Royaume-Uni : Les Boris Files révèlent l’enrichissement de Boris Johnson avec des fonds publics et son ancien réseau de ministre


Depuis son départ de Downing Street, Boris Johnson se remplit les poches. Et l’ancien Premier ministre n’hésite pas à recourir à son statut et son réseau d’ancien dirigeant du Royaume-Uni pour faire fructifier ses activités, quitte à détourner des fonds publics ou cohabiter avec ceux qu’il critiquait lorsqu’il était au pouvoir. Telles sont les révélations faites par The Guardian dans le cadre des Boris Files. 

Une autre fuite de documents vient accabler Boris Johnson, dont la scandaleuse gestion de la pandémie de COVID avait déjà été mise à nu lors des Lockdown Files, traités et révélés, là encore, par The Guardian. Les “Boris Files” désignent une autre fuite, récente, de documents accablants impliquant l’ex-Premier ministre britannique, émanant notamment de son cabinet privé. Ces dossiers mettent en lumière un mélange d’intérêts privés et de fonds publics dans la gestion de ses activités, soulevant des accusations de conflits d’intérêts et d’enrichissement personnel. 

L’argent public en poche, Boris se rend chez Maduro

Parmi les scandales révélés par The Guardian dans les Boris Files, le plus marquant concerne l’utilisation présumée de fonds publics destinés à l’allocation pour frais de service public (PDCA) pour soutenir son cabinet privé, The Office of Boris Johnson Limited, fondé après son départ de Downing Street. Bien que cette enveloppe annuelle soit censée servir uniquement au financement des activités de représentation d’un ancien Premier ministre, les documents montrent qu’elle aurait servi à rémunérer du personnel impliqué dans la gestion de contrats commerciaux, notamment l’organisation de discours rémunérés et de déplacements luxueux (vols en première classe, hôtels cinq-étoiles), pour un total de 5,1 millions de livres reçus en prestation (discours) entre 2022 et 2024.

Un autre dossier concerne le recours aux réseaux politiques hérités de son mandat pour effectuer un lobbying informel, dont des interventions directes auprès de responsables saoudiens en faveur de Better Earth, société de conseil que Boris Johnson copréside. The Guardian souligne le manque de contrôle public sur la réaffectation de la PDCA, et documente comment Boris Johnson aurait monnayé son accès et son influence auprès d’anciens contacts à des fins commerciales, brouillant ainsi la frontière entre intérêt public et activités privées en haut de l’État britannique.

Un autre élément dévoilé par les documents fuités est la rencontre entre l’ex-PM et le président du Venezuela, Nicolas Maduro, celui-là même qu’il qualifiait alors de “dictateur maléfique”. Cette visite en 2024, supposée être “improvisée” durant des vacances de Boris Johnson en République dominicaine, portait selon The Guardian sur un contrat juteux d’environ 240 000 livres sterling, en présence d’un gérant de fonds spéculatifs, Maarten Petermann, au Venezuela, où l’ex-dirigeant britannique s’était rendu en jet privé. 

Boris Johnson a prévenu le ministre britannique des Affaires Étrangères David Cameron, mais sans mentionner la présence du financier, niant, auprès des autorités britanniques, avoir été payé ou avoir un lien contractuel avec le fonds, prétendant agir en simple canal diplomatique officieux.

Or, selon les Boris Files, un contrat signé des mois plus tôt prévoyait le versement à Johnson de 200 000 £ par rencontre, soit jusqu’à 1,6 million £ par an, et un paiement de 240 000 £ a été viré par Petermann quelques semaines après ce voyage.

Les casseroles s’accumulent

Les activités du conservateur après son départ du pouvoir ne sont pas les seules à avoir été révélées. La fuite de document révèle qu’alors qu’il était encore Premier ministre, il a tenu une réunion non déclarée avec Peter Thiel, fondateur du groupe américain de data analytics Palantir, quelques mois avant que cette société controversée n’obtienne un contrat de gestion des données du NHS britannique, comme cela a été fait aux États-Unis. Cette rencontre n’a jamais été inscrite dans les registres officiels du gouvernement, contrairement aux obligations de transparence pesant sur les membres du gouvernement pour leurs échanges avec des entreprises ayant des intérêts dans la commande publique.

Bien qu’aucun élément ne prouve que cette réunion fut directement déterminante dans l’attribution du marché à Palantir, l’absence d’une trace officielle soulève des soupçons sur un manque de transparence et la possibilité d’un favoritisme ou d’un accès privilégié offert à l’entreprise dans la course aux marchés de la santé publique britannique. 

Depuis son passage à Downing Street, Boris Johnson accumule les scandales et polémiques, affectant durablement sa réputation au Royaume-Uni et sur la scène internationale. Parmi les plus retentissants figurent les révélations des LockDown Files, qui ont mis en lumière non seulement la légèreté avec laquelle il a géré la pandémie de Covid-19, notamment par l’organisation de fêtes illégales à Downing Street durant les confinements (le “Partygate”), mais aussi des échanges accablants sur l’élaboration et la communication des politiques sanitaires, décriées et parfois injustifiées.

En avril 2022, alors qu’un accord de paix quasi finalisé aurait pu mettre fin à la guerre en Ukraine, Boris Johnson a fait échouer les négociations en incitant Kiev à ne rien céder à Poutine, qualifiant tout compromis de victoire du Kremlin. Son intervention, soutenue par la même ligne dure américaine, a contribué à faire capoter un accord, prolongeant ainsi le conflit.





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