5 techniques de manipulation des médias de masse


Détenue par une poignée de milliardaires réactionnaires, l’immense majorité des médias défend une ligne politique libérale allant dans le sens de l’intérêt de leurs propriétaires. Pour autant, si certains journalistes, comme ceux de l’Empire Bolloré, ont abandonné toute subtilité, d’autres mettent en place des subterfuges pour manipuler les observateurs les moins attentifs. Mr Mondialisation décrypte 5 techniques pour assouvir les esprits.

1. Le choix de l’information

La méthode la plus simple pour un journaliste pour orienter l’opinion consiste tout bonnement dans le choix de l’information. Ainsi, pour faire passer une idéologie, une rédaction pourra traiter un évènement de manière disproportionnée et en éluder totalement un autre.

Dans les médias de masse, seront, par exemple, abordé très fréquemment l’immigration, l’insécurité, les faits divers, le « wokisme » ou encore la vie des célébrités. Des thématiques destinées à faire diversion et susciter la peur au sein de la population.

De quoi orienter les votes vers les formations les plus réactionnaires et autoritaires. À l’inverse, des sujets remettant en cause les intérêts des plus fortunés, comme le partage des richesses ou l’environnement, seront relégués au second plan ou traités de façon légère.

Pour couronner le tout, comme théorisé par Noam Chomsky et Edward Herman dans La fabrication du consentement, les médias usent également d’un matraquage intensif sur des idées prédéterminées. Ainsi, les mêmes poncifs libéraux, antiféministes et racistes seront répétés à l’envi jusqu’à pénétrer l’esprit des citoyens les moins aguerris.

2. L’apologie du « raisonnable » et l’infantilisation

« La France est criblée de dettes », « on ne peut plus investir », « c’est une mentalité bien française », « tout cela est totalement utopique », « aucun de nos voisins ne procède ainsi »… Voilà certaines idées reçues qui peuvent être entendues sur les plateaux de télévision. Par ce biais, les journalistes mainstream font circuler la croyance qu’il n’existerait qu’une option politique. Et si celle-ci va dans le sens des intérêts des plus fortunés, il ne s’agirait bien entendu que d’un pur hasard…

En ce sens, on rejoint la célèbre maxime de Margaret Thatcher « there is no alternative ». Toute autre solution que celles proposées par les libéraux relèverait de l’utopie ou du manque de bon sens. Seule l’idéologie capitaliste serait sérieuse, démontrée et raisonnable. Et si quelqu’un ose s’opposer à cet état de fait, il est aussitôt désigné comme irresponsable. Pire, on s’adressera souvent à lui de manière condescendante pour l’infantiliser du type « l’économie est beaucoup plus compliquée que cela, voyez-vous ».

Une façon d’installer un certain fatalisme dans l’esprit des gens et de les éloigner de leur rôle de citoyens. Après tout, les richesses produites par les travailleurs sont un sujet beaucoup trop sérieux pour être confié aux salariés.

3. Le pluralisme feint

Sur de nombreux plateaux de télévision, on assure qu’il existerait un pluralisme équitable dans les médias de masse. Une affirmation pourtant discutable, comme Mr Mondialisation l’avait déjà démontré en analysant les idées politiques d’un large spectre d’éditorialistes. Depuis, la situation s’est d’ailleurs considérablement empirée avec l’extrême droitisation de la presse en général, sous l’impulsion de l’empire Bolloré. De ce fait, les invités des émissions audiovisuelles penchent très fortement du côté des plus fortunés.

En outre, quand un intervenant est censé représenter la gauche, il s’agit bien souvent d’une gauche d’accompagnement, économiquement très proche de la droite. Certains échanges tournent même au ridicule lorsqu’ils engagent des individus aux opinions extrêmement similaires.

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On peut par exemple penser aux débats hebdomadaires entre Daniel Cohn Bendit et Luc Ferry sur LCI. Une mise en scène qui relève d’une véritable caricature tant ces deux hommes, qui font semblant de s’écharper, sont en réalité d’accord sur l’immense majorité des sujets d’envergure.

4. Le bouc émissaire

Grand classique des médias de masse, la désignation de boucs émissaires permet de créer une excellente diversion. Comme pour la droite et l’extrême droite de l’échiquier politique, les cibles sont chaque fois les mêmes.

On évoquera ainsi les « assistés » qui « profitent du système » et qui « coûtent trop cher », les syndicalistes et fonctionnaires paresseux et trop payés, les grévistes qui « prennent les français en otage », les militants de gauche qui sont criminalisés et vilipendés (antisémites, utopistes, irresponsables, islamistes, etc.) ou encore les « wokistes » qui vont toujours trop loin. De quoi occuper des heures et des heures d’antennes pour ne pas aborder des sujets de fond.

5. La corruption du langage

Un stratagème pernicieux pour manipuler l’opinion est la destruction du sens des mots eux-mêmes, parfois en allant jusqu’à leur donner une valeur opposée à leur signification d’origine. Cette méthode, qui n’est pas sans rappeler 1986, un roman d’Orwell, favorise ainsi la construction d’un récit à l’avantage des dominants.

On parlera, par exemple, de « réforme » pour désigner en réalité une régression politique. Dans les bouches médiatiques, ce mot n’est jamais utilisé pour évoquer des avancées sociales. Une rhétorique qui permettra de faire circuler l’idée que « les Français sont contre les réformes », installant la croyance que les gens seraient simplement contre toute idée de changement.

De la même manière, les salaires ne seront plus que « le coût du travail », la démocratie consistera à voter une fois tous les cinq ans, la répression deviendra un « maintien de l’ordre », la droite deviendra le centre, le centre deviendra la gauche, la gauche deviendra l’extrême gauche, la soumission au marché sera du « pragmatisme », la réussite sera la richesse individuelle, etc. Dans tous les cas, le procédé est toujours le même : brouiller les esprits pour empêcher de penser et conserver ainsi l’ordre social.

Simon Verdière


Photo de Maksym Mazur sur Unsplash

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