tribune pour Gaza et notre humanité


Mr Mondialisation diffuse une tribune vibrante d’une lectrice indignée par le génocide à Gaza. Un génocide qui nous concerne tous et toutes. Car à travers la situation en Palestine, c’est avant tout un capitalisme occidental aux racines anciennes que l’on voit à l’œuvre.

ASSEZ كفى

Trop longtemps, nos voix ont été étouffées, nos récits effacés, nos blessures niées. Trop longtemps, l’impunité a prospéré sur notre silence.

Aujourd’hui, je refuse le silence. Je refuse l’impunité.

Aujourd’hui j’accuse.

J’accuse les puissances occidentales, leurs gouvernements respectifs depuis 1948, de complicité active avec un génocide qu’elles savent organisé, savamment peaufiné et orchestré. J’accuse les puissances occidentales de financer et de légitimer ce génocide qui, jusqu’à aujourd’hui, sert leurs élites politiques et financières. J’accuse Emmanuel Macron et son annonce en août d’une reconnaissance par la France de l’État de Palestine… en septembre, de collusion assumée avec un État ouvertement raciste et colonial.

Deux questions au coupable : pourquoi pas aujourd’hui ? Pourquoi différer ce qui aurait déjà dû être ? Pourquoi remettre à demain ce qui est une évidence et une urgence sinon pour laisser aux bourreaux et à leurs complices le temps de poursuivre et achever l’extermination ?

Reconnaître plus tard, c’est déjà nier. Reconnaître sous condition c’est encore nier. Reconnaître quand les bombes pulvérisent chaque école, chaque hôpital, chaque maison c’est toujours nier.

Reconnaître, cela a-t-il encore un sens quand la terre est éventrée et que le peuple a presque déjà disparu ? De sens il n’y en a que dans le cadre de cette pratique à laquelle vous et vos complices excellez, le blanchiment moral. Il faut avouer qu’à ce jeu vous faîtes pâlir Ponce Pilate. Ajoutez donc l’insulte à l’horreur.

Aujourd’hui je mets des mots sur ce qui nous écrase.

Ce qui se joue aujourd’hui ce n’est pas seulement la tragédie palestinienne – soudanaise, congolaise, yéménite, syrienne, libanaise, birmane : c’est la réflexion d’un système plus vaste, où les proclamations de droits et de justice masquent la logique froide des intérêts marchands, stratégiques et impériaux.

Car il faut dire les choses. Le capitalisme n’est pas une simple organisation économique. Il est colonialisme. L’un alimente l’autre, l’autre justifie l’un. Deux visages, une matrice.

Cette alliance n’a cessé de transformer la vie en ressource, les vivants en marchandises, la terre en gisements. C’est la logique première du monde occidental : s’approprier, exploiter, effacer. L’Occident, esclavagiste, féminicide, impérialiste, suprémaciste, capitaliste, n’a pas surgi dans le vide, encore moins dans l’échange. Il est né dans le sang et la spoliation. Il a germé sur les cadavres de terres pillées, de langues effacées, de forêts abattues, d’océans violés, de peuples exterminés. Le capitalisme n’est pas né sur les places boursières. Il a commencé dans les cales des marchands d’esclaves, des forêts abattues, des fleuves détournés, des sols éventrés, des étoiles déjà promises à l’extraction future. Il n’existe que par l’aliénation, la capture, la mise en marché de la vie sous toutes ses formes. Il s’érige sur des ruines, son fondement est l’arrachement. Arracher la terre à celles et ceux qui la cultivent, arracher des enfants à leurs parents, arracher les mots aux lèvres de ceux qui les chantent. Le capitalisme n’est pas l’art de l’échange, il est celui de la prédation systématisée. Il est un colonialisme perpétué sous d’autres masques, colonialisme en costume-cravate, colonialisme algorithmique, colonialisme financiarisé. Il est une mécanique qui ne se soutient qu’en réduisant le vivant à l’inerte monnayable, en dévorant la vie – passée, présente et à venir – pour nourrir les marchés.

Les traites grecques, arabes et transsahariennes, romaines avaient déjà fait des corps une marchandise. Bientôt, l’esclavage transatlantique transforma des millions d’Africains en carburant de coton, de sucre et de tabac, tandis que l’annexion des Amériques anéantissait les civilisations autochtones des Andes jusqu’au pôle nord et celle de l’Australie spoliait les Aborigènes de leurs lieux sacrés. Au XIXe siècle, la logique s’intensifie : les terres sont extorquées, les langues interdites, les « générations volées », jetées dans des pensionnats afin de briser toute mémoire et velléité de résistance. En Inde, l’Empire britannique affame des millions de paysans en exportant les récoltes vers l’Europe. En Afrique, la conférence de Berlin trace à la règle des frontières coloniales, réduisant le continent à une carte de concessions. Au Congo de Léopold II, des mains sont tranchées pour assurer le caoutchouc des bicyclettes et des câbles télégraphiques. Les Hereros et Namas en Namibie sont massacrés par l’Allemagne dans l’un des premiers génocides modernes, prélude à d’autres exterminations.

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Un missionnaire de la Mission Balolo au Congo tenant le bras amputé d’un Congolais. Ca. 1890-1910. Wikimedia Commons

Le XXe siècle ne rompt pas cette chaîne : il la perfectionne. Les bordels militaires coloniaux, où des femmes du Vietnam, d’Algérie ou du Maroc furent enrôlées de force pour servir les troupes, illustrent l’instrumentalisation des corps par l’impérialisme tout autant que la traite organisée des femmes en Europe. La colonisation française en Algérie, les guerres d’Indochine et d’Afrique, poursuivent l’exploitation sous couvert de mission civilisatrice. En Afrique du Sud, l’apartheid institutionnalise la dépossession et la ségrégation. Pardon, à ceux et celles que je ne peux nommer sans rendre ma mise en examen indigeste. Ils/Elles ne sont pas oublié.e.s.

Après 1945, les indépendances politiques n’abolissent pas le colonialisme : elles le transforment. Cette mécanique se pare d’autres oripeaux. L’annexion du Tibet par la Chine, les bases militaires américaines dans le Pacifique, ou l’occupation sioniste en Palestine démontrent que la logique de contrôle territorial persiste. Les guerres en Sierra Leone, au Congo, au Rwanda se nourrissent du diamant, de l’or, du coltan et du cobalt, indispensables aux téléphones et aux armes. L’Amazonie est brûlée pour le soja, le bétail et les mines, au prix du massacre des Yanomami et de peuples non contactés. En Bolivie et au Chili, l’exploitation du lithium assèche les salines millénaires pour fournir les batteries électriques du Nord. Au Mexique, les maquiladoras transforment la frontière en zone franche où la vie humaine est sacrifiée au profit. Au Bangladesh, les usines du textile imposent la fast fashion au prix de la misère et d’effondrements meurtriers. Dans les îles du Pacifique et des Caraïbes, le tourisme extractiviste dépossède les habitants de leurs terres et de leurs eaux au nom des loisirs mondialisés.

De la traite occidentale aux mines de cobalt, des pensionnats canadiens ou australiens aux guerres pour les diamants, des femmes autochtones disparues aux ouvrières du textile, une seule logique se répète : l’accumulation capitaliste justifie l’appropriation, la spoliation, la destruction de la vie. Partout, les visages changent et la mécanique demeure. Ce qui est colonialisme se nomme aujourd’hui développement, relance, transition énergétique ou libre-échange.

Aujourd’hui je brise l’édifice de la supercherie.

C’est la même matrice sourde aux contestations et oppositions qui détruit des forêts au Québec pour une usine de batteries dites « vertes », qui empoisonne des sols à Blainville sous prétexte de gestion des déchets, qui bétonne les rives du Saint-Laurent pour étendre un port, qui arrache des enfants à leurs parents, qui ignore ou protège la disparition des femmes autochtones, mères, sœurs, filles, et qui ferme les yeux sur les massacres à Gaza tant que les contrats d’armement et les alliances stratégiques se maintiennent. La colonisation ne meurt pas : elle change de nom, de visage, de géographie. Partout, le scénario se répète : pillage, répression, asservissement, accaparation, extraction, anéantissement des cultures et des vies.

« Stolen Land » (« Terre volée ») écrit sur un trottoir à Ithaca, État de New York). Wikimedia Commons

Mais ce scénario ne tient que parce qu’il est soutenu par des idéologies qui fabriquent sa légitimation. La doctrine du Terra nullius, proclamant que les terres n’appartenaient à personne dès lors qu’elles échappaient aux critères européens d’occupation ; le mythe du « sauvage inculte » qu’il fallait redresser, civiliser, catéchiser ; celui de l’impureté et du déficit féminins ; les pseudo-théories raciales hiérarchisant les peuples et naturalisant l’esclavage et la colonisation ; la fable moderne de l’individu autosuffisant – fiction de l’autonomie individuelle – qui occulte les liens sociaux et écologiques pour mieux justifier la propriété privée absolue ; l’illusion d’un État neutre, alors même qu’il orchestre les inégalités, la violence et la répression ; le dogme d’une croissance « nécessaire », transmuant la destruction en horizon de prospérité pour quelques uns.

Chaque étape de la domination s’accompagne de récits, de doctrines, de discours qui rendent l’horreur pensable et acceptable. Chaque étape de la domination comprend l’anéantissement des savoirs autres et des savoirs des autres, des intelligences et génies qui la précède.

Aujourd’hui encore, en Palestine, les mêmes mécanismes idéologiques se rejouent. La rhétorique coloniale prend les habits d’un slogan cynique : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Elle brandit des accusations incessantes : « terroristes nés », « barbares », « décapiteurs d’enfants », « violeurs de femmes ». Toujours le même artifice, la même rhétorique : présenter les opprimés comme des monstres pour mieux effacer leur humanité et légitimer leur anéantissement. C’est l’éternel refrain de la démagogie coloniale : regardez-les, ces sauvages, ce sont eux les bourreaux, et nous, victimes, n’avons d’autre choix que de nous défendre.

Et, comme une ultime perversion, l’instrumentalisation d’un autre drame : l’Holocauste. Au lieu d’en tirer une responsabilité universelle contre toutes les oppressions, les élites sionistes, européennes et américaines en ont fait une industrie mémorielle, un capital politique qui justifie et finance l’oppression d’autres peuples.

Le prix du génocide nazi, ce ne sont pas les nations européennes qui l’assument – mais bien les peuples du Levant, en premier lieu les Palestiniens, écrasés au nom d’une dette historique qui ne leur appartient pas. L’horreur subie par les Juifs, les homosexuel.les, les communistes, les résistant.e.s, les Tsiganes, les esprits libres, les différent.e.s d’Europe est instrumentalisée pour en infliger une autre, transformée en légitimité pour la colonisation et le massacre.

Une pile de corps découverte à la libération du camp de concentration de Dachau. Wikimedia Commons

Aujourd’hui j’arrache les masques.

Si les états occidentaux ne lèvent pas le petit doigt pour arrêter mais au contraire soutiennent activement ce génocide ouvertement déchaîné depuis le 7 octobre 2023 mais aussi tous les précédents et certainement les prochains c’est tout simplement parce qu’ils ne le peuvent pas sans se renier.

« Les génocidaires d’hier et d’aujourd’hui sont issus de la même matrice mercantile, exploiteuse, destructrice, aliénante ».

Les génocidaires d’hier et d’aujourd’hui sont issus de la même matrice mercantile, exploiteuse, destructrice, aliénante. Comment condamner l’État israélien pour ses politiques d’occupation et de nettoyage ethnique, quand l’Europe et l’Amérique se sont construites elles-mêmes par l’expropriation des terres autochtones, l’esclavage des peuples arrachés d’Afrique, et la mise en coupe réglée de continents entiers ? Comment dénoncer le mur en Cisjordanie quand les frontières militarisées de l’Occident, de la Méditerranée aux déserts du Sud-Ouest américain, sont elles aussi des tombeaux pour les réfugiés ?

La Palestine sous apartheid. 2019.Wikimedia Commons

Le Capital ne condamne pas parce qu’il y reconnaît son reflet. Ses institutions économiques, ses alliances militaires, son langage diplomatique sont imprégnés de cette logique coloniale : le droit du plus fort, la valeur du profit au-dessus de la vie, la marchandisation de la terre et des corps. Le capitalisme libéral ne s’oppose pas au colonialisme : il en est la continuation méthodique, l’habillage idéologique. Les pipelines, les mines de lithium, les déforestations massives et les guerres de ressources ne sont que des répétitions actualisées de ce qui fut jadis conquête et mission civilisatrice. Ce génocide n’est pas une aberration étrangère à l’histoire des puissances occidentales. Il est l’écho de leur propre genèse, la continuation de la logique qui les a fait naître et prospérer.

Car, et surtout, l’Occident en tire profit. Chaque bombe larguée est un contrat pour ses industries d’armement – Lockheed Martin, Dassault, BAE Systems, Thalès, Raytheon, Northrop Grumman (la liste est trop longue pour être exhaustive) engrangent des milliards. Chaque missile vendu, chaque char livré, chaque avion de chasse déployé gonfle leurs bilans financiers, avec la bénédiction des gouvernements actionnaires. Chaque embargo sélectif est une opportunité de marché ; chaque reconstruction promise est un chantier pour ses multinationales ; chaque terre volée alimente les circuits agricoles mondialisés. Le sang versé irrigue ses marchés financiers, ses flux énergétiques, ses chaînes de production.

Les technologies de surveillance et de contrôle développées sur le terrain – drones, systèmes biométriques, logiciels de reconnaissance faciale, techniques de « gestion » des foules – sont ensuite exportées vers les polices et les armées du monde entier. Gaza, comme les autres Terres et Peuples sacrifiés, constituent des laboratoires mondiaux de l’oppression. Et chaque victoire coloniale sur ce front devient une ressource à exporter, à rentabiliser, à intégrer dans l’économie globale.

Photo de Mohammed Ibrahim sur Unsplash

Ainsi, le génocide n’est pas seulement toléré : il est rentable. Chaque mort devient dividende, chaque ruine un contrat, chaque effacement culturel un marché. Tel le fantasme obscène d’un Gaza-sur-mer où les ruines se muent en casinos et hôtels, vitrine clinquante du capitalisme le plus vulgaire. L’Occident ne se contente pas d’y voir son reflet. Il s’en nourrit, il en dépend, il y puise la sève qui alimente encore son empire chancelant. Car son système économique, son imaginaire politique, sa structure même demeurent coloniales : prospérer par, sur, à travers et grâce à la destruction de l’autre.

C’est là la vérité nue : le monde occidental ne soutient pas le gouvernement sioniste actuel malgré le génocide, mais parce qu’il y trouve sa continuité et son intérêt. L’horreur qui nous sidère est pour lui un modèle, une ressource, une rente, doctement maquillé en progrès, civilisation, universalité. Le capitalisme est colonialisme perpétué et étendu : il colonise les terres et le temps, les chairs et les semences, les eaux et les respirations, les esprits et les imaginaires.

Aujourd’hui je rejette leur marché de dupes.

Dans ce monde, la reconnaissance ne saurait être réduite à un geste diplomatique ou à l’octroi différé de droits. Et je vous récuse la possibilité même de l’évoquer en passant, comme une menace ou une échéance dans votre planification électorale. Je vous récuse le droit de vous en vêtir comme l’éclat d’une bienveillance qui vous honore. La reconnaissance n’est pas une concession, une faveur octroyée, encore moins un don. Elle ne peut servir de supplément d’âme au sein de votre ordre brutal, dans l’économie de votre domination. Elle n’est pas une identité tamponnée, ni un droit inscrit dans vos registres. Elle est une exigence ancrée en un principe ontologique.

Être, c’est être digne. Vivre, c’est déjà exiger. Elle est un fait premier, antérieur à vos institutions, antérieur à vos crimes. Et il n’appartient à personne d’accorder ce qui est déjà inscrit dans l’être. Qui êtes-vous, bourreaux, pour prétendre m’attribuer des droits, une dignité ou mon humanité ? Je n’ai pas à les recevoir. Ils sont en moi, tissés dans le simple fait d’exister.

Votre responsabilité, vous les héritiers du désastre, est en revanche tout autre. La reconnaissance dans votre ordre capitalo-colonial ne peut avoir de sens qu’en tant que l’aveu de vos crimes, de votre dette, de votre persistance à nier la vie des autres.

C’est vous obliger à restituer ce que vous avez volé : terres, eaux, air, langues, récits, savoirs, générations. La reconnaissance exige la reddition de comptes – restitution matérielle, réappropriation culturelle, renaissance linguistique. Mais pas que.

C’est vous dépouiller de la fiction de votre innocence. C’est affronter la violente vérité de votre histoire. Reconnaître, c’est nommer vos crimes. C’est comprendre que vos richesses sont faites de nos cadavres, que vos villes brillent du feu de nos villages, que vos musées sont des tombeaux volés, que vos nations prospèrent sur la négation de la vie des autres.

Photo de Mohammed Ibrahim sur Unsplash

La reconnaissance vous est un devoir. Celui de vous admettre violeurs de terres, génocidaires de mondes, effaceurs de mémoire, tortionnaires de diversités, oppresseurs.

La reconnaissance n’est pas un discours mais une pratique. Elle n’engage pas seulement des mots mais des transformations structurelles au niveau des savoirs, des échanges, des relations. Elle est rupture avec l’ordre économique et juridique qui vous maintient dans une arrogance suicidaire. Elle est engagement ferme à rompre avec la logique capitalo-coloniale et à choisir la vie, sous toutes ses formes.

Dans ce monde fracturé, la reconnaissance est une dette, la vôtre. Vous la devez non seulement aux peuples et aux êtres que vous avez réduits au silence, mais à la Terre elle-même. Car votre monde est écocide. Il dévore les sols, étouffe les mers, assassine le climat et les vivants, la possibilité même d’habiter la planète.

Reconnaître n’est donc pas un apanage de puissant, ni un luxe moral : c’est votre devoir, et notre dû. Reconnaître, c’est restituer la vie à la vie.

Aujourd’hui, j’invite.

J’invite chacun.e à rompre le silence. À choisir le camp de la vie plutôt que celui de l’indifférence. À agir, chacun et chacune à la mesure de ses forces : par la parole, par la rue, par le refus, par l’organisation.

J’invite à faire de nos voix des armes. De nos gestes des foyers de résistance. De nos solidarités des remparts contre la destruction. J’invite à transformer l’indignation en actes. La douleur en luttes, l’espoir en mouvement.

Car résister, c’est déjà bâtir.

– Aube Frondeuse


Entête : Rassemblement à Nîmes contre le génocide en Palestine en décembre 2024 ; Source : Jeanne Menjoulet – flickr CC

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