Offensive gouvernementale contre les droits des autochtones
Les autochtones de Nouvelle-Zélande — bientôt 20 % de la population — cumulent les difficultés économiques et sociales. Depuis les années 1970, une série de dispositifs s’efforçaient de corriger les inégalités. Mais la coalition conservatrice au pouvoir fait désormais marche arrière, supprimant toutes les mesures de soutien aux Maoris, remettant même en cause l’acte fondateur de la Nouvelle-Zélande, le traité de Waitangi de 1840.

Frédéric Mouchet. – Sortie de wakas (pirogues traditionnelles maories) dans le port de Wellington à l’occasion des célébrations annuelles du Waitangi Day, 2015
Physique de rugbyman, crâne rasé et verbe haut, M. Helmut Modlik est « sûrement le seul Néo-Zélandais prénommé Helmut ». « Mon père était allemand, et ma mère, maorie, explique-t-il. Et je suis désormais l’un des rangatira [“chef”] de l’iwi [“tribu”] Ngati Toa. » Comme beaucoup de Maoris, M. Modlik connaît précisément sa whakapapa (« généalogie »). « L’histoire de mon iwi est emblématique de celle du pays et de la colonisation. Nous ne sommes pas nombreux : environ 9 500, alors que certaines tribus comptent jusqu’à 200 000 membres. Mais nous sommes une des plus influentes. Notamment parce que nous vivons près de Wellington. » Contrairement à la plupart des Maoris, qui ont massivement quitté les campagnes après 1945 — 80 % de Maoris ruraux dans les années 1950, 80 % d’urbains dans les années 1970 —, « nous ne sommes pas venus en ville, c’est la ville qui est venue à nous », résume M. Modlik. Le fief des Ngati Toa se trouve en effet à Porirua, en périphérie de Wellington. « Nos ancêtres sont arrivés de Polynésie sur le waka [“canoë”] Tainui et se sont établis sur la côte ouest, vers Kawhia », ajoute-t-il. Mais, vers 1820, ils ont dû fuir à cause des guerres tribales, provoquées par la pression démographique et alimentées par les mousquets achetés aux Pakeha [mot maori, à l’étymologie floue, désignant les Néo-Zélandais d’origine européenne]. » Les Ngati Toa dénichent alors un nouveau territoire, situé de chaque côté du détroit de Cook, séparant l’île du Nord et l’île du Sud. La tribu s’y installe en tissant des alliances et en guerroyant. « Dans notre culture, le passé est très présent. Et le respect de la parole donnée est très important », explique M. Modlik. Ce qui l’amène à évoquer le traité de Waitangi, scellé en 1840 entre les Britanniques et 512 rangatira de tribus et de clans : « Notre cheffe est la seule à l’avoir signé deux fois, car la Ngati Toa vivait sur les deux îles. Mais les Anglais n’ont pas tenu leur promesse. »
Un traité, (…)
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