Le parquet général de Paris a fait appel lundi du non-lieu prononcé en faveur d’une journaliste, co-autrice d’articles du média Disclose évoquant des dérives de la coopération militaire franco-égyptienne, afin que la cour d’appel puisse se prononcer sur « les questions de droit », a-t-il indiqué vendredi, sollicité par l’AFP.
Une juge d’instruction parisienne a ordonné le 9 octobre un procès pour compromission du secret de la défense nationale contre un ingénieur militaire qu’elle présente comme la source de Disclose, et qui conteste toute infraction.
Elle a en revanche prononcé un non-lieu pour la journaliste, estimant que les articles qu’elle a co-signés sont « d’intérêt général, intéressant le public et le débat démocratique ».
Le parquet de Paris n’avait pas non plus demandé de procès pour la journaliste.
Sollicité pour connaître les raisons pour lesquelles il a fait appel, le parquet général a répondu à l’AFP que cela « porte sur le non-lieu prononcé à l’égard d’Ariane Lavrilleux ».
Il « estime nécessaire que la chambre de l’instruction, en tant que second degré de juridiction, puisse se prononcer sur les questions de droit soulevées par ce dossier, et notamment les enjeux en termes de conciliation de la liberté de la presse et du respect du secret de la défense nationale », a-t-il précisé.
Cet appel « est en totale contradiction avec la position adoptée pendant l’instruction », a déploré Me Christophe Bigot, avocat de la journaliste.
« Le parquet n’avait en effet pas sollicité la mise en examen de Mme Lavrilleux qui est sous statut de témoin assisté, et avait requis un non-lieu à son égard faute de charges suffisantes. Cet acharnement est incompréhensible et choquant », a dénoncé Me Bigot.
Les investigations se sont penchées sur plusieurs articles publiés par Disclose depuis 2019, relatifs aux ventes d’armes françaises à l’étranger, mais aussi sur l’opération « Sirli », une mission de renseignement française en Egypte que ce pays aurait détournée pour cibler et tuer des opposants.
Après des plaintes contre X du ministère des Armées, une instruction a été ouverte en juillet 2022.
L’ingénieur militaire a été mis en examen en septembre 2023 et placé sous contrôle judiciaire.
Perquisitionnée et placée en garde à vue le même mois, Ariane Lavrilleux avait échappé à une mise en examen début 2025… Mais finalement ce n’est pas comme cela qu’on l’entend en haut lieu.
Informer doit définitivement devenir un délit punissable.