Mercosur : L’agriculture européenne face au rouleau compresseur sud-américain


Des champs plus grands que Paris, des élevages aux allures d’usines et des moissonneuses qui roulent comme des tanks, voilà ce pourquoi l’Europe a signé avec le Mercosur, cauchemar éveillé pour les agriculteurs. Mercredi 3 septembre, la Commission européenne a entériné ce texte négocié depuis vingt-cinq ans avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. 

Pour Ursula von der Leyen, il s’agit d’un « jalon important » qui rendra l’Europe « plus compétitive ». Pour les écologistes français, il « impose du soja et du bœuf brésilien au détriment de notre agriculture, de l’Amazonie et du climat ».

Bruxelles promet des quotas, un fonds de soutien et une clause de sauvegarde pour protéger les exploitants. Mais comment rivaliser avec un continent qui aligne 30 000 hectares d’un seul tenant ou des élevages de 13 500 truies confinées dans le Mato Grosso ? « Cette agriculture n’a rien à voir, en termes d’échelle, avec la vôtre », explique le photographe George Steinmetz à Reporterre. Son travail, exposé au festival Visa pour l’image, illustre la démesure d’un modèle devenu l’un des plus productifs du monde. Avant même l’accord, l’Union européenne était déjà le deuxième client agricole du Brésil, derrière la Chine.

Et cette productivité cache un coût vertigineux. Le Brésil est champion mondial de la déforestation et des pesticides, pudiquement renommés « agrotoxiques ». « La forêt était très bruyante, mais dans ces mégafermes, c’était totalement silencieux… parce qu’il n’y a plus aucun animal », témoigne Steinmetz. Le texte adopté sera soumis d’ici la fin de l’année au Parlement et au Conseil européen, à la majorité qualifiée. Un procédé qui permet de contourner les réticences de pays comme la France, dénoncent certains eurodéputés. Les agriculteurs, eux, promettent de se mobiliser à nouveau. « Cet accord ne profite qu’à une minorité de grands de l’industrie », avertit Stéphane Galais de la Confédération paysanne.





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