AgroParisTech écarte une charte éthique demandée par les étudiants


Pendant l’été, des étudiants d’AgroParisTech ont soumis une charte éthique à l’administration de l’école, réclamant un filtre à l’entrée pour le Forum Vitae 2025. Leur objectif était d’écarter du lot certains membres du gratin de l’agrobusiness. La direction l’a trouvée trop excluante et a préféré annuler complètement l’événement pour ne pas froisser les entreprises, invoquant une « réserve institutionnelle ».

Un cocktail de géants de l’agro-industrie, de la pétrochimie et du luxe – voilà ce que proposait, jusqu’en 2024, le Forum Vitae d’AgroParisTech, un forum de recrutement étudiant. Mais depuis 2022, lorsque des élèves avaient prononcé leur discours de remise des diplômes en critiquant les débouchés destructeurs de l’école, un vent de révolte souffle parmi les élèves. Si bien que les étudiants organisateurs du forum ont voulu cette année établir une charte éthique, excluant de nombreux sponsors, dont TotalEnergies, Nestlé et Lactalis. Comme le rapporte Reporterre, ils souhaitaient exclure ainsi les entreprises promouvant « l’élevage intensif, la production de pesticides, la commercialisation de produits issus de semences OGM, qui participent à la déforestation massive, la pêche intensive ou l’expérimentation sur des animaux. » 

Mais ces aspirations ont heurté une direction farouchement opposée à toute forme de « jugement moral » sur les entreprises. Laurent Buisson, le directeur d’AgroParisTech, a justifié l’annulation de l’événement en évoquant des critères « trop exclusifs », estimant que cela nuirait à l’employabilité des diplômés. Selon lui, il est dommage de se fermer des portes, alors même que ce sont ces mêmes étudiants qui pourraient aider les grandes entreprises à faire mieux.

Reste qu’en annulant brutalement l’événement, l’administration d’AgroParisTech a non seulement étouffé la voix de ses étudiants, mais a aussi maintenu un système où les multinationales jouent un rôle clé. Au-delà du Forum Vitae, c’est tout un modèle économique qui est remis en cause, où les ressources financières privées façonnent les valeurs et la culture des grandes écoles.





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