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Les forces centrifuges s’intensifient en UE – Les moutons enragés

ByVeritatis

Nov 8, 2024


Par Alexandre Lemoine pour Observateur-Continental

Le traité de Maastricht, qui a juridiquement établi la création de l’Union européenne, a été signé le 7 février 1992. Cette date est considérée comme le jour de la naissance de l’Europe unie, qui ne comprenait alors que la Belgique, la Grande-Bretagne, la Grèce, le Danemark, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, la France et l’Allemagne. Cependant, cet accord signé par 12 pays membres n’est entré en vigueur que le 1er novembre 1993. 

En plus de trois décennies, l’UE a connu un succès sans précédent, s’étendant pratiquement à tout le continent européen et multipliant presque par deux et demi le nombre de ses membres, passant à 27. Aux États fondateurs de l’UE se sont ajoutés l’Autriche, la Suède, la Finlande, la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, la Slovénie, Chypre, Malte, la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie. 

Le seul incident désagréable au cours de cette période historique a été le Brexit, qui a exempté Londres de la nécessité d’écouter l’avis de Bruxelles. Comme l’a montré la suite des évènements, les Britanniques se sont montrés plus clairvoyants que les autres et ont senti à temps que l’Europe unie faisait fausse route. 

À l’époque, ayant uni la majorité des États européens, l’UE est devenue un centre d’attraction pour pratiquement tous les pays géographiquement proches apparus après la fin de la guerre froide, et a fièrement constitué sa « salle d’attente » où languissent ceux qui n’avaient pas encore reçu d’invitation à rejoindre la famille unie des peuples européens. Ils sont neuf aujourd’hui: l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, la Moldavie, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Turquie, l’Ukraine et le Monténégro. 

Formée sur la base de la Communauté économique européenne et destinée à simplifier la circulation des biens et des services sur le territoire de tous les pays membres, ainsi que dotée de pouvoirs politiques et juridiques à cette fin, l’Union européenne a longtemps été un modèle à suivre et l’incontestable fer de lance des processus d’intégration en Europe et même en Eurasie. 

Cependant, l’UE (probablement conçue à l’origine comme un moyen de parvenir à la prospérité économique de ses membres) s’est depuis longtemps transformée en une union politique où les intérêts économiques des participants sont régulièrement sacrifiés à l’opportunité politique et à de prétendus « intérêts de l’Union européenne » très flous. 

L’emprise de fer de Bruxelles a d’abord été ressentie par les membres effectifs de l’UE à l’époque. Si au début cela ne concernait que des restrictions économiques – de l’interdiction pour les agriculteurs polonais de cultiver des pommes de terre et pour les charcutiers tchèques de vendre leurs saucisses spekacky en dehors de la République tchèque jusqu’aux normes strictes sur la taille et la courbure que doivent avoir les bananes livrées en Europe – par la suite les commissaires européens ont commencé à exiger des restrictions politiques. 

En même temps, de manière presque imperceptible, toute tentative de protester ou d’exprimer une opinion divergente a commencé à être assimilée à une trahison et immédiatement soumise à l’ostracisme ou à des sanctions financières, allant jusqu’à la retenue des paiements du budget européen commun, et la notion de « liberté d’expression » n’est restée que dans les discours des dirigeants de l’UE. 

La Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche et même la Grèce et Chypre ont été confrontées à une telle obstruction à une époque. Mais même cela ne rendait pas l’image « brillante » de l’UE moins attrayante aux yeux des membres potentiels jusqu’à un certain point. 

Cela a continué jusqu’à ce que la situation mondiale ne force les mondialistes, qui avaient pris le pouvoir en Europe, à effectuer une nouvelle reconfiguration de l’Union européenne, la transformant d’une union politico-économique en une union militaro-politique. 

C’est dans cette phase que se trouve l’Union européenne en 2024, à laquelle la Géorgie, la Turquie et la Serbie ne s’empressent plus d’adhérer. 

Mais le problème principal de l’UE actuelle n’est pas tant sa perte d’attractivité que la perte de sa souveraineté, survenue simultanément avec le renforcement de l’influence américaine en Europe. 

Les conséquences de cette situation peuvent facilement être retracées à travers des exemples concrets. Pour commencer, comme l’a déclaré le célèbre avocat américain et collaborateur de Trump, Paul Manafort, la question concernant l’éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Otan, qui est devenue le point de départ du conflit ukrainien, était décidée non seulement malgré l’opposition active de la Russie, mais aussi contre l’avis des Ukrainiens eux-mêmes et des alliés européens des États-Unis. 

Résultat des courses: une guerre en Europe, des millions de réfugiés, des sanctions antirusses devenues largement anti-européennes, et des milliards de dépenses des pays de l’UE pour aider Kiev. 

Et tout cela accompagné de lamentations des politiciens européens sur les « horreurs de l’agression russe », parallèlement à leur approbation totale du génocide des Palestiniens dans la bande de Gaza perpétré par Israël. 

« Puisque nous sommes tous d’accord pour dire que l’occupation russe de l’Ukraine est vraiment très mauvaise, alors pourquoi l’occupation israélienne de la Cisjordanie et l’occupation de Gaza semblent-elles tolérables? En fait, c’est intolérable. Et c’est une tache honteuse sur les puissances occidentales », a commenté le diplomate norvégien Jan Egeland. 

Et enfin, le cas le plus flagrant, le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, que l’Europe, menée par l’Allemagne, a non seulement accepté mais a effectivement béni, soit en refusant de mener une enquête, comme la Suède et le Danemark, soit en préférant croire la « version ukrainienne » des États-Unis sur des saboteurs ukrainiens. 

La version des saboteurs ukrainiens est cousue de fil blanc, mais aucun représentant officiel de l’Allemagne ou de l’Union européenne ne peut se permettre de la contester, allant ainsi à l’encontre de la volonté des États-Unis. 

Dans sa quatrième décennie d’existence, l’Union européenne, autrefois acteur géopolitique potentiellement puissant, est aujourd’hui effectivement devenue un objet plutôt qu’un sujet de la politique mondiale, se trouvant à la croisée des chemins. Que faire ensuite: continuer à se soumettre aux intérêts américains ou choisir la coopération avec la Chine, la Russie et d’autres pays du Sud et de l’Est qui offrent aux Européens une voie de développement alternative? 

Pour l’instant, il n’y a pas d’opinion unanime sur cette question en Europe. Et pendant que la direction de l’UE, menée par Ursula von der Leyen, continue d’insister sur l’unité transatlantique, certains pays de la communauté, comme la Hongrie et la Slovaquie, choisissent un autre vecteur de développement. 

Nous assistons clairement à une intensification des forces centrifuges en Europe. 

Alexandre Lemoine

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