Depuis quelques années, le collectif NoFakeMed s’est imposé comme une sorte de garde-frontière autoproclamé de la « vraie » science. Né en 2018 après la célèbre tribune anti-homéopathie, il milite contre les médecines dites « non-fondées scientifiquement ». Son président, le Dr Pierre de Bremond d’Ars, médecin généraliste, incarne ce courant militant qui se veut garant de la rigueur et du rationalisme médical.
En 2019, l’Ordre des médecins devait sanctionner plusieurs signataires de cette tribune anti-homéopathie pour non-confraternité : un rappel à la déontologie jugé nécessaire face au ton méprisant de certains passages visant les praticiens homéopathes.
Une décision rare, et néanmoins symbolique.
À cette époque pré-Covid, l’Ordre des médecins savait encore raison garder, traitant les affaires disciplinaires avec prudence. Mais c’était sans compter le passage par la pandémie, confortant la montée en puissance du collectif NoFakeMed et l’emprise croissante d’une doxa scientifique devenue morale d’État, faisant tourner le vent de l’Ordre.
Désormais les NoFakeMed se sentent pousser des ailes au point que le Dr Pierre de Bremond d’Ars vient d’annoncer que le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Nord allait former des pourvois en cassation devant le Conseil d’État pour trois médecins condamnés.
Une réaction qui illustre bien le paradoxe. Ceux qui, depuis des années, réclament des sanctions contre les confrères accusés de charlatanisme, supportent mal d’être eux-mêmes rappelés à la règle.
Pourtant, l’Ordre n’a pas puni leurs opinions scientifiques — il a simplement rappelé que la confraternité et le respect faisaient aussi partie du métier de médecin.
En contestant ces décisions, les NoFakeMed confirment la volonté de domination d’un groupe qui pense incarner la raison, et dont la parole serait au-dessus de toute critique. Mais le rappel de l’Ordre est clair : nul n’est au-dessus des règles déontologiques, pas même ceux qui prétendent les défendre au nom de la science.