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Trafic d’influence au profit de LVMH : Bernard Squarcini jugé à partir de mercredi

ByVeritatis

Nov 8, 2024


Les liens troubles entre renseignement et intérêts privés auscultés par le tribunal correctionnel de Paris : l’ancien grand flic Bernard Squarcini, soupçonné d’avoir profité de ses réseaux pour obtenir informations confidentielles et privilèges au profit notamment de LVMH, est jugé avec neuf autres personnes à partir de mercredi. 

L’ex-directeur central du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI) doit comparaître jusqu’au 29 novembre pour 11 infractions allant du trafic d’influence passif au détournement de fonds publics, en passant par la compromission du secret de la défense nationale, le faux en écriture publique ou encore la complicité de violation du secret professionnel. 

Dans ce dossier à tiroirs, celui qui est surnommé “le Squale” est soupçonné d’avoir mis à profit ses relations au sein du renseignement et de la police afin d’obtenir des informations pour le compte d’intérêts privés – en particulier pour le patron du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault. 

– Reconversion – 

Et ce, aussi bien sur la période où M. Squarcini était patron de la DCRI (2008-2012) qu’après sa reconversion dans le privé en 2012. 

Évincé par François Hollande qui le jugeait trop proche de Nicolas Sarkozy, l’ancien maître-espion était devenu patron d’une société de conseil en intelligence économique baptisée Kyrnos, qui travaillait essentiellement avec LVMH. 

Les juges d’instruction ont distingué quatre volets dans leurs investigations : parmi eux, la tentative d’identification en 2008, par les policiers de la DCRI, de l’auteur d’une tentative de chantage privé au préjudice de Bernard Arnault, dénoncée par un policier qui s’est porté partie civile dans le dossier et qui a fait l’objet d’écoutes “parfaitement illégales” qui ont “sérieusement affecté sa carrière” selon ses avocats, Mes Vincent Brengarth et William Bourdon. 

Autre volet : l’espionnage de François Ruffin et de son journal Fakir entre 2013 et 2016. 

Le journaliste, qui tournait “Merci Patron”, film satirique sur le leader mondial du luxe récompensé en 2017 du César du meilleur documentaire, inquiétait le groupe car il projetait de perturber des assemblées générales de la multinationale. 

“Bernard Squarcini conteste les termes de l’ordonnance de renvoi”, déclarent à l’AFP ses avocats Patrick Maisonneuve et Marie-Alix Canu-Bernard. 

En particulier, “le lien entre son contrat avec LVMH et une enquête qu’il aurait fait diligenter plus de cinq ans auparavant en tant que patron de la DCRI, à seule fin de protéger la réputation du dirigeant de LVMH, n’a aucun sens”, ont-ils estimé. 

– LVMH pas parmi les prévenus – 

Neuf autres hommes, soupçonnés d’avoir répondu à des demandes de M. Squarcini, seront jugés à ses côtés, dont le préfet Pierre Lieutaud, à l’époque numéro 2 du Coordinateur national du renseignement, et Laurent Marcadier, ancien magistrat de la cour d’appel de Paris. 

“Ce procès doit nous permettre de comprendre comment il est possible qu’en France, aujourd’hui, une société comme LVMH puisse se permettre de faire espionner un journaliste et infiltrer un journal, avec le concours d’un ancien haut fonctionnaire qui a quand même dirigé le renseignement intérieur”, espèrent les avocats de François Ruffin, Mes Benjamin Sarfati et Laure Heinich. 

“Et on se demande encore comment le donneur d’ordre, le groupe LVMH, a pu bénéficier d’une convention judiciaire d’intérêt public (Cjip) qui lui permet d’échapper au procès, laissant comparaître seuls Bernard Squarcini et les autres exécutants de cette affaire”, observent-ils. 

Le groupe de luxe a en effet payé 10 millions d’euros d’amende fin 2021 dans le cadre de cette Cjip négociée avec le parquet pour éviter des poursuites. 

Deux hommes ont pour leur part déjà été condamnés dans ce dossier : l’ancien directeur de la police judiciaire parisienne, Christian Flaesch, qui avait échangé par écrit en 2013 avec M. Squarcini, notamment sur une procédure intentée par Hermès contre LVMH, s’est vu infliger en février une amende avec sursis. 

L’ancien commissaire des renseignements généraux Jean-François Digeon, qui menait après sa retraite des missions pour LVMH, a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende dans le cadre d’une comparution de reconnaissance préalable de culpabilité, une sorte de plaider-coupable à la française. 

 

 

 

 





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