La manipulation par la peur, encore ! – Les moutons enragés


Faire peur. La technique est éprouvée et c’est encore une fois la méthode utilisée pour éviter la débâcle des politiciens accrochés à leurs privilèges comme une bernique sur son rocher. La peur du chaos, la peur d’un scénario « à la Grecque » doit inciter élus et électeurs à « la raison ». Pas une émission radio ou télé qui n’alerte sur le risque de catastrophe en cas de nouvelle dissolution. Tous, ou presque, s’acharnent à dire, Gabriel Attal en tête, que François Bayrou doit rester premier ministre et que, le cas échéant, il ne faudrait pas retourner aux urnes.

Un scénario de crise, de panique, qui est censé retenir tout le monde afin de garantir « la stabilité du pays ». Mais, de quoi parle-t-on ? D’un pays endetté jusqu’au cou et plus encore par des gestionnaires de pacotille qui veulent faire croire qu’ils sont des Mozart de la finance ? D’une dette abyssale contractée par des irresponsables incapables de stopper la gabegie et terriblement attachés à leurs privilèges ? D’une dette encore creusée par l’absence de toute réforme de fond sur les dépenses de l’Etat, dépenses que l’Etat lui-même ne parvient plus à chiffrer ? D’un pays livré à la violence et à l’insécurité ? D’un pays où la justice ne profite qu’aux criminels et aux protégés du système ?

Alors on fait peur pour tenter d’assurer la stabilité du pays. Une stabilité représentée par François Bayrou, rappelant toujours « le grand danger que représente le surendettement pour la France », la peur toujours, mais qui reste convaincu « que les français accepteront de participer à l’effort », « tant qu’il est juste ». Pire encore, certains acceptent. Certains, dans un esprit de résilience frôlant l’absurdité la plus totale, acceptent de participer à cet effort sur la dette que ce Gouvernement, et les précédents, ont joyeusement creusé. Non, désolé, rien n’est juste dans tout cela.

A ce propos, notre ancien ministre des finances, le tristement célèbre Bruno Lemaire qui a laissé augmenter la dette d’environ 1000 milliards d’euros supplémentaires, n’a pas été tenu responsable. Il a même rejeté la faute sur les services dont il était le chef, sans qu’aucune responsabilité ne lui soit attribuée. Alors, à quoi pouvait-il bien servir ? A quoi bon lui verser ses émoluments de ministre et tout le train de vie qui va avec pour finalement n’être jamais responsable, je n’ose dire comptable, de rien ? Pas de problème, il a pour autant reçu la Légion d’Honneur et s’est recyclé dans l’enseignement de l’économie, si, si, dans une Université Suisse !

Dans l’émission « Capital » diffusée sur M6 en début d’année, il était question de l’amendement porté par la sénatrice Nathalie Goulet qui visait la suppression des avantages des anciens chefs d’Etat et Premiers ministres. Voté par le Sénat, il a purement et simplement disparu de l’ordre du jour de la commission mixte paritaire. Enterré sans même avoir été débattu. Il faut dire que François Bayrou y était très opposé… Certes, ce n’était qu’une goutte d’eau, mais au moins sur le principe cela aurait été un bon signal.

Quant à notre cher (dans tous les sens du terme) Président il « assume sa part » selon un article du JDNews. « Cette part (de responsabilité), c’est la protection des français face à des crises historiques : c’est le salaire versé pendant le Covid, c’est la facture d’électricité gelée pendant l’inflation ou la retraite indexée ». Comme à l’accoutumée, il ne manque pas de culot. D’abord il « n’assume » rien puisqu’il reste en place et que cela ne lui coûte pas un denier personnel. Facile d’assumer ainsi ! La gestion du Covid a été une vraie catastrophe, la facture d’électricité est liée aux accords avec l’Europe et surtout l’Allemagne, cela n’aurait rien dû coûter et quant à l’indexation des retraites, Bayrou propose de la geler et d’imposer plus encore les retraités…encore une drôle de façon « d’assumer » !

Alors non, c’est de la situation actuelle dont il faut avoir peur. Peur de ce Gouvernement complètement irresponsable et incapable de faire les réformes attendues, peur d’une situation figée qui verra la dette continuer d’exploser. Peur des impôts déguisés en rabotant les niches fiscales et en supprimant des jours fériés, peur de ce budget d’austérité qui ne touchera que le peuple, en particulier celui qui travaille. Il ne faut pas avoir peur du changement, du bouleversement, d’une vraie politique de grande réforme des institutions, il faut avoir peur de l’immobilisme. Et cette fois, les moutons ont vraiment la rage.

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A propos Sylvain Devaux

Universitaire de formation (Géographie et histoire), responsable d’archives après une carrière dans le tourisme, mais aussi correspondant de presse et ancien rédacteur en chef de la Robolution (Insolentiae).



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