Et pourquoi pas un « Sarkothon », tant qu’on y est ?


La mise en scène de l’incarcération de Nicolas Sarkozy agace certains. Et on les comprend !

Mise en scène

Parmi eux, l’éducateur Abel Boyi, offusqué sur BFMTV en commentant le rassemblement de soutien organisé ce matin par ses fils devant son domicile, alors qu’il partait pour la prison de La Santé : « Ils ont le droit d’être tristes et de se rassembler, mais le message insidieux est indécent. On a l’impression que c’est le Christ qui va à la croix… Avec le Comte de Monte-Cristo et une biographie de Jésus-Christ, y a-t-il besoin de dire tout ça ? Qu’on ne rajoute pas d’huile sur le feu. »

Cette théâtralisation parait d’autant plus difficilement acceptable que Nicolas Sarkozy a déjà enfermé 70 millions de Français par non respect de leur volonté : en violant le « Non » massif au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, il a fait adopter le traité de Lisbonne par le Parlement – un coup d’État institutionnel, gravé dans le marbre européen.

À cet égard, la grossièreté de Karl Olive, député Renaissance, qui justifiait sa présence au rassemblement par « l’amitié » (« On va me le reprocher, mais je les emmerde, et bien comme il faut »), mérite une réplique sarkozyste « Casse-toi, pov’ con ! » me souffle un lecteur de France-Soir.

Mais la palme du cynisme ne revient-elle pas au principal intéressé ? Voici ce que Nicolas Sarkozy a publié ce matin, en commentaire de son incarcération : « Au moment où je m’apprête à franchir les murs de la prison de La Santé, mes pensées vont vers les Françaises et les Français de toutes conditions et de toutes opinions. Je veux leur dire avec la force inébranlable qui est la mienne que ce n’est pas un ancien Président de la République qu’on enferme ce matin : c’est un innocent. Je continuerai à dénoncer ce scandale judiciaire, ce chemin de croix que je subis depuis plus de 10 ans. Voilà donc une affaire de financement illégal sans la moindre irrégularité ! Une instruction judiciaire au long cours lancée sur la base d’un document dont la fausseté est désormais établie. Je ne demande aucun avantage, aucune faveur. Je ne suis pas à plaindre, car ma voix porte. Je ne suis pas à plaindre parce que ma femme et mes enfants sont à mes côtés, et mes amis sont innombrables. Mais ce matin, j’éprouve une peine profonde pour la France qui se trouve humiliée par l’expression d’une vengeance qui a porté la haine à un niveau inégalé. Je n’ai pas de doute. La vérité triomphera. Mais le prix à payer aura été écrasant… NS »

Loué par ses collègues LR, Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas contribué à ronger la souveraineté française – humiliation économique et militaire imposée aux États-Unis via le retour dans l’OTAN en 2007 ? N’est-ce pas là le comble du cynisme, d’être posé en martyr alors qu’on a piétiné la volonté du peuple ?N’est-ce pas se moquer du monde et prendre les Français pour des idiots ? Et en Libye, en 2011 ? La haine n’a-t-elle pas été attisée, de manière dévastatrice, semant le chaos au nom d’intérêts géopolitiques ?

Mais au-delà du spectacle judiciaire dont l’appel reste à venir pour déterminer si Nicolas Sarkozy est réellement coupable ou non, quel est le scénario de cette pièce politico-médiatique ? Tout parait calculé, y compris la victimisation qui le pare en bouc émissaire d’une « cabale ». Un indice : Laurence Sailliet, ex-eurodéputée LR, au rassemblement : « Je voulais apporter mon soutien et mon amitié à Nicolas Sarkozy. C’est ce que ressentent des millions de Français. » Et ceci, sans prendre en considération, l’avis des Français : dans un sondage MIS Group pour France-Soir/BonSens.org, 31 % des Français estiment que la condamnation de Nicolas Sarkozy est injuste, et 52 % la pensent légitime.

Sodnage

Alors oui, l’objectif est clair. Transformer la peine en suffrage, et cette fois sans demander l’avis aux Français, à la différence du référendum de 2005 ! Faire de celui qui a enfermé les Français en ne respectant pas le référendum en 2006, en un martyr aujourd’hui. Serait-ce pour en faire le sauveur demain, en 2027 ? Après les dix ans d’Emmanuel Macron – ce « projet » qui aura achevé de fracturer la France –, Nicolas Sarkozy sera-t-il intronisé « unificateur de la droite républicaine », rempart contre un RN diabolisé comme chemin vers la guerre civile ? Un RN qui se sabordera lui-même, comme toujours, pour lui livrer la victoire. Et, il ressuscitera le slogan macronien « C’est soit moi, soit le chaos ! »

Pire encore : ce retour paverait-il la voie à l’étape finale du « projet » ? Une destruction matérielle du pays, consistant en une guerre contre la Russie, livrée par l’OTAN (où Nicolas Sarkozy nous a replongés en 2007) et une Union Européenne belliqueuse, qui pourrait être pilotée d’ici 2027 par un Emmanuel Macron président de la Commission – successeur d’Ursula von der Leyen, placée là pour préparer le terrain. D’où la mise en place du plan REARM par von der Leyen et la proposition de mutualisation de l’arme nucléaire française au grand dam des militaires ayant le respect des engagements et des armes ainsi que la connaissance du Traité de non-prolifération dont Macron s’affranchit aisément comme de la Constitution.

Un frisson plus glaçant : verra-t-on prendre place des échos troublants entre le parcours judiciaire de Nicolas Sarkozy – VIP en prison, libération rapide pour « bonne conduite », livre à venir pendant la détention – et de celui, qui écrivit Mein Kampf en cellule après son putsch raté ? Ironie du sort : le « putsch » de Nicolas Sarkozy en 2008 (Lisbonne), lui, a réussi. Et Emmanuel Macron ? Il n’intervient pas, feignant la neutralité pour parfaire la mise en scène. Vendredi, à l’Élysée, ce n’était pas une visite : c’étaient des instructions. Nicolas Sarkozy, le marionnettiste ? L’hypothèse, autrefois farfelue, gagne en vraisemblance.

Bientôt, la Cour d’appel tranchera sur sa remise en liberté (demande déposée aujourd’hui en invoquant son âge). Si refusée, ce sera la preuve : cette victimisation n’est qu’un acte du grand théâtre du « projet ».

L’avenir s’annonce sombre. Noir.

Heureusement que, dans ce théâtre sombre, Patrick Balkany est là pour nous faire rigoler en donnant des conseils à Nicolas Sarkozy pour son temps en prison. Cela afin de contraster avec les vérités morbides dont j’ai dû vous faire état ici. Car comme journaliste, lié par la Charte de Munich, je vous dois la vérité – aussi amère et inquiétante soit-elle.

 

PS : j’ajoute ce dessin partagé par un lecteur, montrant en somme un Nicolas Sarkozy Président ah doc d’une séance de l’Assemblée nationale, justement composée de politiciens style Patrick Balkany, Jérôme Cahuzac, Claude Guéant, Léon Bertrand, Alain Carignon, Pierre Botton & Cie.

Casier





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