Matteo Salvini critique encore Macron, la France convoque l’ambassadrice italienne pour dénoncer des “propos inacceptables”


Matteo Salvini revient à la charge. Le vice-Premier ministre italien a réagi à l’initiative franco-britannique de constituer une “coalition des volontaires”, particulièrement la possibilité de déployer des troupes européennes sur le front ukrainien. Après avoir plusieurs fois qualifié le président Emmanuel Macron de “fou”, le chef de la Ligue lui a suggéré cette fois-ci de “mettre un casque”, “prendre un fusil” et “y aller lui-même”. Paris a réagi en convoquant l’ambassadrice de l’Italie pour lui exprimer sa colère.

La coalition des volontaires a été créée le 2 mars 2025 lors du sommet de Londres organisé par le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron. Cette alliance regroupe une trentaine de pays, dont la majorité des grandes nations européennes, l’Union européenne et l’OTAN, ainsi que des pays comme la Turquie et le Canada. Elle a été formée pour garantir un soutien coordonné et durable à l’Ukraine face à l’invasion russe, dans un contexte marqué par l’incertitude des États-Unis suite à des revirements politiques. 

La coalition prévoit notamment la création d’une “force de réassurance” destinée à intervenir en Ukraine en cas de cessez-le-feu afin d’y assurer la sécurité. 

Salvini en remet une couche

L’initiative a tout de même suscité des avis mitigés. En Russie, naturellement, où le Kremlin a dénoncé une initiative de “belliciste” et “antirusse”. Cette coalition et sa “force de réassurance” vient donner concrètement forme à une possibilité qui était évoquée de longue date parmi certains États membres de l’OTAN, à savoir un déploiement de troupes sur le front ukrainien. Depuis le début du conflit en 2022, l’envoi de forces militaires de l’OTAN directement en Ukraine a été un sujet sensible et largement débattu en raison du risque d’escalade avec la Russie. Les pays de l’OTAN ont principalement limité leur soutien à l’aide matérielle, logistique et financière, tout en refusant un engagement direct sur le terrain pour éviter une confrontation militaire ouverte avec Moscou.

Mais Emmanuel Macron s’était illustré par des déclarations sans ambiguïté. À plusieurs reprises depuis le début de l’année 2025, il a exprimé publiquement sa volonté de ne rien exclure, y compris l’envoi de troupes européennes sur le terrain ukrainien, dans un effort de dissuasion face à Moscou. Ses propos, bien que salués par peu de partenaires, ont suscité de fortes inquiétudes et des critiques dans divers pays européens, soucieux d’éviter une escalade avec la Russie.

Le vice-président du Conseil des ministres italien Matteo Salvini fait partie des détracteurs qui ont dénoncé la perspective d’une Europe entraînée vers la guerre sous la houlette de Macron, allant jusqu’à qualifier le président français de “fou” et à l’accuser de mettre en danger la paix sur le continent.

Lors d’un déplacement à Milan la semaine dernière, Matteo Salvini, interrogé sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine, est resté fidèle à sa position et son ton, suggérant qu’Emmanuel Macron “y aille lui-même”, avec un casque et un fusil. 

« Mets ton casque, ta veste, ton fusil et va en Ukraine », a-t-il déclaré.

Paris convoque l’ambassadrice italienne 

Il a exprimé son soutien à la politique des États-Unis et du président Donald Trump à l’égard de l’Ukraine. “Avec ses manières, qui peuvent parfois paraître brusques ou non conventionnelles, il réussit là où tous les autres ont échoué”, a expliqué le chef de la Ligue, en référence à Donald Trump. Il a critiqué les tentatives de “construire des armées européennes, de réarmement européen et de dettes européennes communes pour acheter des missiles de Macronat”.

Cette fois-ci, Paris a réagi. Le Quai d’Orsay a convoqué jeudi l’ambassadrice d’Italie en France, Emanuela D’Alessandro, “à la suite des propos inacceptables” dit-on, tenus par le vice-premier ministre italien.

“Il a été rappelé à l’ambassadrice que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays, mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine”, explique une source diplomatique à plusieurs médias, en référence, entre autres, à la déclaration commune dans laquelle figurent aussi bien la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni qu’Emmanuel Macron.

Après les États-Unis, avec les critiques de Trump depuis son retour à la Maison Blanche, c’est au tour de l’Italie désormais de faire vaciller l’image de Macron. Cette série de provocations souligne les difficultés actuelles de la diplomatie française, fragilisée par des choix stratégiques et une posture internationale contestée. Plutôt que d’imposer un leadership serein, Emmanuel Macron se heurte à des critiques de plus en plus virulentes, non seulement outre-Atlantique, mais aussi au sein même de l’Union européenne. Ces critiques publiques, italienne ou américaine, jointes à l’incapacité du Quai d’Orsay de s’imposer sur des questions géopolitiques d’actualité, illustrent une diplomatie macroniste en perdition.





Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *