Le monde marche sur deux jambes


Depuis que le libéralisme s’est libéré et que le socialisme ne parle plus du social,

l’Occident, croyant avoir gagné le combat, s’est retrouvé comme un légionnaire sans guerre.

Désœuvré, il provoque pour exister – sa compagne, ses enfants, le monde entier.

La conquête ayant tout dévoré, il ne lui reste que le vide à défendre.

De l’autre côté, l’inverse s’est produit : la Chine, la Russie, jusqu’à l’Éthiopie et au Sénégal –

ils se réveillent comme des volcans.

Longtemps contenus, ils sentent à nouveau le sang circuler dans la terre,

la mémoire remonter du sol.

Le monde, lui, marche sur deux jambes, tandis que l’Occident boite sur la sienne,

prisonnier d’un progrès sans souffle.

Le tiers-monde, lui, croit encore à l’éternité de ceux qui soutiennent les tyrans.

Comme un élève qui voit faiblir le maître, il ne comprend pas que la leçon est finie.

Habitué, depuis la colonie, à dépendre d’un pouvoir lointain,

il ne se prend pas en charge : il change seulement de proxénète,

heureux d’avoir un nouveau visage à servir.

Mais une part de ce qui advient nous revient – à nous, la gauche.

En voulant défendre les droits de l’homme, nous avons oublié le premier d’entre eux :

celui de manger à sa faim.

À force de parler d’universel, nous avons déserté le concret.

Nous avons quitté la table du peuple pour celle des colloques,

croyant nourrir les consciences alors que les ventres se vidaient.

Et en aménagement du territoire, c’est la même dérive.

Eux ne savent pas, et nous, distraits, avons oublié que l’aménagement du territoire,

c’est comme labourer la terre : non pour la posséder, mais pour y semer la richesse.

Aménager, c’est préparer le sol où l’humain pourra à nouveau germer.

Nous avons remplacé le geste du semeur par celui du spéculateur.

Quant à l’éducation, elle ne servira pas à grand-chose

tant que les personnes vivront dans une identité humiliée.

On ne construit pas un savoir sur le mépris de soi.

L’école, comme la cité, ne peut éclairer que ce qui a d’abord été relevé.

L’architecture, sémantiquement, rappelle la culture : elle en est la clef.

C’est par elle que nous pouvons nous débarrasser de la marchandise que nous fourgue la mondialisation.

Retrouver une architecture critique, c’est renouer avec celle qui questionne le passé et construit le lendemain.

L’architecture doit redevenir un laboratoire de réflexion, un lieu où l’homme réapprend la lenteur, le doute et la mesure – 

non une vitrine du capital, mais une fabrique d’humanité.

Conclusion :

L’avenir ne viendra ni des puissants ni des modèles, mais des peuples qui réapprennent à habiter le monde.

Entre la terre et le ciel, entre la mémoire et le rêve, une civilisation nouvelle se cherche.

Elle ne parlera pas le langage du profit, mais celui du soin.

Et si le monde doit marcher sur deux jambes, que l’architecture soit son pas juste –

celui qui relie, et non celui qui domine.



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