Les tensions repartent de plus belle. Peu après la réimposition par l’ONU de ses sanctions concernant son programme nucléaire iranien, Téhéran envisage de se retirer du traité de non-prolifération nucléaire. L’Iran promet par la même occasion à la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, à l’origine de cette imposition de sanctions, des représailles.
Téhéran s’est retiré de la surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique après la « guerre de douze jours » contre Israël en juin, durant laquelle les États-Unis ont effectué des frappes aériennes sur les trois principaux sites nucléaires du pays, Natanz, Ispahan et Fordo.
Le président américain Donald Trump a affirmé que sept bombardiers furtifs B-2 – transportant chacun une charge de deux bombes « bunker-buster » de 14 000 kg – avaient « anéanti » les sites nucléaires iraniens, retardant ainsi de plusieurs années l’ambitieux projet atomique du pays. Mais le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a cependant minimisé les remarques du président américain, les qualifiant d' »exagérées ».
L’ONU et l’UE réimposent des sanctions
L’Iran a tout de même évoqué les dégâts sur les sites nucléaires iraniens et des raisons de sécurité pour expulser en juillet les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et suspendre toute coopération. Des inspecteurs ont fait un premier retour fin août, avec une inspection du site de Bouchehr, mais Téhéran écartait encore une reprise complète de la coopération.
Ce retour des inspecteurs de l’AIEA intervenait au moment où l’Iran reprenait des négociations avec Paris, Berlin et Londres, qui menaçaient alors de rétablir les sanctions contre Téhéran. Le pays affirmait “négocier de toutes ses forces” pour empêcher le déclenchement du mécanisme de rétablissement des sanctions prévu par l’accord international conclu en 2015 sur le nucléaire iranien.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a mis en exécution ses menaces dans la nuit du 28 septembre 2025, imposant un dispositif de sanctions très lourd dix ans après leur suspension initiale lors de l’accord de 2015. Les sanctions visent principalement un embargo total sur les armes, à cela s’ajoutent le gel des avoirs d’entités et d’individus iraniens liés au programme nucléaire ou balistique, l’interdiction de transactions financières susceptibles de contribuer à ces programmes, ainsi que des restrictions sur les importations et exportations de technologies sensibles.
Dans la foulée, l’Union européenne s’est immédiatement alignée et a confirmé le retour de ses propres sanctions autonomes contre l’Iran. L’UE cible elle aussi entreprises, individus et réseaux soupçonnés de contribuer directement ou indirectement au développement du nucléaire militaire ou de missiles iraniens, avec gel d’avoirs, interdiction d’activités bancaires ou commerciales, et restrictions de coopération scientifique et énergétique.
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a vite réagi, rejetant des négociations sur le dossier nucléaire iranien susceptibles d’engendrer de “nouveaux problèmes”. “Nous avons toujours déclaré notre disponibilité à un dialogue logique, équitable et juste fondé sur des critères clairs, mais nous n’accepterons jamais une négociation qui nous causerait de nouveaux problèmes et difficultés”, a-t-il affirmé.
L’Iran pourrait se retirer du traité de non-prolifération
En Iran, le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, a lancé son propre avertissement aux députés qui respecteraient les sanctions de l’ONU. Il a affirmé que les trois pays européens responsables de leur rétablissement, à savoir la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni (les « E3 »), subiront une “action réciproque sérieuse”.
Face au retour de ces sanctions, l’Iran envisage de se retirer du traité de non-prolifération nucléaire, selon un député. Il s’agit du législateur iranien Ismail Kowsari, qui a annoncé que le Parlement pourrait bientôt envisager un retrait du traité nucléaire.
« Le Parlement discutera de cette question (…) et prendra une décision à ce sujet », a-t-il déclaré, ajoutant que les députés pourraient également examiner « plus tard » la question de la conception d’une arme nucléaire.
Les E3 ont de leur côté déclaré dimanche qu’ils avaient « continuellement fait tous les efforts possibles pour éviter de déclencher le snapback » mais Téhéran « n’a pas autorisé les inspecteurs de l’AIEA à accéder de nouveau à ses sites nucléaires et n’a pas non plus produit et transmis à l’AIEA un rapport rendant compte de son stock d’uranium hautement enrichi ».