Près de la moitié des dirigeants de très petites entreprises (TPE) se versent un revenu inférieur au Smic — soit moins de 1 426 euros nets par mois — pour plus de 50 heures de travail hebdomadaire, selon une étude du Syndicat des indépendants et des TPE (SDI) publiée jeudi. Plus d’un tiers déclarent même vivre avec moins de 1 000 euros mensuels, une réalité loin de l’image du « patron nanti ».
Ces chefs d’entreprise, artisans et commerçants, souffrent de plus en plus face à une conjoncture dégradée : commandes en baisse, problèmes de trésorerie pour plus d’un sur deux, difficultés de recrutement pour 84 % d’entre eux. Résultat, plus de neuf dirigeants sur dix se disent pessimistes quant à l’avenir de leur activité — un record depuis deux ans. Pire encore : 16 % envisagent de mettre la clé sous la porte d’ici la fin de l’année.
Et quand la faillite survient, aucune assurance chômage ne vient compenser la perte d’activité : les dirigeants ne cotisent pas, et donc ne perçoivent rien. Une double peine, alors même que ces entrepreneurs assument seuls le risque économique. En France, le risque entrepreneurial n’est toujours pas rémunéré — un paradoxe pour un pays qui affirme vouloir soutenir ses petites entreprises, piliers de l’économie locale et plus encore.
Selon l’Insee, la France compte plus de 4 millions de TPE, employant 2,6 millions de salariés et représentant près de 10 % du PIB. Pourtant, leur survie dépend étroitement de la conjoncture nationale, et de l’attention qu’on leur porte. Véritable vache à lait, dans une conjoncture désormais plus qu’instable, aggravée par un climat budgétaire incertain et la récente démission d’un Premier ministre, ils s’éteignent petit à petit sans faire de bruit, tout comme nos campagnes.