vaccinaux constitue un cas d’école d’asymétrie d’information : celui où les régulateurs et les populations ont été privés de données cruciales. Les contrats entre l’Union européenne et des laboratoires comme Pfizer ou Moderna, signés dans l’urgence en 2020-2021, étaient classifiés comme confidentiels. Des fuites, comme celles obtenues par des journalistes via des demandes d’accès à l’information, ont révélé des clauses favorisant les fabricants.
Parmi ces clauses, l’exonération de responsabilité pour les effets secondaires ou des pénalités minimales en cas de retard de livraison, interpellent grandement et on ne peut davantage légitimement les citoyens. Dès lors, cette opacité a alimenté les soupçons de collusion entre les autorités et les laboratoires. Et ceci d’autant plus que ces contrats ont été signés pour des milliards de doses sans transparence sur les coûts. Toutes ces asymétries d’information ont des conséquences sur les choix des citoyens et des consommateurs. Quant à la collusion entre régulateurs, autorités et fabricants qui y est attachée, elle entraine une rupture de la confiance des citoyens. Ils l’expriment dans des sondages : 52 % ont perdu confiance en la vaccination à cause des « mensonges » du gouvernement.

Plus grave encore, des régulateurs comme l’Agence européenne des médicaments (EMA) ou, en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ont approuvé les vaccins sur la base d’études fournies par les fabricants, sans accès systématique à des données brutes réplicables. Or, faisant cela, ils ont remis en cause leur capacité à réellement agir dans l’intérêt des citoyens.
Ont-ils été sujets à des pressions de la part des lobbys pharmaceutiques ou des gouvernements qui voulaient trouver une solution à la pandémie ? Ou pire ! Ont-ils agi de connivence avec eux ?
Des études essentielles manquaient au moment des autorisations accélérées :
- Biodistribution : les données sur la manière dont les vaccins à ARNm se propagent dans l’organisme étaient incomplètes. Par exemple, des documents internes de Pfizer, révélés via les « Pfizer Papers » en 2021, ont montré que ces études n’étaient pas finalisées avant la mise sur le marché.
- Génotoxicité et immunotoxicité : les études sur les risques de dommages à l’ADN ou sur l’impact des vaccins sur le système immunitaire étaient absentes ou limitées, malgré les exigences habituelles pour d’autres médicaments.
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Efficacité réelle : des études indépendantes, comme celle de Fraiman et al. (2022) publiée dans Vaccine, ont suggéré que les bénéfices des vaccins pour les populations à faible risque (jeunes, personnes en bonne santé) étaient surestimés, tandis que les risques d’effets secondaires graves (myocardites, thromboses) étaient sous-évalués. Et une étude, invisibilisée par les médias mainstream, sur les 30 423 patients soignés par l’IHU méditerranée, révèle des effets aggravants sur la maladie dans certains cas. Pourquoi ce silence des médias et des régulateurs ?

Une étude conclut à l’absence d’efficacité des vaccins covid-19 et à un effet aggravant de la vaccination sur la maladie dans de nombreux cas
Ces lacunes reflètent un manque d’incitations pour les régulateurs à agir de manière vertueuse. Sans satisfaction à l’obligation de transparence ou d’audits indépendants qui pourtant s’imposait manifestement, les autorités ont poursuivi une « escalade d’engagement » avec un biais de cadrage initial : ils ont mené des campagnes vaccinales malgré des données incomplètes. Des analyses critiques (Ioanidis et al) ou de chercheurs indépendants (Raphael Lataster), ont même émis de très sérieux doutes, concernant l’idée avancée par les gouvernements qui ont mené ces campagnes de vaccination, que les vaccins ont sauvé des millions de vies. Ils suggèrent que leur impact sur la mortalité globale était moindre qu’annoncé, notamment en raison de l’évolution des variants et de la protection limitée contre la transmission.
Cette opacité a amplifié la méfiance, alimentant les théories du complot et les mouvements anti-vaccins.
Risques de collusion et abus de pouvoir
Laffont a souligné que la collusion entre régulateurs et agents privés est un risque systémique dans tout système incitatif. Cette lapalissade s’est matérialisée de manière criante durant la crise covid. En effet, dans le contexte du Covid, plusieurs facteurs ont exacerbé ce risque inéluctable. Un risque qui est même carrément inévitable lorsque, comme en l’espèce, les intérêts économiques en jeu s’élèvent à plusieurs dizaines de milliards d’euros, voire des centaines :
- Opacités des contrats : les accords avec les laboratoires, souvent négociés sans appel d’offres public, ont favorisé des rentes pour les fabricants. Par exemple, l’UE a commandé 4,6 milliards de doses pour 450 millions d’habitants, un excédent coûteux et peu justifié.
- Pantouflage à la française : des hauts fonctionnaires de la santé ont rejoint des laboratoires ou des cabinets de conseil après leur mandat, ce phénomène que Laffont qualifie de « capture ». Par exemple, des membres de l’EMA ont été critiqués pour leurs liens avec l’industrie pharmaceutique.
- Pressions et collusions politiques : les gouvernements, avec l’excuse d’être soi-disant « sous pression » pour relancer l’économie, ont poussé les autorités de contrôle à délivrer des autorisations accélérées sans exiger les études complètes requises, compromettant là la rigueur scientifique qui s’impose en matière de santé publique.
Pour contrer ces dérives, Laffont proposait des solutions comme des incitations monétaires pour les régulateurs (salaires liés à la transparence) ou des audits indépendants. Appliqué au Covid, cela impliquerait de publier intégralement les contrats vaccinaux, de rendre publiques les données brutes des essais cliniques, et de sanctionner les régulateurs corrompus. L’absence de tels mécanismes a amplifié les soupçons de collusion, sapant la confiance dans les institutions. Seul des associations comme BonSens.org ou Reinfoliberté se sont attaqués de manière indépendante aux biais informationnels rapportés par France-Soir. Ces biais sont considérés à juste titre comme une pollution informationnelle qui affecte le comportement des consommateurs et des citoyens.
Le parallèle de la dette française
La gestion de la dette française, qui dépasse 3 300 milliards d’euros en 2025 (environ 120 % du PIB), illustre un autre abus des incitations. Les décideurs politiques, souvent les mêmes qui ont creusé cette dette via des dépenses publiques mal contrôlées (notamment pendant le Covid avec des plans de relance massifs comme le « quoi qu’il en coûte »), demandent aujourd’hui aux Français des efforts supplémentaires, sous forme de hausses d’impôts, de réformes des retraites, ou de coupes dans les services publics. Ce phénomène peut être analysé à travers la théorie de Laffont :
- Asymétrie d’informationd: d’un côté, les citoyens ont un accès limité aux détails des décisions budgétaires et à la sincérité des comptes publics, et de l’autre côté les élites politiques et financières manipulent l’information pour justifier leurs choix. Par exemple, les rapports de la Cour des comptes montrent que des milliards d’euros de dépenses Covid (aides aux entreprises, chômage partiel) ont été mal ciblés, mais ces informations restent peu accessibles au grand public. Et quand les commissions d’enquêtes demandent aux ministres de répondre de leurs actes, ces derniers nient ou occultent leurs actes, ou même ne répondent pas aux invitations à venir se présenter devant les commissions.
- Collusion : Les liens entre décideurs politiques et grandes entreprises (banques, BTP, pharmaceutiques) permettent à certains acteurs de bénéficier de la dette, via des contrats publics juteux. Par exemple, des cabinets de conseil comme McKinsey ont été payés des millions pour des missions liées à la gestion de la crise Covid, sans résultat toujours clairs, et ceci tout en ne payant pas d’impôts en France ! Dès lors, ici ce n’est plus simplement de l’asymétrie d’information, ce sont des actes conscients et par essence délictuels. Voire criminels.
- Incitations mal alignées : les responsables politiques, motivés par des objectifs électoraux de court terme, ont peu d’incitation à réduire la dette. Pourquoi ? Parce que les conséquences (crises économiques, hausse des taux d’intérêt) seront supportées par les générations futures. En revanche, les citoyens, qui eux n’ont pas participé à ces décisions, subissent des incitations punitives (impôts, austérité).
Laffont aurait sans doute recommandé des mécanismes pour aligner les incitations des décideurs avec l’intérêt à long terme. Par exemple, des bonus pour les responsables réduisant le déficit et des sanctions pour les dépenses irresponsables. Sans ces garde-fous, la dette française continue de croître, et les appels à « l’effort collectif » apparaissent comme une manipulation des incitations. Une manipulation politique opérée pour que les citoyens paient pour ces « erreurs » des élites que certains considèrent plutôt comme des malveillances délibérées, et donc un crime autrefois dénommé « haute trahison » et qui jadis était punie de mort. Et, ce qu’il y a incroyable et de totalement inadmissible, c’est que celui qui aujourd’hui, comme Premier Ministre, veut imposer aux citoyens français de « faire des efforts » pour résorber une dette publique française abyssale qu’il a augmenté de 65 milliards d’euros avec les deux lois de finances qu’il a fait adopter (budget et sécurité sociale), c’est François Bayrou : l’ancien commissaire au plan qui pantouflé pendant 4 ans, aux grands frais de la Princesse et pour le plus grand malheur du pays, puisque c’est sur la base des 4 rapports bidons qu’il a pondus durant cette période, que les gouvernements nommés par Emmanuel Macron ont pris les décisions qui au total ont ajouté à la dette publique française 1 300 milliards d’euros en 8 ans.
Une illustration des plus criantes du pantouflage et du fait que ce sont précisément ceux qui ont causé tous ces problèmes (qui plus est fort possiblement de manière délibérée), qui aujourd’hui essaient de nous faire croire qu’ils peuvent mettre en place des solutions pour résoudre ces problèmes. Aucun d’eux, bien sûr, ne prend le temps de faire référence à la citation d’Einstein : « On ne peut résoudre un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». Ce à quoi je me permets d’ajouter celle-ci, de, pardon, je ne sais plus qui : « Si vous croyez que les politiciens peuvent résoudre un problème quel qu’il soit, c’est que vous aussi vous faites partie du problème. »
Une théorie à manier avec précaution
La théorie des incitations de Jean-Jacques Laffont a transformé l’économie : elle a offert des outils puissants pour gérer les asymétries d’information et aligner les intérêts. Appliquée à la vaccination Covid, elle a permis d’augmenter les taux de vaccination. Dès lors que la sécurité des vaccins Covid est tout sauf établie, tant à court terme qu’à long terme, avoir mis cette théorie à disposition des puissants (industries et gouvernements) est déjà une abomination en soi. Et, en outre, l’usage opaque et parfois coercitif de cette théorie a alimenté la méfiance, notamment en raison de contrats vaccinaux non transparents, et de données scientifiques lacunaires.
Les risques de collusion, soulignés par Laffont, je le répète exprès, sont inévitables lorsque les montants qui sont en jeu se chiffrent en dizaines ou centaines de milliards d’euros. Cette évidence s’est matérialisée, on ne peut plus manifestement dans la gestion de la crise sanitaire et avec l’évolution de la dette publique française. Et avec ceci en malus : les décideurs échappent systématiquement à toute responsabilité (par copinage judiciaire ou protégé qu’ils sont par les lois qu’ils ont fait voter en ce sens), tout en imposant des efforts aux citoyens. Toujours plus d’efforts pour les payeurs, aucun pour ceux qui décident de ces dépenses pharaoniques . Ces centaines de milliards d’euros dont finalement on ne sait pas toujours, ou pas du tout, dans les poches de qui ils ont atterri, ni si leur utilisation, avancée patente à 100 % par les politiciens qui ont dépensé ces centaines de milliards d’euros, a bel et bien été effective dans telle ou telle mesure.
Pour éviter ces dérives, il est impératif d’adopter des mécanismes de transparence (publication des contrats, audits indépendants), de réduire les rentes informationnelles, et de concevoir des incitations qui servent l’intérêt public plutôt que des intérêts privés. Et, évidemment, il faut ajouter des sanctions pénales, professionnelles et civiles très lourde pour tout décideur ou industriel qui concourt à ces dérives de manière fautive.
Sans ces précautions, la théorie des incitations, bien que puissante, devient immanquablement une arme de domination de masse, qui outre le fait de concourir grandement à ces dérives, creuse le fossé dorénavant abyssal lui aussi, qu’il y a entre les populations et leurs institutions.
1)Exactement comme les physiciens qui ont rendu publique la fission de l’atome, qui plus est en pleine période de guerre mondiale, doivent obligatoirement être considérés comme sachant alors pertinemment que les puissants du moment allaient l’utiliser pour fabriquer une arme. Ou alors, ils étaient vraiment plus que naïfs : complètement déconnectés de la réalité de ce monde.