Ménopause : réhabiliter les traitements hormonaux, à quel prix ?


Vingt ans après leur déclin, les traitements hormonaux de la ménopause (THM) refont surface dans le débat public. Ces thérapies, destinées à soulager les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil ou la fragilité osseuse, avaient été massivement abandonnées au début des années 2000, après la démonstration de leur lien direct avec une hausse des cancers du sein et des accidents cardiovasculaires.

Or, comme le révèle une enquête de Reporterre, une campagne de réhabilitation se déploie depuis deux ans, soutenue par certains « médecins », laboratoires pharmaceutiques et responsables politiques (ndlr : étonnant, il faudra les suivre ceux là, seraient-ils devenus des professionnels de la santé spécialisés dans la recherche hormonale ?). Le président Emmanuel Macron lui-même a appelé à revoir la position de la Haute Autorité de Santé (HAS), jugée « trop prudente ». 

Des risques connus mais minimisés

Les études scientifiques — notamment l’étude française E3N, menée sur plus de 100 000 femmes — montrent que le risque de cancer du sein apparait après cinq ans de traitement, chez des femmes sans antécédent de cancer. Ce dernier augmente de 30 % avant dix ans de traitement et plus au-delà.
Les chercheurs alertent également sur une hausse des cancers de l’endomètre et des ovaires, ainsi que sur des risques cardiovasculaires (AVC, thromboses).

Malgré ces données, certains praticiens défendent un retour des THM, avançant que les « bénéfices sont supérieurs aux risques » pour des traitements courts et faiblement dosés. Mais pour de nombreux épidémiologistes, ce discours minimise les dangers documentés et brouille le message de prévention. 

« Le discours pro-THM s’éloigne des données scientifiques et exagère les bénéfices tout en sous-estimant les risques », rappelle la chercheuse Agnès Fournier, de l’Institut Gustave Roussy, citée par Reporterre.

Entre souffrance et intérêts économiques, le voile du « conflit » est souvent fin 

Des liens financiers étroits existent entre certaines figures du monde médical et les laboratoires producteurs de traitements hormonaux de la ménopause, tels que Theramex ou Besins Healthcare. Ces partenariats — conférences rémunérées, études financées, déplacements pris en charge — alimentent le soupçon de conflits d’intérêts susceptibles d’influencer le discours public sur la ménopause et les choix thérapeutiques proposés aux femmes.

Derrière un discours empreint d’empathie envers la souffrance féminine, se profile également une re-médicalisation croissante de la ménopause, une nouvelle manne potentielle pour l’industrie pharmaceutique. Chaque femme passant par cette phase, près d’un individu sur deux sera concerné.
La reprise massive des prescriptions de traitements hormonaux pourrait en effet représenter un marché de plusieurs centaines de millions d’euros, bien loin d’une approche centrée sur la santé globale et le respect du corps féminin.

Des alternatives naturelles et une approche globale

Face à ces constats, il est utile de rappeler le devoir des médecins d’informer clairement les femmes sur les risques avérés des THM — notamment le cancer du sein — et d’aussi proposer les solutions alternatives disponibles lorsque cela est possible.

Face aux inconforts de la ménopause, de nombreuses femmes se tournent vers des solutions plus naturelles. La phytothérapie reste l’une des approches les plus utilisées, avec des plantes comme la sauge, le houblon, le gattilier ou l’actée à grappes noires, reconnues pour atténuer les bouffées de chaleur et les troubles hormonaux. Une alimentation riche en phytoestrogènes — présents notamment dans le soja, le lin ou les lentilles — contribue également à rééquilibrer le métabolisme.
L’activité physique régulière joue un rôle clé pour préserver la densité osseuse et le moral, tandis que des pratiques de relaxation comme la méditation, la sophrologie ou le yoga hormonal aident à mieux vivre cette transition.

D’autres approches alternatives séduisent de plus en plus : acupuncture pour rétablir l’équilibre énergétique, aromathérapie avec des huiles essentielles de sauge sclarée, de géranium ou de cyprès, ou encore homéopathie et gemmothérapie à base de framboisier ou d’airelle. Certains compléments — oméga-3, vitamine D, magnésium ou pollen — soutiennent l’équilibre hormonal et osseux. Enfin, la respiration consciente, la cohérence cardiaque ou les thérapies cognitivo-comportementales offrent des outils efficaces pour mieux gérer ce stress, les sueurs nocturnes et les troubles du sommeil.

Si ces méthodes n’agissent pas aussi rapidement qu’un médicament, elles respectent bien mieux le corps et peuvent soulager efficacement les symptômes sans les effets secondaires et les risques avérés des traitements hormonaux.

La ménopause n’est pas une maladie, mais une étape naturelle de la vie des femmes.
Certes les THM peuvent être utiles dans certains cas sévères, mais leur prescription doit rester exceptionnelle, courte et strictement surveillée. Quant au rôle éthique des médecins prescripteurs, il est essentiel : informer, prévenir et accompagner les femmes avec transparence, sans céder aux pressions économiques ni à la médicalisation abusive du corps féminin.

 Primum non nocere !





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