En pleine alerte sur le déclin des oiseaux migrateurs, le gouvernement français autorise la chasse de milliers d’alouettes, tourterelles et autres espèces vulnérables. En contournant les recommandations scientifiques et les décisions de justice, le ministère de la Transition écologique fait du pied aux lobbies.
Alors que les oiseaux migrateurs entament leur long périple vers le sud, le gouvernement français leur réserve un comité d’accueil chargé de cartouches et de filets. Loin de freiner les tirs sur des espèces en chute libre, le ministère de la Transition écologique multiplie les autorisations de chasse en contradiction avec les avis scientifiques, les directives européennes et même les décisions du Conseil d’État.
Le 2 septembre, un arrêté a rétabli la chasse traditionnelle aux filets (chasse aux pantes) pour 100 000 alouettes dans le Sud-Ouest, bien que cette méthode ait été jugée illégale en mai dernier. « C’est vraiment la rage de tuer », s’indigne Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Loin d’être un cas isolé, ce retour en force de la chasse s’étend aussi à la tourterelle des bois, pourtant classée vulnérable au niveau mondial. Malgré des signes timides de reprise de la population depuis la suspension de sa chasse en 2021, l’État autorise à nouveau les tirs sur 10 560 individus. Là encore, Bougrain-Dubourg alerte : « On ne laisse pas le temps à la tourterelle des bois de reprendre véritablement des forces, c’est beaucoup trop tôt. »
Reporterre rapporte que ces décisions s’inscrivent dans un climat de pression croissante du lobby des chasseurs. Menacée par un moratoire européen sur plusieurs espèces, la fédération nationale des chasseurs a réussi à infléchir la ligne gouvernementale. On se retrouve avec des plafonds de prélèvement théoriques mais irréalistes, comme les 15 cailles ou canards autorisés par chasseur et par jour, censés donner l’illusion d’une gestion responsable. « C’est un peu comme si une association d’automobilistes se présentait en champion de la sécurité routière en imposant une limite de vitesse à 200 km/h », ironise Dominique Py, de France Nature Environnement.