Du multilatéralisme au règne de la brutalité, par Anne-Cécile Robert & Christophe Ventura (Le Monde diplomatique, octobre 2025)


Il y a quatre-vingts ans, la création de l’Organisation des Nations unies

C’est une Organisation des Nations unies (ONU) affaiblie qui célèbre son 80e anniversaire. « L’ONU ne règle pas les problèmes (…), elle en crée de nouveaux que nous devons résoudre », tançait M. Donald Trump devant son Assemblée générale, le 22 septembre. Confrontée au désengagement des États-Unis et aux désordres d’un monde chaque jour plus menaçant, l’institution doit se réinventer.

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Chemu Ng’ok. — « Strategy », 2016

© Chemu Ng’ok, photographie : Silvia Ros – Courtesy de l’artiste et de Central Fine, Miami

Soixante et un conflits impliquent trente-six États dans le monde, du jamais-vu depuis 1945. Le champ des relations internationales poursuit sa fragmentation, tandis que son architecture institutionnelle, bâtie sur les décombres de la seconde guerre mondiale, ploie sous l’effet de plusieurs dynamiques combinées. Dépositaire de la sécurité internationale et du « respect des obligations [des États] nées des traités et autres sources du droit international », selon le préambule de sa Charte, l’Organisation des Nations unies (ONU) ne parvient pas à enrayer la prolifération guerrière et le recours de plus en plus débridé à la force, sans aucune règle ni précaution. Plusieurs équipées sauvages de Tel-Aviv et Washington l’ont encore montré récemment : « guerre des douze jours » lancée par Israël contre l’Iran (13-24 juin 2025), bombardements américains des sites nucléaires de Fordo, Ispahan et Natanz en juin 2025 puis israélien du Qatar en septembre 2025, mobilisation de l’arsenal militaire de Washington dans la Caraïbe face au Venezuela au nom de la lutte antidrogue. Surtout, l’ONU est impuissante à arrêter l’agression russe de l’Ukraine et les crimes contre l’humanité à Gaza.

Un fardeau coûteux

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Donald Trump poursuit une stratégie globale visant à dégager les États-Unis du système d’alliances qu’ils ont dirigé pendant quatre-vingts ans. L’ordre libéral est désormais considéré par Washington comme un fardeau coûteux et une entrave à la liberté d’action des États-Unis, confrontés à la montée en puissance de la Chine, au retour de la Russie dans le jeu international après l’effacement des années 1990, et à l’affirmation, sans unité constante, des pays émergents. M. Trump estime que son pays fait mieux seul pour régler les affaires du monde qu’avec ses alliés, notamment européens, qu’il se délecte de ridiculiser et de réprimander. Il choisit donc de ne plus payer certaines contributions au budget de l’ONU et de pratiquer des coupes (…)

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