Et le gagnant est… Benyamin Netanyahou, par Gilbert Achcar (Le Monde diplomatique, novembre 2025)


La bande de Gaza sous tutelle américaine

Déploiement d’une force intérimaire sous l’égide des États-Unis, retour d’une Autorité palestinienne « réformée », projets de mise en valeur économique : l’accord forgé pour Gaza par l’administration Trump suscite une impression de déjà-vu. Présenté par la Maison Blanche et ses relais comme un succès diplomatique exceptionnel, il sert d’abord la partie israélienne, et laisse bien des questions en suspens.

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Mohammed Joha. – « Where Shall We Go ? #2 » (Où pouvons-nous aller ? n° 2), 2024

© Mohammed Joha

Même pour le roi de l’emphase qu’est M. Donald Trump, l’affirmation selon laquelle son « accord de paix » pour Gaza serait de nature à établir une « paix éternelle » au Proche-Orient est particulièrement extravagante. Le contraste est, en effet, extrême entre cette prétention à l’éternité et le « plan de paix » le plus bâclé de l’histoire du conflit israélo-arabe. Le document en vingt points annoncé par M. Trump à la Maison Blanche le 29 septembre dernier, en présence du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, laisse en suspens des questions cruciales. Son seul volet concret porte sur la libération des vingt otages israéliens encore en vie détenus par le Hamas et ses alliés en échange de la libération par Israël de 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité, et de 1 700 Gazaouis arrêtés après le 7 octobre 2023 et détenus depuis lors sans inculpation, autrement dit en tant qu’otages eux aussi.

Outre cet échange, le plan ressasse des éléments qui sont en cours de discussion depuis les premiers mois de la guerre dans l’enclave palestinienne : l’élimination militaire et politique du Hamas ; la perspective d’un retrait — partiel, graduel et conditionnel — des troupes israéliennes ; la mise des Gazaouis sous la coupe d’une Autorité palestinienne « réformée » (« revitalisée », avait dit M. Joseph Biden alors qu’il était encore président), après un contrôle intérimaire exercé par une force internationale principalement composée de troupes régionales. Les nouveautés dans le plan de M. Trump relèvent sans surprise de desseins qui lui sont propres : peu après sa seconde investiture, le président américain — guidé par l’instinct de promoteur immobilier qui imprègne fortement sa politique étrangère — avait exprimé son désir de s’approprier la bande de terre afin d’en faire une « Riviera ».

Renouveau des mandats coloniaux

En vertu du nouveau plan, Gaza devrait être placée sous la tutelle d’un « conseil de (…)

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Gilbert Achcar

Professeur émérite à l’École des études orientales et africaines (SOAS), université de Londres. Auteur de Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l’histoire mondiale, La Dispute, Paris, 2025.



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