En Italie, des féministes occupent un planning familial abandonné


Dans l’Italie de Giorgia Meloni, les droits des femmes sont sérieusement menacés, particulièrement en ce qui concerne l’accès à l’avortement. Un rétropédalage inquiétant qui s’oppose à l’autodétermination des femmes. Face aux violences de genre et aux politiques réactionnaires, le mouvement féministe et transféministe italien tente de reprendre la main par l’occupation d’un planning familial.

Difficultés d’accès à l’IVG

Si la loi de 1978 ayant assuré la dépénalisation de l’avortement n’est pas directement remise en cause, la plupart des régions rendent de plus en plus difficile l’accès à l’IVG, du fait de la prise de pouvoir de celles-ci par la coalition des droites (Forza Italia) et des extrême-droites (Fratelli d’Italia et Lega). Les régions sont en effet « autonomes et compétentes en matière de santé publique » en Italie d’après Politis

Une aubaine pour le gouvernement Meloni qui met progressivement et concrètement en péril les droits des femmes. Selon la gynécologue Marina Toschi, les gouvernants « ne peuvent pas supprimer la loi, alors ils rendent l’avortement impossible ». De plus, les structures publiques des consultori (équivalent du pluriel italien de planning familial, consultorio au singulier) sont en net déclin dans le pays, contraintes de fermer une à une faute de financement par les pouvoirs publics. 

En Vénétie, où l’on retrouve les villes de Venise et Padoue, les fonds monétaires sont prioritairement attribués aux familles anti-choix (terme plus révélateur de son impact social par rapport à celui de « pro-vie ») selon Politis, plutôt que de financer des politiques de soutien aux familles. 

À Padoue, on ne retrouve plus que 4 espaces de planning familial, soit 1 pour 52 000 habitants. La loi de 1975 stipule pourtant qu’un consultorio doit recouvrir une population de 20 000 habitants. 

Pour Marina Toschi, ce soutien financier aux femmes enceintes « n’est pas pour l’enfant, c’est pour empêcher l’avortement » ; dans un pays où l’éducation et les informations sur l’IVG sont presque inexistantes, où beaucoup d’hôpitaux ne proposent pas cette pratique, où les procédures pour avorter sont complexes, et où conséquemment de nombreuses femmes avortent illégalement. En Vénétie, 70% des gynécologue invoquent la clause de conscience et refusent d’administrer des services d’avortement, selon Non Una Di Meno. Un pays où l’IVG est légal n’est pas synonyme d’accès sûr et libre à ce droit, l’Italie en est la preuve. 

Avortons le patriarcat. Photo : Luca Profenna.

En France, l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution représente une protection supplémentaire. Mais la formation du nouveau gouvernement Barnier vient menacer à nouveau sérieusement ce droit. Au-delà d’être illégitime démocratiquement après la victoire du NFP aux élections législatives, ce gouvernement voulu par Emmanuel Macron est composé d’au moins 5 ministres anti-IVG et homophobes selon Caroline De Haas, militante féministe et fondatrice de NousToutes. 

Occupation d’un consultorio abandonné

Dans ce contexte, l’occupation d’un ancien planning familial (fermé en 2019) par le mouvement féministe Non Una Di Meno à Padoue, est plus que symbolique. En effet, ce type d’espace représentait autrefois une grande avancée pour le féminisme, mais aussi un lieu de soutien, de solidarité, et d’accompagnement médical pour les femmes. 

Cette occupation souligne la volonté de reprise de contrôle sur les droits des femmes et l’accès aux soins, alors que l’extrême-droite et les injonctions néolibérales mènent à bien leur projet d’écrasement des minorités et la destruction des services publics au nom de la sacro-sainte croissance.


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Selon Alessia, que nous avons interviewée aux côtés d’Eva (toutes deux militantes féministes à Padoue), le planning familial accueillait des personnes de zones très amples et populaires, ne se limitant pas à son seul quartier. C’était un lieu « où l’on pouvait exercer son propre droit, avant tout celui de la santé ». Elle précise que la – bonne – santé ne signifie pas seulement l’absence de maladie, mais englobe aussi l’accès au bien-être, aussi bien individuel que collectif et relationnel. 

Création de la Consultoria

L’ancien planning familial a été occupé le 8 mars 2024 par Non Una Di Meno Padoue lors de la grève transféministe. Le mouvement italien a alors expliqué ce choix : 

« Cela fait des années que cet espace a été abandonné par les institutions, laissant un vide dans le quartier et dans toutes la zone sud-ouest de Padoue. Les conséquences de la casse sanitaire se reflètent aujourd’hui sur nos corps de manière violente, nous laissant sans prévention ni soins médicaux. »

« Consultoria libérée ». Crédit : Luca Profenna.

Elles ajoutent qu’au-delà de la désertification strictement médicale, « les femmes se voient priver de lieux de discussion et d’écoute, de confrontation et d’auto-formation sur la sexualité, le consentement et l’affectivité ». Les consultori devraient donc être des lieux sûrs ouverts à tous·tes, où l’on pourrait parler d’avortement, d’autodétermination et de liberté de choix, d’après le mouvement.

Autre symbole important, c’est l’extension féministe de l’espace du planning familial, sur le fond comme sur la forme. En effet, le nom choisi pour ce lieu féministe : La Consultoria est en réalité la renomination au féminin (comme symbole de l’activisme féministe) du mot consultorio

D’après Eva, l’objectif de la Consultoria n’est pas de se substituer aux consultori, mais de s’en inspirer, les relancer et les faire évoluer. Le but est de « créer un espace alternatif, une conception alternative du féminin et des femmes », mais encore un lieu d’expérimentation et de confrontation. Pour Alessia, la création de la Consultoria et sa déclinaison féministe entrent dans une logique de « réappropriation d’un récit sur la santé publique », de dénonciation des conditions des femmes, mais aussi de politisation :

« qui mieux que nous [les femmes] pour connaître notre propre corps ? »

La puissance de l’occupation de l’espace public

Un espace physique était devenu nécessaire pour l’un des mouvements sociaux les plus importants de la ville, n’ayant pas eu de siège fixe durant plusieurs années. Dans un précédent article, nous parlions de l’importance de l’occupation de l’espace public. Cette forme d’action est en effet un excellent moyen de faire de la politique, de propager une forme de réalité divergente par rapport à celle imposée – et par ailleurs abstraite – par le contrôle de l’administration.

« Sorella facciamoci spazio » (Sœur faisons-nous un espace)

Cette phrase résonnait comme une évidence au sein du mouvement. Si la création de la Consultoria est un grand pas en avant, Alessia met en garde sur le risque de s’enfermer à l’intérieur de cet espace : les activités au nouveau siège de Non Una Di Meno doit s’ajouter à l’occupation des places et de la rue, et non s’y substituer ; comme une plus-value aux forces déjà présentes.

Crédit : Luca Profenna.

L’espace de la Consultoria permet aussi au mouvement d’être plus accessible, visible et permet de proposer plus d’activités qu’auparavant, en plus de la théorie et de l’auto-formation.

La Consultoria propose aujourd’hui des assemblées, des formations, des moments de socialisation, d’information, d’accompagnement ; elle accueille aussi des personnes expertes : une gynécologue et une thérapeute du plancher pelvien sont récemment passées pour transmettre des outils. Pour Alessia, ce sont des instruments d’autodétermination, qui permettent aux femmes de pouvoir rétorquer leur expertise lorsqu’un médecin les infantilise. 

De même, pour Eva, la Consultoria est un « laboratoire de construction ». Bien que les militantes ne cherchent pas à se substituer aux pratiques médicales et ne prennent pas d’initiatives gynécologiques par exemple, elles considèrent que le partage de savoirs est toujours un cercle vertueux.

Histoire Non Una Di Meno

Non Una Di Meno (« Pas une de moins » en italien) est un mouvement féministe, transféministe et intersectionnel, dont la branche italienne est née en 2016. Celui-ci se bat contre toutes les formes de violence de genre, et contre tous les visages qui assument le maintien du patriarcat dans la société dans laquelle nous vivons. 

Le mouvement reprend la forme de Ni Una Menos né en Argentine en 2015, et qui s’est élargi à l’international. À l’origine, la poètesse mexicaine Susana Chávez déclarait : « Pas une femme de moins, ni une morte de plus » ; dénonçant les féminicides survenus dans sa ville natale de Ciudad Juárez, où la poétesse est morte pour la même raison : être une femme.

Les mobilisations féministes de mai 2015 font suite à divers épisodes de violences patriarcales et au féminicide de l’adolescente de 14 ans, Chiara Paez, dans la province argentine de Santa Fe. Ces crimes ont conduit quelques semaines plus tard à la création de Ni Una Menos.

À bas le patriarcat !

Pour Alessia, la naissance de Non Una di Meno est la conséquence de la violence patriarcale que subissent les femmes et les minorités de genre, y compris à l’intérieur des mouvements sociaux : centres sociaux, espaces multisports, associations de la société civile, etc.

Même lorsque ces espaces défendent des valeurs antifascistes et féministes, des comportements machistes et misogynes se produisent ; avec peu de réactions, autocritiques ou visibilité donnée à ces agissements de la part des camarades. Pour Alessia, ces phénomènes surviennent à cause des normes sociales qui nous ont habitués à ces types de comportement.

« Pas tous les hommes = toujours trop nombreux », pancarte à l’intérieur de la Consultoria. Photo : Fsociété.

Nommer et rendre visible les violences produites par les hommes est indispensable pour dénoncer un système patriarcal intégré par tous les hommes. Les violences sexistes et sexuelles (VSS) touchent absolument tous les milieux, toutes les classes sociales, tous les secteurs d’activité, tous les partis politiques, et sont commises en grande majorité par des hommes. 

Le patriarcat est donc un phénomène total et un système inculqué à chaque homme (mais aussi intégré par les femmes). Seul un processus continu de déconstruction peut remédier à cela.

En France, des VSS existent également au sein de partis de gauche, des groupes militants et associatifs. Par exemple, les violences sexuelles commises par l’Abbé Pierre, d’après 20 témoignages. Ce personnage a été idéalisé au vu de ses combats pour défendre les personnes marginalisées. Pourtant, l’homme a abusé de personnes dans le besoin, mineurs inclus. Il a profité de sa position de force, selon la journaliste Isabelle De Gaulmin, mais aussi de la complicité de l’Église restée silencieuse. 

Féminicide de Giulia

La ville de Padoue a particulièrement été secouée par le féminicide de Giulia Cecchettin le 11 novembre 2023, à l’âge de 22 ans, commis par son ancien compagnon. La jeune fille était portée disparue avant que son corps ne soit retrouvé dans un ravin une semaine plus tard. 

« D’amour on ne meurt pas. Sœur, moi je te crois ». Photo : Luca Profenna.

Selon Eva, l’assassinat de l’étudiante de l’Université de Padoue a littéralement changé le cadre de l’activisme féministe et le discours des citoyen·nes : « Nous somme passées de petites assemblées à de grandes assemblées au sein de l’Université », constate-t-elle. 

Dès l’annonce du féminicide du Giulia, de nombreuses manifestations se sont succédés à Padoue, dont une réunissant 15 000 personnes selon Il Manifesto). Puis, le 25 novembre 2023, lors de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, un demi-million de manifestant·es à Rome a été dénombré.

« Quand Giulia a disparu, avant même de retrouver son corps, nous savions, nous avions toutes le pressentiment de ce qu’il s’était passé »

Ce pressentiment n’est pas anodin : Cela révèle les peurs que vivent les femmes au quotidien du fait que ces violences se succèdent.

Le féminicide de trop

Pour Alessia, le meurtre de Giulia est la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien trop plein (120 féminicides recensés en Italie en 2023) : « Giulia était potentiellement la proche de n’importe qui d’entre nous ». Surtout, l’auteur du crime, Filippo, lui aussi jeune étudiant à l’Université de Padoue, pouvait être le proche de n’importe qui. 

« Plus jamais seul.e. Plus jamais silencieux.se. » Photo : Luca Profenna.

Selon Alessia, les médias mainstream définissent les vies du meurtrier et de la victime comme « normales », un adjectif que n’utilise pas les militantes. Mais leur profil de jeunes étudiants blancs issus des classes moyennes, montre que les violences de genre peuvent arriver à n’importe qui et être commise par tout profil d’homme, pas seulement à la marginalité, comme voudraient le faire croire les idées reçues et les discours racistes. Aucune femme n’est à l’abri des violences du patriarcat.

Fait inédit : le père et la sœur de Giulia ont de suite communiqué de manière claire et lucide, en invitant à la mobilisation et en dénonçant ce féminicide comme le fruit du patriarcat et de la possessivité masculine. 

Alessia salut par ailleurs le courage d’Elena Cecchettin, sœur de la défunte, pour son passage en direct sur Rete 4 (chaîne de télé privée italienne présentant une ligne éditoriale favorable à l’extrême-droite) et le ciblage de son discours à l’encontre des dominations patriarcales. Les attaques des forces d’extrême-droite, dont la Lega, ne se sont pas faites attendre, d’après Alessia.

De plus, Eva considère que les massives mobilisations pour Giulia permettent aux femmes de ne plus être vues comme « l’habituelle fille qui exagère », comme une « folle » ou bien une « hystérique », lorsqu’elles disent avoir peur qu’un garçon les violente. La militante ajoute : 

« Ce féminicide nous a profondément touché, dans nos cœurs, en particulier dans la communauté universitaire. […] Cela nous touche tous·tes, nous réalisons que nous pouvons perdre ainsi la vie à padouE, ce féminicide est la réalité de nos vies. »

Eva raconte s’être mise à penser à toutes ses copines qui ont eu des problèmes de jalousie avec leurs compagnons : « Giulia était n’importe laquelle de mes copines, ou moi-même, c’est une camarade. Il ne s’agit plus d’une nouvelle du téléjournal que l’on regarderait de loin », dit-elle avec effroi et responsabilité.

Créer un langage féministe

« Pro-Vie ? Non, Anti-Choix » ; au sujet des personnes opposées au droit à l’avortement. Photo : Luca Profenna.

D’après Alessia, « les camarades qui ont organisé Non Una Di Meno ont été d’emblée très claires sur les concepts comme le consentement, le respect, l’éducation et les différences ». Elle ajoute que l’une des forces du mouvement est sa capacité à nommer les choses par la diffusion d’un langage spécifique. En effet, c’est en nommant et en donnant un cadre aux violences de genre, que l’on parvient à les inscrire dans les consciences collectives : « si nous ne pensons pas une forme de domination introspectivement, alors celle-ci n’existe pas ».

D’ailleurs, la militante insiste sur l’importance de l’infusion du vocabulaire féministe dans la progression du mouvement : « Non Una Di Meno n’a pas surgit le 25 novembre dernier (2023), c’est le fruit de huit années où tant de femmes et de personnes queer ont commencé à nommer dans l’espace public ces types de violences ». 

Cela a permis à ces personnes de mettre en lumière les violences patriarcales, dans une société qui voudrait les rendre coupables. À peine quelques années en arrière, il aurait été reproché aux victimes de féminicide de l’avoir « bien cherché » . Mais la donne semble avoir progressivement changé selon Alessia :

« Le travail de Non Una Di Meno a été celui de démanteler tous ces stéréotypes en créant un langage qui parvient à créer un imaginaire de libération vis-à-vis du système patriarcal. »

Pour Eva, le vocabulaire féministe atteint même le discours mainstream ; une terminologie que l’on commence à voir apparaître dans les médias de masse. Non Una Di Meno parvient à concilier son discours radical avec sa pénétration dans les discours de masse, malgré le risque de récupération par le système capitaliste.

Le revers de la médaille de l’occupation de l’espace public par les féministes, mais encore par les communautés LGBTQI+, est la recrudescence d’une onde de misogynie et d’homophobie en opposition : 

« Les forces fascistes se veulent de plus en plus féroces parce qu’elles ont peur de l’avancée de notre discours politique. »

Alessia reste d’ailleurs attentive sur le fait que combattre le fascisme ne suffit pas à gagner sur les questions du féminisme, de l’avortement, de la santé ou encore des droits humains. En effet, des partis politiques, prétendument proches des idées de gauche, votent en faveur de l’effort de guerre, selon la militante. Ces partis ont, par exemple, attendu de longs mois avant de prendre position contre le génocide en Palestine. L’impérialisme et le féminisme ne font pas bon ménage.

Dégradation du système de santé

« Nous faisons grève contre la violence patriarcale ». Sur les panneaux de gauche à droite : « Avec les sœurs palestiniennes » / « Pas de pays libre sans les femmes libres » / « Pas de 8 mars sans une Palestine libre ». Photo : Luca Profenna.

Ce qui nous a marqué en premier lieu lors de notre rencontre avec les militantes de la Consultoria, c’est leur capacité et leur volonté de penser l’intersectionnalité des luttes, de comprendre l’imbrication entre les violences de genre, de classes sociales ou encore de race. Par exemple, si la dégradation du secteur de la santé touche avant tout les femmes, notamment en ce qui concerne les difficultés d’accès à l’avortement, Alessia critique en amont les logiques néolibérales qui affecte les populations les plus vulnérables.

Selon la militante, les logiques criminelles de casse de la santé publique s’aggravent progressivement depuis plus de 20 ans. La logique du profit conduit à la privatisation du secteur, aux listes d’attente interminables, au renvoi du patient le plus tôt possible chez lui (parce qu’il est coût pour l’hôpital qui fonctionne désormais comme une entreprise), à la fermeture des consultori (4 sur les 12 dernières années à Padoue), ou encore à des coupes budgétaires, etc.

Le consultorio, né sur les ondes féministes des années 70, représentait ainsi une institution avant-gardiste très différente de la santé publique, avec une vision collective et une prospective non seulement sanitaire, mais aussi psychologique et sociale. Des espaces centrés sur la santé de genre, la logopédie pour les enfants, la parentalité, des services de psychologie ou encore de gynécologie. 

Désormais, ces lieux d’entraide sont directement attaqués par les politiques gouvernementales, lorsqu’ils ne sont pas abandonnés. En effet, le gouvernement Meloni a adopté le 23 avril 2024 une mesure autorisant les organisations anti-avortement à accéder aux consultori, une stratégie qui vient contrer idéologiquement l’autodétermination des femmes. 

« Nous voulons un Consultorio (équivalent du planning familial) pour chaque 20 000 habitants ». Photo : Luca Profenna.

Pour Eva, le consultorio devrait être un espace d’aide pour tous types de problèmes, comme un premier point d’accès. Quant à Alessia, elle s’inquiète des conséquences de la centralisation de la santé. En Vénétie par exemple, les grands hôpitaux centralisent la santé alors que les petites présences territoriales ferment peu à peu. Cela représente une double peine pour les personnes vivant en périphéries et délaissés par le système.

Conclusion

En somme, la Consultoria occupée par Non Una Di Meno est révélatrice de la volonté d’autodétermination des femmes et des minorités. La progression du mouvement et des valeurs transféministes sont le fruit d’un travail de longue haleine, et de la diffusion d’un langage permettant de révéler l’existence des violences de genre dans les consciences. Les mobilisations suite au féminicide de Giulia sont à la fois l’expression d’un trop plein et d’une menace constante et quotidienne pour les femmes. 

L’occupation de l’espace public est d’autant plus cruciale que le gouvernement néo-fasciste italien oppose une force tout à fait contraire aux droits des femmes et des minorités de genre. Les espaces de santé publique se dégradent voire disparaissent, en particulier les consultori ; alors que l’accès à l’IVG est peu à peu piétiné par les décideurs politiques, et ce dans l’irrespect de la loi de 1978 garantissant – en théorie – le droit à l’avortement.

– Benjamin Remtoula (Fsociété)


Photo de couverture de Luca Profenna.

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