Quand la présidente de l’Assemblée nationale parle d’héritage comme d’un « truc qui tombe du ciel », difficile de ne pas entendre le claquement de porte dans les couloirs du Sénat. Le 15 octobre, sur le plateau de France 2, Yaël Braun-Pivet a proposé d’intensifier la fiscalité sur les successions, estimant que la circulation des richesses est aujourd’hui « malsaine ».
La réponse ne s’est pas fait attendre. Parmi les premiers à dégainer, la sénatrice Les Républicains Sylviane Noël : « Hériter n’est pas une honte. Stop à ce matraquage fiscal insupportable ! » a-t-elle dénoncé sur X.
Ce qui choque, ce n’est pas tant l’idée d’un débat fiscal que le ton employé par la présidente de l’Assemblée. Pour Sylviane Noël, ces propos relèvent d’un mépris social : « Hériter n’est pas un miracle », insiste-t-elle, rappelant que dans des territoires comme la Haute-Savoie, le coût de la vie rend l’héritage souvent indispensable pour espérer devenir propriétaire. Dans les colonnes du Dauphiné libéré, elle alerte sur une fracture croissante entre les classes dirigeantes et les réalités du terrain. L’héritage, martèle-t-elle, « est une juste reconnaissance du travail accompli », pas un privilège tombé du ciel.
En France, la fiscalité sur les successions figure déjà parmi les plus lourdes d’Europe, avec des taux pouvant grimper à 60 %, selon l’Institut Molinari. Dans le secteur de l’agriculture, c’est une épée de Damoclès qui en démotive plus d’un. Le débat initié par Braun-Pivet n’est donc pas anodin. Mais en posant la question sous un angle aussi tranché, elle réveille des tensions anciennes entre justice fiscale et attachement au patrimoine familial.