Du Mexique au Venezuela, depuis quelques semaines, Washington lance des provocations et des menaces d’interventions terrestres à plusieurs pays d’Amérique Latine remettant en cause l’intégrité territoriale de ces nations.
Ces derniers jours, les États-Unis ont envoyé trois navires militaires au large des côtes du Venezuela. L’objectif officiel de la mission des navires de débarquement est la lutte contre les cartels de la drogue. À bord se trouveraient 4 500 militaires, dont 2 200 marines. Selon les informations officielles, les marines doivent combattre le gang « Cartel de los Soles ».
Mais cette lutte contre les cartels semble être un justificatif bien maigre et pourrait cacher une volonté d’ingérence et de déstabilisation du gouvernement de Nicolas Maduro, un des principaux opposants au gouvernement US en Amérique latine.
Il existe deux tendances à Washington :
- Une pragmatique qui constate que Nicolas Maduro est en poste et qui fait des affaires avec le Venezuela, notamment en ce qui concerne le pétrole
- Une fanatique qui veut éliminer le régime chaviste
En fait, ces deux tendances ne s’annulent pas, elles coexistent. Au moment où le gouvernement de Donald Trump autorisait Chevron à continuer de commercer le pétrole vénézuélien, s’est montée lentement une opération contre ce pays. Cette opération a commencé en fait dès février 2025 lorsque le gouvernement Trump a mis sur la liste des organisations terroristes une série de cartels de la drogue comme les cartels mexicains (Sinaloa, Cartel del Golfo,…) mais aussi la bande salvadorienne, la Mara salvatrucha et celle vénézuélienne, Tren de Aragua.
En ce qui concerne la bande salvadorienne, elle a été démantelée par le président du pays, Nayib Bukele. Pour ce qui est de Tren de Aragua, cette bande vénézuélienne a été éradiquée au Venezuela, mais plusieurs membres de cette organisation ont émigré dans différents pays de la région. Dans ces pays, ils sont devenus quelque peu le « loup blanc », les responsables de l’insécurité et de tous les autres maux cependant ceci est démenti par les chiffres. Par exemple, au Pérou, sur 87 000 prisonniers seulement environ 2 000 sont Vénézuéliens dont 200 appartiendraient au Tren de Aragua.
En fait, le Tren de Aragua semblerait être un chiffon rouge que Donald Trump agite pour essayer de relier le gouvernement bolivarien à la criminalité organisée et aux organisations terroristes.
En août 2025, Donald Trump a élargi cette liste d’organisations terroristes, notamment en y incluant la guérilla colombienne de l’ELN, les dissidents des FARC mais aussi le Cartel de los Soles.
Le Cartel de los Soles serait un immense « fake » qui date de plusieurs années comme l’a démontré dans un ouvrage le professeur espagnol Fernando Casado. À ce jour, il n’existe aucune preuve de ce que les médias ont lancé, c’est-à-dire une relation qui relierait l’exécutif vénézuélien à un cartel qui commercialiserait de la drogue.
On rappelle que le Venezuela ne produit pas un gramme de cocaïne contrairement à la Colombie (65 % de la production sur le continent), le Pérou (20 %) et la Bolivie pour le reste. Cependant, le Venezuela est un pays où les narcotrafiquants aimeraient voir transiter leurs drogues car c’est la sortie la plus simple vers l’Afrique et l’Europe, mais, en réalité, même les chiffres de l’ONU le montrent, la plupart des chargements de drogues notamment la cocaïne sortent par la Colombie, voire par l’Équateur pour aller vers les États-Unis et l’Europe.
Le Cartel de los Soles serait donc un « fake » pour relier directement Nicolas Maduro au trafic de drogue et aux organisations terroristes.
Parallèlement à l’inscription de ce cartel inexistant semble-t-il sur la liste terroriste US, les États-Unis ont augmenté à 50 millions de dollars US la récompense pour toute information pouvant mener à l’arrestation ou l’élimination de Nicolas Maduro. Cette récompense entre-t-elle encore dans une démarche démocratique, la question reste posée ?
Pamela Bondi, la Procureur Générale US, a déclaré que le président vénézuélien « n’échappera pas à la justice et qu’il devra répondre de ses crimes ignobles ».
Ces dernières semaines, comme le révèle le New York Times, Donald Trump a autorisé le Pentagone à agir en dehors des frontières US pour éliminer des groupes terroristes ou des cartels de la drogue. Dans cette perspective, le Mexique, la Colombie et, bien évidemment avec le Cartel de los Soles, le Venezuela sont menacés. D’après les accusations de la Maison Blanche, Nicolas Maduro serait même le dirigeant suprême du cartel inexistant de los Soles.
La Présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, mais aussi le Président de la Colombie, Gustavo Petro, qui luttent contre les cartels nationaux ont démenti totalement un quelconque lien entre Nicolas Maduro et les cartels de la drogue mexicains et colombiens.
On voit donc que les États-Unis montent une opération de toute pièce visant à justifier une intervention militaire contre le Venezuela. À cela, parallèlement, ont été démantelées ces dernières semaines, des cellules terroristes par le gouvernement vénézuélien, une à Caracas qui aurait visé à faire exploser des bombes sur la Plaza Venezuela (place très fréquentée par les familles notamment) et une autre à Maturin où 54 000 charges creuses (charges pour attaquer les tanks) ont été saisies dans un hangar.
Il y a donc énormément de tensions actuellement au Venezuela qui doit faire face à de grandes opérations de « barbouzerie » et à une menace d’intervention directe des États-Unis.
Washington aurait- il de nouveau pris l’habitude de faire fi du droit international, se lançant dans une série de déstabilisations en Amérique latine et plus précisément dans des pays dont les gouvernements dérangent la Maison Blanche et, de surcroît, s’ils ont des ressources naturelles abondantes notamment du pétrole ? Un débarquement de troupes US sur le sol vénézuélien, réputé proche des BRICS+, serait certainement un test pour les pays non seulement d’Amérique Latine mais également pour le monde multipolaire. Il n’est pas à douter que les réactions internationales vont être scrutées de près par le gouvernement de Donald Trump qui semblerait lancer des provocations pour savoir quelles limites lui sont posées.