par Mohamad Alqeeq
Seule une communauté internationale préférant pour l’instant l’hypocrisie à l’action décisive, accordant à Israël un passe-droit pour l’impunité, peut encore préserver l’humanité & valeurs morales.
«Nous faisons pour les gouvernements ce qu’ils ne peuvent faire eux-mêmes. Même si vous en parlez à Netanyahu aujourd’hui, il est très satisfait de ce que nous accomplissons ici et de nos projets, mais il ne peut pas le dire».— Daniella Weiss, leader des colons israéliens, dans un documentaire de la BBC
Daniella Weiss, éminente leader des colons israéliens en Cisjordanie, s’est vantée dans une interview à la BBC de son rôle dans l’expansion des colonies illégales et l’intensification des attaques de colons contre les Palestiniens, en violation flagrante du droit international.
Elle a été nominée en mars 2025 au Nobel de la paix pour ses tentatives de création de «communautés juives». Ses propos soulignent les liens étroits entre les colons et le gouvernement israélien, fait qui n’est pas surprenant quand on sait que des ministres influents, tels que le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, vivent eux-mêmes dans des colonies illégales en Cisjordanie.
Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, présente souvent Israël comme garant de la sécurité de l’Europe, le décrivant comme un «État démocratique» qui défend la civilisation occidentale contre les «hordes arabes», un discours qu’il a promu à l’échelle internationale, notamment lors d’interventions adressées au public européen à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, et lors de prises de parole devant le Congrès américain.
En 2016, le ministre israélien du Logement a appelé à l’expansion des colonies de Cisjordanie en vue d’accueillir les nouveaux colons français. Ce plan s’inscrit dans le cadre des tentatives de l’Agence juive pour l’immigration de faire venir 100 000 colons en Israël, en violation flagrante du droit international. Netanyahu, alors Premier ministre, s’est rendu en France avec le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman pour promouvoir cette «politique d’immigration».
Les gouvernements israéliens successifs ont poursuivi dans la même voie, souvent au détriment pur et simple des Palestiniens. Dans son livre A Place Under the Sun, il décrit la création d’un État palestinien comme un »danger mortel» pour Israël et insiste sur l’importance de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain pour la sécurité nationale d’Israël.
Ces déclarations et ces politiques des dirigeants, colons, responsables gouvernementaux et institutions israéliennes ont pour l’essentiel été ignorées par la communauté internationale, qui n’a pas jugé bon de faire respecter le droit international, de protéger le processus de paix ou de garantir la souveraineté palestinienne.
Des discours creux & une politique du deux poids, deux mesures.
La passivité de la communauté internationale a encouragé les extrémistes israéliens à intensifier leurs tentatives d’annexion de terres et d’expulsion. En voici quelques exemples :
- Des déclarations insipides : les Palestiniens ont été inondés de déclarations de l’UE, des États-Unis et du Royaume-Uni affirmant leurs droits, mais aucune mesure concrète n’a été prise pour mettre fin aux attaques des colons ou faire respecter les promesses de l’UE de tenir les colons pour responsables.
- Levée des sanctions : Les États-Unis ont levé les sanctions contre les colons et ont accueilli Smotrich et Ben-Gvir, qui résident dans des colonies illégales, encourageant ainsi de nouvelles violences.
- Absence de sanctions : ignorer les recommandations de la CIJ et de la CPI encourage Israël à se croire au-dessus des lois, alimentant ainsi les agressions des colons et de l’armée.
- Accueil de responsables criminels : les États-Unis et les États membres de l’UE, dont la Hongrie, ont reçu Netanyahu, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI.
- Soutien économique : les usines implantées dans les colonies exportent leurs produits dans le monde entier, accroissant ainsi le pouvoir des colons, tandis que le mouvement BDS a été interdit dans plusieurs pays, faisant taire les défenseurs de la cause palestinienne.
- Contrôle du discours : les voix palestiniennes sont censurées, tandis que la propagande de l’armée israélienne et des colons prolifère en toute impunité.
- Financement direct : les gouvernements de l’UE, du Royaume-Uni et des États-Unis apportent un soutien aux organisations de colons tout en bloquant l’aide aux Palestiniens, contribuant ainsi à la mise en œuvre de politiques de nettoyage ethnique et de déplacement de population.
- Couverture diplomatique : l’annulation d’une conférence des Nations unies sur la solution à deux États a porté un coup direct aux droits des Palestiniens et a implicitement approuvé les objectifs des colons.
- Protection commerciale : le refus de l’UE de suspendre ses accords commerciaux avec Israël légitime l’expansion des colonies et porte atteinte à sa propre crédibilité.
Ces prises de position ont donné lieu à une collaboration accrue entre l’armée israélienne et les colons pour étendre ce qu’ils nomment «la Judée et Samarie» en Cisjordanie.
Le temps presse pour les défenseurs de la justice qui souhaitent sauver Gaza, victime d’un génocide, et la Cisjordanie d’une annexion systématique.
Seule une communauté internationale qui jusqu’à présent a préféré l’hypocrisie à l’action décisive, accordant ainsi à Israël un passe-droit pour l’impunité, peut encore préserver l’humanité et les valeurs morales.
source : Quds News Network via Spirit of Free Speech