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par Mikhail Gamandiy-Egorov
La dualité de la politique d’Ankara pourrait en fin de compte lui jouer un bien mauvais tour, malgré ses ambitions croissantes dans différentes parties du monde. Et peu importe à quel point la Turquie serait confiante dans sa capacité à pouvoir s’asseoir sur deux chaises, elle devra à un moment ou un autre choisir, au risque de tout perdre.
La République turque dans sa version néo-ottomane contemporaine est certainement un pays qui mérite intérêt. Membre de l’OTAN ayant la capacité à ne pas suivre aveuglement les ordres en provenance de Washington, en entretenant des relations économico-commerciales stratégiques avec la Russie, la Chine et l’Iran, déclarant son désir à rejoindre les BRICS, néanmoins, toutes les contradictions de sa politique sont à nouveau évidentes.
Les déclarations émotionnelles n’impressionnent pas
La Turquie, pratiquement dès le début de la nouvelle étape de souffrances dans la Palestine martyrisée, a activement tenté de se positionner comme l’une des principales forces soutenant le peuple palestinien. Bien sûr, il était beaucoup plus question de populisme que d’autre chose. Et il n’y avait aucune trace d’un quelconque soutien stratégique de la Turquie à la résistance palestinienne, en comparaison avec l’Iran. Cela sans compter que malgré toutes les déclarations des autorités turques quant à l’interruption des échanges économico-commerciaux avec le régime israélien, Ankara a poursuivi ses échanges commerciaux avec Tel-Aviv. Cette question a d’ailleurs été soulevée à plusieurs reprises au niveau de la société civile turque.
Et maintenant, compte tenu de la reprise de la phase chaude de la guerre en Syrie, où, outre l’implication des régimes otano-occidentaux et israélien, le rôle d’Ankara est également parfaitement visible, malgré sa «neutralité» déclarée, les dirigeants turcs devraient réfléchir sur les conséquences non seulement dans le cadre des relations économico-commerciales clés avec la Russie et la Chine, connaissant par la même occasion les vœux de la Turquie à participer aux travaux des BRICS, mais aussi quant au danger qui pèse sur ses intérêts dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique et en Amérique latine.
Parlant spécifiquement de l’Afrique et à l’heure où la Turquie interagit également avec les alliés africains de la Russie sur le continent, notamment avec les pays membres de l’Alliance-Confédération des États du Sahel (AES), y compris dans la lutte antiterroriste, rendant par la même occasion très inquiets les derniers régimes ouvertement pro-occidentaux du continent, les actions d’Ankara en Syrie augmentent considérablement la méfiance croissante de la société civile africaine et des partisans des valeurs panafricaines à l’égard des ambitions de la Turquie contemporaine.
La Turquie a beaucoup à perdre
Soit dit en passant, cela s’applique non seulement à la région du Sahel et à l’Afrique dans son ensemble, mais également à nombre de pays d’Amérique latine, alliés de la Fédération de Russie et de la République populaire de Chine, et qui entretiennent des relations assez positives avec la Turquie. A un moment donné, la politique ouvertement ambiguë de la Turquie au Moyen-Orient, et en particulier à l’égard de la Syrie, pourrait tout simplement détruire tous les succès obtenus par Ankara en Afrique et en Amérique latine.
Après tout, comment la Turquie d’Erdogan peut-elle expliquer que les groupes extrémistes sous son contrôle opérant en République arabe syrienne, quelques dizaines de milliers d’éléments, au lieu de soutenir sur le champ de bataille la lutte du peuple palestinien contre le régime israélien, continent à commettre des crimes odieux contre une Syrie martyrisée durant de longues années par la guerre ? Ankara n’a pas de réponse logique à cette question.
Il est donc temps pour Erdogan et son équipe de réfléchir plus que jamais à toutes les conséquences de leur politique. Et cela aussi bien dans le cadre des relations économico-commerciales d’importance stratégique avec Moscou, Beijing, Téhéran, comme du désir d’une interaction active avec les BRICS, et bien sûr dans le cadre également des ambitions de la Turquie dans les parties du monde se trouvant en dehors de sa région d’appartenance.
Et si aujourd’hui en Afrique la Turquie renforce ses interactions militaires et économiques avec nombre de pays du continent, tout comme avec certains représentants de la société civile, souhaitant surfer sur la vague panafricaniste et les sentiments anti-occidentaux, en tant que membre de l’OTAN et d’un pays menant une politique plus que controversée au Moyen-Orient, y compris dans le cadre de l’interaction avec des éléments ouvertement extrémistes, il devient possible de tout perdre très rapidement. Il est donc plus que jamais temps pour Ankara de réfléchir en vue d’accepter la seule option viable, l’éradication complète du terrorisme en terre syrienne, par la Syrie et ses principaux alliés. Sachant qu’il n’y aura probablement aucune autre option.
source : New Eastern Outlook