Vous avez dit cyberharcèlement ? le témoignage contrasté de Tiphaine Auzière au « procès Brigitte Macron »


Tribunal judiciaire de Paris, 2ᵉ journée d’audience – Alors que plusieurs avocats de la défense s’opposaient à la citation de Tiphaine Auzière, arguant qu’elle avait été faite hors délai, il y a moins d’une semaine, et que ce retard les avait empêchés de se préparer, le président a finalement décidé d’autoriser ce témoignage. Ce mardi après-midi, à 15h10, Tiphaine Auzière, est donc appelée à la barre pour témoigner dans le procès intenté par sa mère Brigitte Macron, contre dix internautes accusés de cyberharcèlement. L’audience, très attendue, a apporté quelques éclaircissements… ainsi que de nouvelles interrogations.

Un témoignage sous le signe de l’émotion familiale

Calme mais semblant affectée, Tiphaine Auzière décrit une mère « extrêmement éprouvée » par les rumeurs qui l’accablent depuis plusieurs années. Elle évoque « une dégradation des conditions de vie » de Brigitte Macron, contrainte de surveiller son apparence et son comportement en permanence. « Il n’y a plus une semaine où l’on ne parle pas des faits, même de manière bienveillante », déclare-t-elle, soulignant que « ce qui est extrêmement difficile à vivre pour elle, c’est les répercussions sur ses enfants et petits-enfants, dont le dernier a 10 ans ».

C’est sous les questions de l’avocat d’Aurélien Poirson-Atlan (Zoé Sagan), qu’émerge l’un des points saillants du témoignage : selon Tiphaine Auzière, les troubles de sa mère remonteraient à « deux à trois ans, voire plus », soit une période antérieure aux tweets pour lesquels les dix prévenus sont poursuivis. Une précision qui fragilisera, en creux, le lien direct entre les publications litigieuses et une souffrance invoquée par la partie civile.

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Et toujours, l’oncle Jean-Michel Trogneux au cœur du débat

Interrogée sur la figure controversée de son oncle, Jean-Michel Trogneux — au centre de différentes théories affirmant qu’il serait en réalité Brigitte Macron —, Tiphaine Auzière se montre brève mais toutefois catégorique : « Il va très bien, je l’ai eu il y a quelques mois », affirme-t-elle. Lorsque l’avocat de la défense lui rappelle que Marlène Schiappa a publiquement évoqué la mort de cet oncle, la fille de la « Première dame » rétorque que « Mme Schiappa ne le connaît pas et parle de quelque chose qu’elle ignore. » À la question de savoir s’il est bien en vie, Auzière répond simplement « Il était très en forme il y a quelques mois. » Rien de plus. Le tribunal n’en apprendra pas davantage.

Des tweets triés sur le volet : une sélection mystérieuse

Autre passage marquant de son audition : la question du choix des dix internautes poursuivis.
Les tweets retenus, explique-t-elle, « sont vus dans un cadre professionnel », c’est-à-dire remontés par les services compétents. Mais lorsqu’on lui demande si sa mère, Brigitte Macron, a vu tous les tweets de ces personnes, Auzière répond qu’elle « ne peut pas confirmer ».
De quoi s’interroger sur le processus de sélection : pourquoi ces dix comptes et pas d’autres, alors que des milliers de messages circulaient ? Et surtout, par qui cette sélection a-t-elle été faite ? Le flou demeure.

Paparazzade et mise en scène : le “retour du berger à la bergère” ?

La fin de l’audience se tournera vers la question de la médiatisation du couple présidentiel. L’avocat de la défense a évoqué le rôle de Mimi Marchand, figure bien connue de la presse people, dans l’organisation de séances photo orchestrées — les fameuses « paparazzades » dans Paris Match et consort — et à des fins de communication.
Tiphaine Auzière s’en défend : « Ils n’ont jamais sollicité personne pour faire ces photos », insiste-t-elle.
Mais la défense évoque des « médiatisations outrancières à des fins électorales », sous-entendant un certain retour du berger à la bergère : difficile d’invoquer un préjudice d’image quand on a soi-même cultivé la mise en scène.

Ironie du sort, la sœur de Tiphaine Auzière avait elle-même publié une photo en maillot de bain, devenue virale avec plus de vingt millions de vues. Un cliché qui avait, selon la famille, fait l’objet d’un « détournement d’image ». Une séquence médiatique qui, pour certains observateurs, illustre parfaitement la frontière trouble entre exposition choisie et atteinte à la vie privée.

Entre émotion sincère et contradictions

Ce témoignage, censé éclairer la souffrance de Brigitte Macron, a surtout révélé la complexité du dossier : une souffrance réelle, sans doute, mais aussi un entrelacs de communication, de gestion de l’image et d’opérations médiatiques.
En filigrane, une question demeure : dans cette affaire de rumeurs numériques, qui est vraiment victime de qui ?





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