Le Premier ministre britannique Keir Starmer annonce la mise en place d’une carte d’identité numérique, un projet visant, dit-il, à lutter contre le travail illégal et l’immigration. De quoi soulever des questions éthiques et politiques majeures, à la fois sur le plan national, mais aussi européen. Si l’initiative du gouvernement britannique est justifiée par la sécurité, elle risque d’accélérer notre dérive dangereuse vers une société du contrôle.
Une carte d’identité numérique obligatoire pour tous les citoyens britanniques. Présentée comme un remède contre le travail illégal et l’immigration non autorisée, cette décision suscite une vive opposition. Une pétition anti-identité numérique, récoltant plus de 2,7 millions de signatures en seulement trois jours, montre l’ampleur du rejet populaire.
« Vous ne pourrez pas travailler au Royaume-Uni sans ce titre d’identité numérique », a affirmé Starmer. Les opposants dénoncent un risque de fichage massif et de surveillance omniprésente. Logiquement, le projet rejoint les craintes exprimées lors de l’instauration du passe sanitaire, quand la liberté individuelle fut sacrifiée sur l’autel de la sécurité. Et sans surprise, les arguments de l’exécutif s’appuient sur mêmes ressorts : garantir la sécurité, lutter contre les dérives économiques et migratoires, simplifier les démarches administratives.
Une fois mis en place, le portefeuille numérique deviendrait non seulement un moyen d’identification, mais aussi une clé d’accès à tous les services de la société, une clé qui pourrait se voir désactivée à tout moment par l’État. Ce contrôle invisible sur la vie quotidienne ouvre une porte vers une société de permissions, où la citoyenneté se transforme en une faveur conditionnelle. Une sorte de crédit social, à peine déguisé.
Ce projet britannique ne se limite pourtant pas aux frontières du Royaume-Uni. L’Union européenne prévoit une initiative similaire : le « Portefeuille d’identité numérique », obligatoire d’ici 2026. Comme pour l’initiative britannique, la Commission européenne justifie cette nouvelle forme de fichage par la nécessité de lutter contre l’immigration illégale et de sécuriser les transactions numériques. Cependant, les dangers d’une telle centralisation des données sont évidents. Un monde où l’on ne peut plus vivre, travailler ou voyager sans l’autorisation d’une plateforme numérique interconnectée, c’est une société sous contrôle. Ce projet, qui se veut moderne, pourrait bien signer la fin d’un idéal démocratique fondé sur les droits individuels.