Australie : Le régulateur de la concurrence poursuit Microsoft pour pratique commerciale “trompeuse”


Les problèmes s’accumulent pour le géant Microsoft et sa suite de solutions bureautiques Office. Déjà confrontée à un abandon de ses logiciels en Europe par certaines entreprises ou institutions pour des questions de souveraineté numérique, Microsoft risque de surcroît une lourde amende en Australie, où le régulateur de la concurrence a lancé des poursuites pour “offre trompeuse” concernant l’assistant IA, CoPilot.

Environ 2,7 millions d’utilisateurs australiens sont concernés par cette “tromperie”. Selon le régulateur australien de la concurrence, la société américaine a sciemment dissimulé une offre classique de sa suite bureautique Office, imposant aux consommateurs de renouveler, automatiquement dans certains cas, avec une offre plus chère incluant CoPilot, un assistant fonctionnant avec l’intelligence artificielle et qui aide l’utilisateur pour des recherches ou des tâches textuelles, ou résilier. 

Une pratique “classique” des GAFAM

Or, une troisième alternative existait bien, à savoir le renouvellement de l’offre “Classique” avec la même tarification et sans CoPilot. Toutefois, celle-ci était dissimulée et n’était proposée que lorsque l’utilisateur entamait une procédure de résiliation. 

Selon la patronne du régulateur australien, Gina Cas-Gottlieb, la plainte a été déposée à la Cour fédérale contre Microsoft Australia et sa maison mère Microsoft Corp. “Nous alléguerons au tribunal que Microsoft a délibérément omis la référence aux plans ’Classique’ dans ses communications et dissimulé leur existence jusqu’à ce que les abonnés entament la procédure d’annulation, afin d’augmenter le nombre de consommateurs des plans plus chers intégrant Copilot”, explique-t-elle.

“Les applications Microsoft Office inclues dans les abonnements 365 sont essentielles dans la vie de beaucoup de gens, et comme il existe peu d’alternatives à l’offre groupée, annuler l’abonnement est une décision que beaucoup ne prendraient pas à la légère”, a-t-elle ajouté.

Le géant américain procède de la sorte depuis un an, soit le 31 octobre 2024. L’Autorité australienne de la concurrence explique que les abonnements incluant CoPilot sont 29 à 45 % plus chers que l’offre dite “Classique”. Microsoft pourrait risquer une amende de 30 millions de dollars.

Cette pratique trompeuse par la société rappelle celles déjà adoptées par les autres membres des GAFAM, comme Meta, Amazon ou Google. Par ailleurs, Microsoft a déjà été visée par des procédures et enquêtes des autorités australiennes pour ses pratiques commerciales et la gestion des contenus illicites. En août 2025, la commissaire australienne à la sécurité en ligne a publiquement accusé Microsoft, ainsi que d’autres géants du web, de ne pas prendre suffisamment au sérieux la protection des mineurs contre les contenus pédopornographiques et les violences en ligne.

Microsoft de plus en plus décriée

Ces poursuites en Australie contre la société cofondée par le sulfureux Bill Gates interviennent au moment où une partie croissante du secteur public et certaines grandes entreprises européennes entreprennent une transition significative pour se défaire de Microsoft Office et de ses services associés, au profit de solutions open source ou de fournisseurs locaux. Ce mouvement est avant tout motivé par des préoccupations de souveraineté numérique, de respect du RGPD et de réduction de la dépendance aux fournisseurs non européens. 

À titre d’exemple, le Danemark a récemment lancé un vaste chantier de migration : le ministère du Numérique a pris la décision de basculer officiellement de Microsoft Office 365 vers LibreOffice, avec l’objectif affiché de ne pas fonder l’infrastructure publique sur des technologies d’un seul acteur étranger. Cette initiative vise à diminuer le risque lié à la géopolitique et à l’application extraterritoriale de lois américaines, comme lorsque la Cour pénale internationale s’est vue coupée d’un accès Microsoft pour des raisons politiques.

L’Allemagne constitue l’autre exemple phare de cette vague. Le Land du Schleswig-Holstein, après plusieurs années de préparation, a entièrement migré ses 30 000 agents, ainsi que plus de 40 000 boîtes de messagerie, d’Exchange et Outlook vers des solutions ouvertes comme Open-Xchange et Thunderbird. Cette stratégie d’indépendance concerne aussi la bureautique classique, puisque LibreOffice remplace Office comme outil de base de production documentaire. Le ministre régional de la Numérisation, Dirk Schrödter, a présenté ce projet comme une première mondiale, destinée à servir de référence à d’autres administrations.

Au niveau européen, la Commission elle-même a engagé une réflexion sur la migration de ses outils cloud et collaboratifs, notamment en échangeant avec OVHcloud dans l’optique de quitter Microsoft Azure et Microsoft 365. Cette évolution a été accélérée à la suite des alertes du Contrôleur européen de la protection des données, qui a pointé des violations du RGPD et la dépendance trop forte à l’égard d’un fournisseur soumis au Cloud Act américain. On retrouve des choix similaires dans plusieurs collectivités et institutions, universitaires notamment, françaises.





Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *