Par Germán Gorraiz López, analyste politique pour Observateur Continental
Même si les États-Unis se sont dissociés de l’offensive jihadiste préparée par la Türkiye et Israël, l’objectif avoué du Pentagone serait d’ouvrir un nouveau front contre la Russie qui l’obligerait à détourner l’attention des forces aériennes ukrainiennes et ainsi ralentir sa contre-offensive à Koursk et dans le Donbass.
Le chaos constructif des États-Unis. La doctrine Carter, inspirée de Brzezinski (1980), avait pour objectif la mise en œuvre au Proche et Moyen-Orient du soi-disant «chaos constructif», un concept qui serait basé sur la maxime attribuée à l’empereur romain Jules César «divide et impera, diviser pour régner», pour parvenir à l’établissement d’un champ d’instabilité et de violence dans la région (balkanisation) et provoquer un chaos qui s’étendrait du Liban, de la Palestine et de la Syrie à l’Irak et de l’Iran et de l’Afghanistan au Pakistan et à l’Anatolie et à l’Asie Mineure.
Ainsi, l’ancien président égyptien, Hosni Moubarak, (renversé pour son refus d’installer des bases nord-américaines sur le sol égyptien) a révélé dans une interview au journal égyptien El-Fagr l’existence du prétendu plan de division de toute la région du Moyen-Orient, consistant en l’instauration du «chaos constructif» susmentionné à travers la destruction successive des régimes autocratiques d’Irak, de Libye, du Soudan, de Syrie et d’Iran et en réservant à la Jordanie le rôle de «nouvelle patrie du peuple» Palestinien.
Les États-Unis cherchent-ils à ouvrir un nouveau front contre la Russie? Profitant de la visite officielle d’Al Assad à Moscou et du fait que vendredi est déjà un jour férié en Syrie, des groupes jihadistes télécommandés par la Türkiye et Israël ont déclenché une offensive éclair en pénétrant à Alep, la deuxième ville du pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (SOHR).
Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est le groupe le plus important participant à l’offensive actuelle contre le gouvernement Assad. Le groupe est dirigé par Abou Mohammed al-Joulani et contrôle la majeure partie de la province d’Idlib, et serait dirigé à distance par un Israël intéressé par la formation d’un califat islamique avec sa capitale à Alep. De même, les forces du Front de libération nationale, un groupe soutenu par un Erdogan obsédé par l’engloutissement de l’État kurde-syrien du Rojava, participeraient à l’attaque surprise.
Même si les États-Unis se sont désolidarisés de cette nouvelle bataille après avoir déclaré que cela n’a rien à voir avec cette offensive menée par Hayat Tahrir al-Sham, l’objectif sans équivoque du Pentagone serait d’ouvrir un nouveau front contre la Russie qui l’obligerait à détourner les forces aériennes ukrainiennes et ainsi ralentir leur contre-offensive à Koursk et dans le Donbass. Ainsi, plusieurs escadrons d’avions russes ont déjà lancé de violentes attaques aériennes contre les quartiers d’Alep contrôlés par les jihadistes ainsi que la base d’Idlib.
De même, après le retour d’Assad en Syrie, l’armée arabe syrienne préparerait déjà sa contre-offensive pour récupérer Alep et d’autres zones occupées par les jihadistes, aidée dans l’entreprise militaire par les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes.
Compte tenu de la supériorité aérienne des forces fidèles à Assad et des approvisionnements en missiles en provenance de Russie, il est prévisible que la contre-offensive officielle finira par acculer les jihadistes du HTS qui devront se réfugier en Libye ainsi que les membres du FLN qui trouveront refuge en Libye et en Türkiye. Pendant ce temps, Erdogan serait déjà un paria pour Poutine qui tentera de provoquer un coup d’État de l’armée turque pour le défenestrer définitivement.
Enfin, nous assisterons à la signature d’un nouvel accord kurde-syrien qui sera mis en œuvre par la région autonome du Rojava ou Kurdistan syrien supervisé par les États-Unis. Le reste du territoire syrien sera sous la présidence d’un Al Assad renforcé, ce qui permettra à la Russie de maintenir ses bases navales et de contrôler les routes maritimes de la Méditerranée orientale.
Germán Gorraiz López, analyste politique
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