• ven. Oct 4th, 2024

Le livre-marchandise, un danger écologique, par Claire Lecœuvre (Le Monde diplomatique, octobre 2024)

ByVeritatis

Oct 4, 2024


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Brian Dettmer. — « Household Physicians » (Médecins à domicile), 2021

© Brian Dettmer

Durant les six premiers mois de 2024, des libraires belges et français ont mené une grève singulière. L’association Pour l’écologie du livre proposait une « trêve des nouveautés » en refusant certains titres sur des critères volontairement nébuleux ou surprenants : les parutions d’un mois sur deux, le catalogue d’une seule maison d’édition, un seul titre par structure, ou encore en refusant les couvertures bleues, les auteurs d’un certain renom, etc. « À système absurde, réponse absurde », explique en souriant Mme Anaïs Massola, présidente de l’association. « Notre proposition a fait sens, non pas parce qu’elle était radicale, mais parce qu’elle était moins absurde que le quotidien des libraires depuis des années. »

Nombre de personnes travaillant dans la filière ressentent ce malaise, tant d’un point de vue social qu’environnemental. Car les deux sont liés. « À la naissance de l’association, en juin 2019, il y avait une sidération générale. Mon métier de libraire, qu’on dit être passeur de textes, a-t-il encore du sens quand 90 % de mon travail consiste à déballer et à remballer des cartons ? Être auteur, éditeur, à quoi cela sert-il quand la plupart des nouveautés ne restent qu’environ trois semaines en librairie ? », note Mme Massola, qui dirige la librairie Le Rideau rouge, à Paris. « Une critique de la chaîne du livre, d’un point de vue écologique, conduit à se rendre compte qu’il s’agit d’un problème systémique, qu’il y a des logiques capitalistes, financières et industrielles derrière. Nous réfléchissons à partir de trois piliers : l’écologie sociale, symbolique et matérielle. La manière dont on décide de fabriquer un livre a des implications sociales, par exemple avec la délocalisation des imprimeries. »

« Ensuite, le livre est un véhicule d’idées, poursuit Mme Massola. Or il y a un paradoxe entre le nombre de choses produites et la réelle diversité des idées produites. On assiste à une logique d’auteurs à succès qui fabrique de la monoculture et nuit à la (…)

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