Accord UE-Mercosur : Macron se dit “positif” devant la possibilité d’une signature de l’accord, la Coordination rurale dénonce une “trahison”


À Belém, au Brésil, le président Emmanuel Macron s’est dit “plutôt positif” quant à la possibilité que la France accepte l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur. La déclaration a suscité l’indignation des syndicats agricoles en France, notamment la Coordination rurale (CR), que les justifications du chef de l’État n’ont pas réussi à calmer.

L’accord UE-Mercosur, conclu en décembre 2024 après vingt-cinq ans de négociations entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), vise à supprimer la plupart des droits de douane et à créer un immense marché commun de plus de 700 millions de consommateurs. Présenté par Ursula von der Leyen comme un partenariat économique historique, le texte suscite pourtant de fortes oppositions politiques et sociales.  

La Coordination rurale dénonce une “trahison”

Sa ratification, engagée par la Commission en 2025, se heurte aux réticences d’États membres comme la France ou l’Autriche, qui dénoncent des déséquilibres au détriment de l’agriculture européenne. Des syndicats agricoles et des ONG fustigent un “agricide”, tandis qu’un groupe d’eurodéputés envisage même de saisir la Cour de justice de l’UE. 

Dans l’Hexagone, où les syndicats ont multiplié les manifestations pendant des mois, Emmanuel Macron avait auparavant affirmé à plusieurs reprises que cet accord n’était “pas acceptable en l’état”. La semaine dernière, le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, avait alors expliqué que “toute signature de l’accord” est étroitement liée à la signature, par les pays latino-américains, de “la clause de sauvegarde”, censée protéger les secteurs agricoles.

Mais la position de Paris a visiblement changé, à se référer à la déclaration du président français. En marge du sommet des chefs d’États qui précède la COP30 à Belèm au Brésil, Emmanuel Macron a déclaré être “plutôt positif ». “Mais je reste vigilant parce que je défends aussi les intérêts de la France et nous continuons à nous battre”, a-t-il affirmé. 

“Nous avons été entendus par la Commission, qui non seulement nous a donné une réponse positive sur les clauses de sauvegarde, mais a souhaité aussi apporter des soutiens en particulier au secteur de l’élevage, apporter aussi un renforcement des protections de notre marché intérieur avec un renforcement de notre union douanière”, a renchéri Emmanuel Macron. Le chef de l’État explique que, la Commission européenne va mener dans “les semaines qui viennent” un “travail” avec le Mercosur “pour que ces clauses soient acceptées”.

Sa déclaration est très mal passée auprès des syndicats. Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, a rappelé que “le Mercosur, c’est la mort de l’agriculture” et dénonce une “trahison” de la part du chef de l’État. “Il nous avait dit, la main sur le cœur, au Salon de l’agriculture, qu’il s’opposerait à cet accord. C’était sa responsabilité d’aller chercher le soutien des autres États membres pour trouver une minorité de blocage. On est plus qu’en colère”, a ajouté un des porte-paroles de la CR, Stéphane Galais.

Macron se justifie, sa ministre tempère

La FNSEA a de son côté dénoncé ”un reniement total” et “une rupture avec l’agriculture française”. Même la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, reconnaît que les garanties obtenues par Paris ne sont pas encore solides. “Les lignes rouges de la France sont connues depuis le départ (…) Et aujourd’hui, même s’il y a des avancées, le compte n’y est pas”, a-t-elle déclaré dans un post X.

Interrogé par les journalistes, le chef de l’État s’est justifié. “J’ai été cohérent depuis le début. J’ai dit qu’en l’état, il n’était pas acceptable, c’est pour ça que je vous dis qu’il est en train d’être changé. Et donc si ces clauses sont bien mises en œuvre, qui n’existaient pas dans l’accord, à ce moment-là nous considérons que cet accord peut être acceptable”, a-t-il expliqué. 

Ces clauses de sauvegarde sont supposées garantir une augmentation temporaire des droits de douane sur les produits agricoles importés des pays du Mercosur, en cas de préjudices pour l’agriculture européenne.

La position des États membres de l’UE reste profondément divisée sur l’accord UE-Mercosur. Cette fracture empêche l’émergence d’une majorité claire au Conseil, tandis que le Parlement européen demeure majoritairement hostile au texte en l’état, plusieurs eurodéputés envisageant même d’en saisir la Cour de justice de l’UE, ce qui retarde encore toute perspective de ratification.





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