La quatre-vingtième session de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) doit marquer la relance d’une « solution à deux États » au Proche-Orient. La reconnaissance officielle de l’État de Palestine par plusieurs pays occidentaux, dont le Royaume-Uni et la France — membres permanents du Conseil de sécurité — vise à donner un élan à ce sommet mondial. Avec l’Australie, la Belgique, le Canada, le Luxembourg, Malte et Saint-Marin, le Portugal, ces États rejoignent une très large majorité de pays du monde : 148 sur 193 avant l’annonce du président Emmanuel Macron à New York dans la soirée du 22 septembre (voir la carte ci-dessous).
Lire aussi Amnon Kapeliouk, « Pari palestinien, refus israélien », Le Monde diplomatique, décembre 1988.
La Palestine est déjà un membre observateur de l’ONU depuis 2012. Elle a été admise à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en 2011 et à la Cour pénale internationale (CPI) en 2015. Mais sa reconnaissance comme membre à part entière des Nations unies suppose l’approbation du Conseil de sécurité, et des deux tiers des pays membres de l’Assemblée générale. Elle s’est toujours heurtée au veto des États-Unis qui ne redoutent guère d’être isolés sur cette question, comme en avril 2024.
Esquisse de l’ensemble cartographique à paraître dans notre prochaine édition en kiosque mercredi 1er octobre.
Lire aussi Alain Gresh, « Demain l’Etat palestinien, toujours demain », Le Monde diplomatique, octobre 2011.
Plus l’idée d’un État s’impose dans les instances internationales, moins sa réalité apparaît tangible sur le terrain. Israël dicte plus que jamais sa loi par les armes, non seulement à Gaza, détruite sans répit, en Cisjordanie, où la colonisation ne cesse d’avancer, mais aussi en bombardant ses voisins : Liban, Iran, Qatar, Syrie et Yémen pour ne retenir que les six derniers mois.
Le 13 septembre 2024, l’Assemblée générale prenait en compte l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) sur « les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé ». Elle exigeait qu’Israël mette fin au plus tard dans les douze mois « à sa présence illicite ». L’Assemblée demandait à tous les pays de « prendre des mesures pour mettre fin à l’importation de tout produit provenant des colonies de peuplement israéliennes, ainsi qu’à la fourniture ou au transfert d’armes, de munitions et de matériel connexe à Israël, puissance occupante, dans tous les cas où il y aurait des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils pourraient être utilisés dans le Territoire palestinien occupé ». Plus audacieux encore, le terme « sanction » était mentionné explicitement.
Douze mois plus tard, la reconnaissance symbolique de l’État de Palestine permet à la France, l’Australie ou au Royaume-Uni de faire oublier qu’ils n’ont pris aucune sanction pour faire appliquer le droit international dans les territoires occupés depuis 1967, et qu’ils ne font rien de concret non plus pour mettre en œuvre leurs propres obligations de prévention et de répression du crime de génocide.